DIVERSITÉ : Un technicien chinois explique une expérience à des chercheurs africains
Le gouvernement chinois coopère actuellement avec l'Éthiopie dans beaucoup de domaines tels que le commerce, les technologies de l'information et la construction. J'espère que leur coopération s'étendra au maintien de la biodiversité en Éthiopie », a confié à CHINAFRIQUE Hirut Assaye Cherie, professeur à l'université d'Addis-Abeba.
Cherie s'est rendue en Chine en avril dernier afin de participer à un stage intitulé « East African Biodiversity and Conservation Biology Training Course », organisé par le Jardin botanique de Wuhan (capitale du Hubei, centre de la Chine), lui-même rattaché à l'Académie des sciences de Chine (CAS). Cette formation de deux semaines a réuni 22 professeurs d'université de six pays africains, à savoir le Kenya, la Tanzanie, l'Éthiopie, la Zambie, le Rwanda et le Malawi.
Pour la formation des talents africains
Ce stage a été organisé dans le cadre d'un programme de coopération sino-africain baptisé « Biodiversity Conservation Studies in the East African Flora », lancé en mai 2010 par le Jardin botanique de Wuhan (WBG) et l'Université d'agriculture et de technologie Jomo Kenyatta (JKUAT), au Kenya. L'un des objectifs du programme est de former du personnel qualifié dans le domaine de la recherche fondamentale en biodiversité dans les pays africains.
Par le biais de cours théoriques et d'expérimentations en laboratoire, la formation organisée en avril dernier a permis aux chercheurs africains de suivre des cours relatifs à la conservation de la biodiversité, à la biologie moléculaire végétale, à la biologie des invasions, à l'étude du génome, etc.
Selon le Dr. Liao Kuo du WBG, cette formation a été appréciée de tous les participants africains. Elle a permis à certains d'entre eux d'utiliser pour la première fois des techniques biologiques avancées, telles que la technique de marquage moléculaire et l'analyse de la diversité génétique. Fabien Rizinjirabake, professeur à l'Université nationale du Rwanda, a partagé avec CHINAFRIQUE ses impressions sur les laboratoires du WBG : « J'ai été très surpris par les équipements d'analyse moléculaire que possède le Jardin botanique de Wuhan. Nous avons remarqué qu'ils étaient d'ailleurs tous fabriqués en Chine. C'est un point clé dans le développement des recherches, et votre pays y est déjà parvenu. »
Le génome et la biologie des invasions sont les deux cours qui ont le plus passionné Hirut Assaye Cherie. « Les plantes envahissantes sont devenues une menace majeure pour la biodiversité végétale de l'Éthiopie. Ces cours m'ont donné un aperçu sur la façon de protéger les espèces indigènes du danger que représentent les plantes envahissantes et de maintenir le patrimoine génétique des espèces domestiques », a-t-elle expliqué.
En plus des stages organisés en Chine, la formation du personnel africain pourrait également être menée sur place, dans les pays d'Afrique, lors de missions entreprises par les chercheurs chinois. En janvier 2011, durant la première mission organisée en Afrique, au Kenya, dans le cadre du programme de coopération, les chercheurs chinois ont enseigné, sur place, leur savoir-faire à leurs collègues locaux. Selon le Dr. Liao Kuo, de telles missions et formations sur le terrain de-vraient se multiplier dans d'autres pays et régions d'Afrique.
Par ailleurs, M. Liao nous a précisé qu'il avait d'ores et déjà été décidé de former des étudiants en postdoctorat, ainsi que de jeunes scientifiques africains dans le cadre de ce programme.
Coopération gagnant-gagnant
« Le gouvernement chinois pourrait aider l'Éthiopie à former du personnel dans le domaine de la conservation de la biodiversité et [les chercheurs chinois pourraient] effectuer des recherches en collaboration avec des scientifiques éthiopiens à ce sujet », espère Cherie. Après avoir visité quelques jardins botaniques chinois (le WBG et le Jardin botanique Chenshan de Shanghai) qui l'ont beaucoup impressionné par leur riche collection de plantes représentant des flores de différents écosystèmes, l'idée lui est venue de créer un jardin botanique en Éthiopie. Elle espère que la Chine et l'Éthiopie pourront travailler ensemble à la réalisation de ce projet.
Le Dr. Robert W. Gituru, maître de conférences au sein du département de botanique du JKUAT a fait ses études de doctorat et de post-doctorat à l'université de Wuhan. En avril dernier, il y est retourné pour participer au stage organisé par le Jardin botanique de la ville. Il a déclaré à CHINAFRIQUE qu'il espérait que la Chine continuerait à aider le Kenya à protéger sa biodiversité. « L'économie kenyane dépend dans une large mesure du tourisme et de l'agriculture, deux secteurs pour lesquels la conservation de la biodiversité est essentielle », a-t-il observé.
À l'heure actuelle, la conservation de la biodiversité est devenue une préoccupation à l'échelle mondiale. La coopération sino-africaine existant dans ce domaine ne bénéficie pas uniquement aux pays africains. Le Dr. Wang Qingfeng, professeur au sein du WBG et responsable pour la Chine du programme « Biodiversity Conservation Studies in the East African Flora », s'est rendu plusieurs fois au Kenya, en Afrique du Sud et dans d'autres pays africains pour étudier leurs ressources végétales. Selon lui, l'Afrique possède une flore très riche et la coopération de la Chine avec les pays africains pourrait non seulement aider ces derniers à former un personnel qualifié, mais aussi permettre à la Chine d'élargir la sphère et l'horizon de ses recherches. « De plus, l'expérience et les traditions des pays africains en matière de création de réserves naturelles, d'utilisation et de protection des ressources naturelles pourraient également nous servir de référence », a-t-il ajouté.
« Dans le cadre de notre programme, nous sommes aujourd'hui en train de travailler à la mise en place d'un jardin botanique au Kenya. J'espère que de tels projets de coopération verront le jour dans d'autres pays africains dans le futur », déclare Wang Qingfeng avec espoir. |