Des deux côtés
Les festivals culturels internationaux sont populaires sur les campus chinois. Beida tient le sien en automne, l'époque la plus intense et animée de l'année pour Ezemaduka. Quand l'institution ouvre ses portes, tous les étudiants africains débarquent pour présenter leur culture. Ils ou elles revêtent leurs costumes nationaux, s'adonnent à des jeux traditionnels, et enseignent à leurs camarades chinois comment monter une coiffure africaine ou comment confectionner des foulards et préparer des mets. Ils invitent aussi ceux qui sont moins timides à participer à leurs danses.
Pour la plupart des Chinois, l'Afrique se caractérise par sa nature sauvage et ses magnifiques paysages. Les Africains sont fiers de ces trésors, mais pour Ezemaduka, cela ne suffit pas. « Je voudrais que les Chinois con-naissent le mode de vie en Afrique, tout comme nous, ici, découvrons les conditions de vie des Chinois. »
Bien que le festival ne soit qu'une activité de campus, Ezemaduka est confiante en son influence. « Nous croyons que les étudiants avec qui nous parlons iront vers les autres et leur diront ce qu'ils ont appris ici », dit-elle.
Récemment, son association a organisé un séminaire intitulé « Coopération Chine-Afrique en éducation : quelle voie suivre? » Un ambassadeur africain, des lettrés et des étudiants y étaient invités. Durant le séminaire, la salle de conférence résonnait de rires et d'applaudissements ; des étudiants africains passionnés réagissaient à des discours inspirants. Les étudiants chinois présents se contentaient de sourire en silence. Malgré leurs habitudes différentes, la communication a été un succès.
« Ils y mettent tout leur cœur », dit Huang Lizhi, un doctorant chinois qui a participé à la conférence. « Les activités non seulement fournissent aux Chinois des occasions de communiquer face à face avec des Africains, mais surtout nous permettent de saisir l'attrait de leur culture, ce qu'on ne peut apprendre dans les livres. »
Cette conférence était la première de l'association. Ezemaduka croit que contrairement aux activités de divertissement comme le festival culturel international, le séminaire aura une plus profonde influence sur la promotion de la culture africaine.
« J'espère que les gens verront que les Africains ne sont pas tous des danseurs, dit-elle. Nous avons aussi des intellectuels qui peuvent parler du développement en Afrique, de l'avancement de la coopération sino-africaine, et de nos avantages et nos attentes. C'est une occasion de partager nos idées. »
L'association prévoit une Journée de culture africaine pour faire connaitre le continent à travers l'alimentation et le jeu. « Les Chinois nous découvriront sous deux aspects, dit Ezemaduka, et ils verront pleinement que l'Afrique a un potentiel. Nous avons beaucoup de gens instruits et nous avons également une vaste culture. »
Un même monde
Vallai M. Dorley, du Liberia, est doctorant. Toujours vêtu de couleurs voyantes, lui et ses amis africains attirent l'attention sur le campus ; ils croient que c'est une façon efficace de faire connaitre leur culture. Il apporte aussi des choses du pays qu'il partage avec les étudiants chinois.
Comme beaucoup d'étudiants africains en Chine, Dorley a fréquenté un centre Confucius avant de venir en Chine. Les cours de langue chinoise l'ont aidé à acquérir des connaissances pour mieux saisir la culture du géant oriental. Une fois en Chine, cette formation permet aux étudiants de faire connaitre la culture africaine tout en devenant des promoteurs efficaces de la culture chinoise.
« Nous espérons que la Chine fasse de même, dit Dorley. Il faut envoyer des étudiants chinois dans les universités africaines, non seulement comme volontaires pour l'étude, mais pour qu'ils apprennent et expérimentent notre culture. Quand ils reviendront en Chine, ils auront une juste image de l'Afrique. »
Dorley espère aussi que les gouvernements africains enverront plus de professeurs africains enseigner en Chine, afin que, de retour au pays, ils puissent enseigner ce qu'ils ont vu en Chine. C'est une approche gagnant-gagnant », dit-il du projet.
Plusieurs étudiants africains se vouent à faire connaitre leur pays natal aux autres, mais ce faisant, ils découvrent aussi les similarités entre les cultures chinoise et africaine.
« Les êtres humains autour du monde, malgré leurs différence de couleur de peau, sont les mêmes », dit Ezemaduka. Elle croit que toutes les sociétés sont composées de riches et de pauvres, de personnes instruites et non instruites, et elle espère que les gens puissent laisser tomber leurs stéréotypes sur l'Afrique pour voir, plutôt, son vrai développement.
Theophilus Aperkor, du Ghana, est très optimiste face à cette possibilité. « Dans un avenir prochain, tous ces clichés et le manque de compréhension disparaitront », dit-il. Et il ajoute : « Les gens vous regarderont sans juger d'où vous venez, mais en appréciant ce que vous apportez comme contribution. » |