Les théières zisha

Dans le monde entier, on boit du thé chinois tous les jours et on apprécie les différentes variétés de thé. Mais les seules feuilles ne peuvent rendre compte de ce qu'il y a à connaître de la culture chinoise du thé. Pour devenir un buveur averti, il faut connaître les théières dans lesquelles les feuilles infusent.

Avant même la dynastie des Tang (618-907), les Chinois buvaient du thé dans la même vaisselle que celle utilisée pour les repas. La boisson gagnant en popularité, un service à thé a été créé et amélioré. C'est à la fin de la dynastie Tang qu'est apparue la théière zisha.

La place de la théière zisha dans la cérémonie du thé en Chine est aussi importante maintenant qu'il y a 400 ans. Ce style élégant et simple de faïence semble avoir suivi la trajectoire de la consommation de thé en Chine. À travers les siècles, la préparation du thé a évolué d'une pratique complexe à quelque chose de moins baroque. Aujourd'hui, le terme zisha est synonyme de l'art du thé.

Les amateurs de thé sont sensibles aux subtiles différences de goût et d'arôme qu'émettent les feuilles ébouillantées. Les théières zisha sont indispensables à la poursuite des goûts et des textures du thé.

Un des secrets de la poterie zisha repose dans sa matière première. Le terme lui-même signifie en chinois : « argile de couleur pourpre ». Cette argile est constituée de différents minéraux : le fer qu'elle contient résiste aux hautes températures et enrichit le parfum du thé. Les huiles délicates des feuilles de thé sont également absorbées dans les parois de la théière pour accentuer la qualité et les caractéristiques des prochaines infusions.

La poterie zisha est également connue sous le nom de yixing zisha. Yixing, située dans la partie méridionale de la province du Jiangsu, est le berceau de cette argile. Les théières zisha ont été fabriquées tout d'abord dans les zones montagneuses où reposent des sédiments minéraux vieux de plus de 350 millions d'années.

Après l'extraction de l'argile nue, cette dernière est exposée au soleil, au vent et à la pluie. L'argile de qualité supérieure est burinée pendant plusieurs années avant d'être travaillée. La matière première doit subir des processus lents et répétés avant d'être enfin moulée pour former de la vaisselle.

L'argile zisha possède des caractéristiques uniques. Sa plasticité lui permet de conserver un bon équilibre entre souplesse et fermeté, et elle peut être facilement façonnée en différentes tailles et formes aux motifs distincts. La cohérence de l'argile est importante, même si elle ne colle pas. C'est très important, car les théières zisha sont façonnées en boudins et pressées, et non pas façonnées au tour comme les autres formes de céramique.

Le facteur de rétrécissement de l'argile zisha est très faible. Elle ne perd que 10% de sa taille entre le moulage et le moment où elle sort du four. Cela permet de concevoir des couvercles parfaitement adaptés, qui servent à maintenir l'eau à la température idéale pendant l'infusion.

L'autre secret de la poterie zisha est sa surface doublement poreuse. Les trous microscopiques de l'enveloppe permettent à la théière de s'adapter aux changements brutaux de températures, et permettent au thé de respirer. Cela faire ressortir le parfum, la couleur et le goût des feuilles de thé.

La modernisation a entraîné la mécanisation de ces techniques et a fait entrer les théières de Yixing dans l'ère de la production de masse. Les poteries zisha faites à la machine sont d'un prix plus abordable, mais n'ont rien à voir avec les pièces faites à la main. Une théière zisha de grande qualité doit être fabriquée par un artisan potier et est très chère. La fabrication complexe des théières les rend très populaires auprès des collectionneurs. Mais au contraire des formes d'art élitistes, la théière zisha n'est pas juste un objet de décoration. C'est la compagne indispensable du thé ; elle doit donc être appréciée pour son utilisation.