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SECRET: Se mêler à la foule |
La première question: « Est-ce possible pour un non-Chinois de vivre heureux en Chine ? » La réponse : « Tout à fait ! » Si plusieurs n'y réussissent pas, c'est qu'ils sautent à pieds joints dans une culture très différente de la nôtre – européenne, africaine ou américaine – sans chercher à connaitre le pays d'accueil et à s'y intégrer.
Attention : quand je dis intégrer je ne dis pas assimiler. Nombre d'expatriés qui viennent vivre et travailler en Chine quittent avant l'expiration de leur contrat. Pourquoi ne pas chercher à vivre heureux, plutôt, comme je le suis ?
Dans cette nouvelle chronique, je voudrais partager avec vous mes secrets. J'ai commis bien des erreurs, mais j'ai appris d'elles. Il ne faut pas oublier que « nous » sommes étrangers ici, et qu'il y a une façon chinoise de faire les choses à laquelle « nous » devons adhérer, et non l'inverse.
Pour ce faire, le premier secret consiste à faire tabula rasa de notre culture première et à chercher sans préjugés à découvrir l'autre. Ce qui est différent peut « aussi » être bon, et même meilleur !
Le second est de chercher à apprendre la langue au plus tôt. Qui ne sait pas dire Ni hao !, Duoshao qian ? et Xiexie ? Alors lancez-vous, et utilisez vos mains pour le reste. Les Chinois vous aideront si vous les abordez dans leur langue. N'attendez pas d'être parfait en chinois pour utiliser cette langue. Peu importent les erreurs : il s'agit de commencer.
Mon troisième secret consiste à se mêler à la foule : sortez à pied, en métro ou en bus, allez au marché vous-même plutôt que d'y envoyer votre bonne, et parlez aux gens dans la rue, demandez l'heure ou votre chemin même si ce n'est qu'un prétexte pour établir un contact. Si vous sortez toujours en voiture avec chauffeur, un chauffeur chinois à qui vous donnez une adresse sur un bout de papier, vous vous priverez de la plus belle occasion d'apprendre. Apprendre la Chine.
Il ne fut pas oublier que la modestie est une qualité fondamentale des Chinois. C'est par modestie que les Chinois refusent un compliment, tandis que nous, nous sommes assez fiers de nos exploits et répondons « Merci ! » Il suffit que vous disiez Ni hao ! pour que, le pouce en l'air on vous réponde que « vous parlez très bien chinois! » Si vous savez répondre modestement Nali, nali littéralement (Mais où donc ?), Hai cha de yuan (J'en suis encore loin) ou Nin guojiang le! (Vous exagérez), votre interlocuteur pensera que vous êtes déjà intégré dans la culture chinoise et démontrera la meilleure bonne volonté à votre égard.
C'est encore par modestie que, dans une situation difficile, il faut faire le tour du problème sans attaquer directement. Utilisez des formules comme Qing bangman (Pourriez-vous m'aider s'il vous plait ?), Mafan nin (Pardonnez-moi de vous déranger), ou Ruguo fangbian... (Quand cela vous conviendra). Vous serez alors sincèrement accueilli. Les Chinois ne peuvent résister à ceux qui sont polis mais ignorent ceux qui exigent. Faites perdre la face à un Chinois, vous vous serez fait un ennemi pour la vie.
Enfin, acceptez de suivre patiemment les échelons plutôt que de sauter directement au sommet de la hiérarchie et de demander de parler au grand patron. Ce serait le meilleur moyen de brûler tous les escaliers devant vous.
Or, un diner étant, en Chine, un rituel qui comporte une kyrielle de règles, nous allons donc nous situer autour d'une table pour découvrir quelques éléments de culture chinoise – une clé qui vous servira à ouvrir la porte du bonheur. |