UN REFUGE : Pour les femmes occupées,le salon permet de trouver un environnement propice à la lecture.

Les femmes d'aujourd'hui ont une infinité de moyens pour s'améliorer. Certaines fréquentent les salons de beauté ou de coiffure pour parfaire leur apparence, tandis que d'autres s'astreignent à faire de l'exercice dans les clubs de gym pour améliorer leur silhouette. Mais les plus passionnées sont celles qui cherchent des formes moins superficielles de progrès et tentent d'apprendre de nouvelles compétences et d'améliorer leurs aptitudes professionnelles.

Un nombre croissant de femmes chinoises choisissent, pour s'améliorer, de s'asseoir, et de se plonger dans les livres. Le Salon du livre féminin de Beijing encourage ces femmes à devenir autonomes par la lecture et la communication.

Le Salon a ouvert son premier magasin près de l'université Tsinghua en 2007. Cinq ans plus tard, il s'enorgueillit trois succursales autour de Beijing.

Sur les étagères de la librairie, les livres sont distribués en trois catégories. Il y a les ouvrages « écrits par des femmes » chinoises ou étrangères ; des textes « écrits pour les femmes », dont les sujets vont de la psychologie et de la santé à la cuisine et au maquillage ; et enfin des livres « recommandés aux femmes », qui concernent en majorité les humanités et les sciences sociales.

Zhao Zhilin, 50 ans, qui vit près de la librairie pour femmes de Chongwen, y vient trois ou quatre fois par semaine. Elle se rappelle la première fois qu'elle a découvert la librairie : « Je faisais des courses dans le grand magasin quand j'ai entendu quelqu'un réciter de la poésie en anglais. Par curiosité, je suis entrée dans la librairie et j'ai remarqué qu'elle accueillait un événement autour de la poésie. » Elle s'est inscrite le jour même.

Les membres sont autorisés à emprunter trois livres et deux DVD à la fois, d'après Zhao. «À la différence des autres librairies, il y a de la musique douce, des sofas, des lampes et du thé. C'est un environnement idéal pour s'installer. J'apprécie mieux la lecture ici. »

La librairie rencontre un franc succès auprès des femmes âgées de 20 à 50 ans, d'après Sun Tingting, directrice de la planification. « Les femmes de cette tranche d'âge vivent des changements dans leurs relations familiales et professionnelles, mais ont néanmoins besoin de se concentrer sur leur élévation personnelle », explique cette dernière. Son souhait est d'offrir un endroit particulier où les femmes se sentent suffisamment à l'aise pour lire et interagir.

Un besoin qui se fait sentir

Les femmes sont plus attachées à la lecture que les hommes, d'après Wang Hongqi, une spécialiste des études féminines de l'Université normale de la capitale, aujourd'hui à la retraite. « À la différence des hommes qui lisent des livres pour des raisons pratiques, les femmes se préoccupent plus de leur équilibre corps-esprit-âme. Elles ont tendance à tirer plus de force spirituelle de leur lecture », considère-t-elle.

L'écrivain Shen Rui va dans le même sens. « Le Salon du livre aide à nourrir une culture féminine avec son groupe de lecture, qui répond aux besoins spirituels des femmes. Grâce à la lecture et à son partage, les femmes tirent des forces de la lecture et de l'interaction avec les autres femmes. »

Shen estime que le salon n'est que le prolongement d'une longue tradition littéraire féminine remontant aux dynasties des Ming (1368-1644) et des Qing 1644-1911). Pendant des siècles, les femmes éduquées organisaient des clubs littéraires ou poétiques pour se divertir.

« La lecture peut permettre aux femmes de s'améliorer intérieurement pour devenir plus indépendantes », estime Xu Xiao, rédactrice en chef de la rubrique culturelle et directrice du Studio littéraire Caixin. Xu a récemment assisté à une lecture au salon. « L'apparence attire l'attention, alors que la personnalité attire le cœur », explique-t-elle. « La richesse intérieure, plus que les vêtements ou le maquillage, est le meilleur accessoire des femmes. »