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Vol.1 décembre 2011
La science des Écureuils
Le Club de science des Écureuils laisse son empreinte sur la génération fastfood de Chine

 

Peut-on vraiment dormir les yeux ouverts ?

Qu'est-ce qui fait déteindre le rouge au lavage ?

Pourquoi les fils des écouteurs se tordent-il dans les poches ?

 

Ne prenez pas la peine de poser ces questions à vos amis ; demandez plutôt aux Écureuils.

Le Club de science des Écureuils est une communauté internet chinoise fondée par un groupe d'amateurs de science. Au cours des trois dernières années, le club a attiré des masses de jeunes de toute la Chine, déclenchant une sorte de renaissance de la science au pays. Les Écureuils, avec leur vision particulière de la science, assistent à la réalisation de leur devise « Vulgariser la science ».

 

Casser les noix

Le nom du Club des Écureuils vient d'une métaphore. La science est comme une noix, expliquent les membres du club, comestible à l'intérieur mais entourée d'une écale difficile à briser. Et comme les vrais écureuils, ces jeunes scientifiques cassent les dures noix de la science dans tous les domaines.

Au début, quand le club n'était qu'un blog scientifique, il fut reconnu come « un des meilleurs blogs chinois du monde » en 2008. Cette nomination le décrivait comme un blog qui couvrait « tout, des roses aux navettes spatiales, et presque tous les domaines de la science. » C'était une confirmation de ses mé-thodes : des sujets intéressants mais aussi scientifiquement corrects. Depuis, le blog s'est étendu à l'entière communauté. Aucun autre groupe scientifique en Chine n'a attiré autant l'attention de la génération élevée au fastfood et à la musique pop.

« Le plaisir » est l'explication du succès des Écureuils. Les idées discutées sur le site vont de l'universel au plus futile ; parfois bizarres, elles attirent toujours l'attention. L'accent est mis sur la relation entre la science et le quotidien, par exemple comment mener des fréquentations à l'aide des statistiques. Un langage populaire remplace le jargon déroutant pour expliquer des théories scientifiques auparavant incompréhensibles.

Toutefois, la science demeure un projet sérieux. Dans leurs essais, les Écureuils parlent de la vie, de l'amour et de la politique, mais toujours d'un point de vue scientifique. Chaque texte passe par un processus d'examen, de critique et de révision avant d'être publié dans l'internet.

« La précision demeure au sommet de nos exigences », dit You You, rédacteur en chef du club. « Nous donnons nos références à la fin des articles. Normalement, on ne voit des références que dans les articles de recherche, mais nous nous en faisons un devoir nous aussi. »

Les Écureuils vont plus loin que le monde virtuel – le monde réel. Ils offrent des activités comme soirées de cinéma où les gens se réunissent pour voir un documentaire scientifique, lequel est suivi d'une discussion.

On répond aux questions et partage les connaissances – et surtout, on aime cela. D'autres activités consistent en expériences de laboratoire et en visites de centres scientifiques. Ces activités attirent des milliers de personnes ; le nombre d'intéressés dépassent habituellement de beaucoup le maximum que nous pouvons accepter.

Récemment, le club a lancé un programme de formation de reporters scientifiques. Les cours s'adressent aux journalistes scientifiques, mais les enseignants seront aussi invités à y assister.

« Nous essayons d'atteindre une large couverture par nos activités », dit Tian Chen, un Écureuil responsable des opérations du club. « Il est difficile de vulgariser la science, alors nous essayons d'y ajouter quelques aspects attrayants. Nous voulons intégrer la science aux médias et à l'éducation de façon à impliquer davantage de gens. »

 

Les débuts des Écureuils

Ji Shisan, fondateur du Club des Écureuils, a obtenu un PhD. en neurologie en 2007, une tâche qu'il a mis onze ans à réaliser. Mais, depuis longtemps amateur d'écriture, il s'est éloigné de sa future carrière de scientiste et a commencé à écrire comme pigiste dans les rubriques scientifiques de divers médias.  

« La recherche scientifique requiert que l'on plonge en profondeur dans un sujet, tandis que la communication scientifique demande des connaissances étendues. Je pense que je préfère la seconde », dit Ji au sujet de son changement de carrière. 

Quand Ji a décidé d'établir le Club de science des Écureuils, son idée était simple : « Les auteurs d'articles scientifiques travaillent séparément, et je voulais créer une plateforme qui les relierait. »

Ji n'était pas le seul à tenter d'atteindre un équilibre difficile entre la rigoureuse recherche scientifique et le courant de l'accessibilité. Quand il a commencé à envoyer des invitations à des auteurs en 2008, les réponses ont afflué. Depuis, le groupe a grossi à une vitesse étonnante. « Parfois, j'ai l'impression que les gens se cachent derrière une grosse maison », a écrit Ji dans un blog, expliquant le phénomène. « Ils apparaissent de tous les coins quand je les invite à dîner. »

Juzi fut une des premières membres du club. À ce moment-là, elle travaillait à l'obtention d'un PhD. en cytologie aux États-Unis. Elle adhéra au groupe pour passer le temps entre les cours, mais devint bientôt une passionnée de la communauté des Écureuils. Son diplôme obtenu, la scientifique acheta un billet d'avion pour Beijing, laissant derrière elle une décennie de vie passée dans un laboratoire. Le lendemain de son arrivée, elle se rendit tout droit au siège du club et devint une employée permanente.

« Le groupe me donne un sentiment d'appartenance, dit-elle. C'est tout à fait différent de ce que je ressens quand je fais de la recherche. On reçoit toujours des répercussions. On sait qu'on a des lecteurs, et ils aiment ce qu'on écrit. »

Actuellement, le Club de science des Écureuils compte plus de cent membres dans divers pays dont la Chine, les États-Unis et la Grande-Bretagne. La plupart sont des scientifiques de formation. Les Écureuils attirent aussi des étudiants d'université en littérature, et plusieurs étudiants d'école secondaire participent aussi activement.

« Certains croient que seuls les gens spécialisés en science peuvent adhérer, dit You You. En fait, il y a beaucoup d'Écureuils qui étudient le chinois. » Le rédacteur en chef des Écureuils est catégorique en ce qui concerne l'adhésion au club : « L'accès aux connaissances scientifiques n'a rien à voir avec votre spécialité. On peut acquérir ces connaissances en autodidacte ou par la lecture intensive. »

Si les Écureuils diffèrent en âge et en formation, ils partagent pourtant plusieurs passions. Ils aiment tous écrire, communiquer et partager. Ils parlent de façon organisée et rigoureuse – mais insistent pour s'attribuer les uns les autres des surnoms bizarres. « Le mieux, dans l'adhésion au club, est que nous faisons connaissance avec des gens amusants, dit You You, qui voient le monde à leur propre façon. Ils ont élargi mon horizon et changé ma vie. »

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