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qipao |
Les habitants de Beijing se sont pressés récemment à une exposition de robes qipao. Mais cette tenue chinoise traditionnelle ne s'expose pas seulement derrière les vitrines des musées, elle continue à être portée par des générations de fashionistas.
Un goût de vintage
La rue Yandaixie est un des plus fameux hutong du centre-ville de Beijing. À l'entrée de cette ruelle, derrière une porte fermée, il y a une petite boutique de tailleur.
La propriétaire de la boutique est Shi Yongxia. Shi s'est installée ici il y a douze ans, et a assisté aux transformations de la discrète ruelle en site touristique plébiscité. Mais Shi préfèrerait que la porte de sa boutique la protège du bruit permanent. Tout ce qu'elle désire est qu'on la laisse seule avec ses qipao.
La qipao, appelée également cheongsam, est une robe moulante faite d'une seule pièce. Son design remonte aux Mandchous qui ont gouverné la Chine pendant la dynastie des Qing, de 1636 à 1911. Mais sa forme moderne, celle qu'on considère généralement en Chine comme « standard », a été mise au point à Shanghai dans les années 1920. De 1920 à la fin des années 1940, c'était la robe la plus populaire dans le pays. Des femmes de toutes les couches sociales, étudiantes, vedettes de cinéma, diplomates, employées de bureau, aimaient s'habiller en qipao.
Avec la fondation de la République populaire de Chine en 1949, les Chinois s'intéressant à la mode ont commencé à adopter l'habillement occidental. Ce changement a entraîné une baisse de popularité de la qipao parmi les femmes chinoises. Ce style et finalement devenu un symbole du passé.
La grand-mère de Shi était couturière. Enfant, Shi l'a regardé confectionner des centaines de qipao, et elle n'oubliera jamais ce souvenir.
« Je revis mon enfance quand je confectionne une qipao », explique Shi. « Heureusement pour moi, j'ai pu voir la vraie qipao que les femmes portaient dans le passé. Ce souvenir est une source d'inspiration permanente. »
Shi continue à apprendre, par envie de recréer les images de son histoire. Elle préfère ses clientes âgées : leurs demandes sont précises et correspondent aux critères classiques. Elle adore également se plonger dans la culture classique, lire des romans et regarder des photographies vieilles de plusieurs décennies.
« Certaines jeunes filles veulent ajouter des éléments modernes à la qipao », explique Shi. « Elle n'aime pas mon style traditionnel, mais je m'en moque. Si vous aimez vraiment la culture traditionnelle, vous aimerez mon travail. »
Qu'elles soient professeurs d'université ou spécialiste de chinois classique, Shi est heureuse et fière de partager un intérêt commun avec elles. Quand elle travaille nuit et jour à perfectionner une robe, elles apprécient son attention au détail et partagent son enthousiasme.
Shi insiste pour que chaque cliente vienne en personne à la boutique. Il est indispensable de prendre 20 minutes pour prendre les mesures. « L'essence de la robe est qu'elle doit suivre les courbes du corps ».
« La couture traditionnelle n'est pas destinée à un marché en gros », explique-t-elle. « Plus vous avez de clients, plus vous devez vous conformez à des exigences différentes. Je veux seulement faire les choses à ma façon, pas à pas ».
Pour Shi, il ne s'agit pas de commerce, mais d'art. La qipao est sa spécialité. Chaque robe doit être parfaite.
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