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Pendant trois décennies, Zhong Jianhua a travaillé dans les relations diplomatiques entre la Chine, le Royaume-Uni et les États-Unis. Puis il se retrouva en Afrique du Sud. Son expertise a fait de sa carrière un cas unique parmi les ambassadeurs chinois normalement envoyés en Afrique.
Mais l'Afrique était un aimant. Les attentes de Zhong ont évolué de façon remarquable depuis qu'il est devenu ambassadeur chinois en Afrique du Sud. Après avoir quitté son poste, il a été nommé représentant spécial auprès du gouvernement chinois sur les affaires africaines, ce qui lui a permis de maintenir sa connexion avec ce continent définitivement non-occidental.
Attitudes amicales
Zhong avait visité l'Afrique plusieurs fois avant de prendre son poste en Afrique du Sud. Mais vivre en Afrique, découvrit-il rapidement, était une expérience totalement différente.
Les Africains sont généralement connus pour être accueillants et aimables. Vu la longue histoire d'amitié entre la Chine et le continent, les Chinois qui vivent en Afrique peuvent avoir des liens plus étroits avec les habitants que partout ailleurs. « C'est mon expérience de travail dans les pays occidentaux qui m'a fait bien comprendre la valeur de notre amitié avec les peuples africains », explique Zhong.
« Les personnes vivant en Afrique depuis des années pourraient penser que les manifestations amicales vont de soi. Mais après avoir rencontré des gens venant d'autres régions dans le monde, je comprends le caractère unique de cette amitié. »
Après le succès des Jeux Olympiques de Beijing en 2008, Zhong a reçu les félicitations de ses homologues diplomatiques du monde entier, qui lui ont dit combien ils étaient surpris du travail bien fait de la Chine. Mais les diplomates africains marchèrent directement vers lui pour l'embrasser et lui taper dans le dos avec enthousiasme.
« Ce n'était pas seulement des félicitations, déclare Zhong. Au fond de leurs cœurs, ils se sentaient fiers de cette réussite. Ils nous ont pris en tant que partenaires. »
Selon Zhong, au siècle dernier, près de 200 000 agriculteurs chinois sont allés en Afrique du Sud à la recherche d'opportunités. Ils y sont arrivés sans rien, mais aujourd'hui, plus de la moitié d'entre eux sont devenus millionnaires.
La réponse positive des Africains à cette réussite est surprenante. « La gentillesse, dit Zhong, est dans leur nature. Ils apprécient leur fraternité avec le peuple chinois. »
Vouloir de savoir plus
« Sans une vivre longtemps ici, il est impossible de comprendre combien l'Afrique est importante pour la Chine », souligne Zhong. Selon lui, la Chine et les pays occidentaux sont presque au point de parvenir à un goulot d'étranglement quand il s'agit de leurs économies à croissance rapide. En Afrique, Zhong voit des possibilités. Il est convaincu que le développement du continent est la dernière opportunité du monde pour trouver une force dynamique.
« Lorsque nous aidons l'Afrique à se développer, nous nous aidons nous-mêmes », observe-t-il.
Pourtant, le diplomate chinois souligne que le grand potentiel de l'Afrique a été négligé par un trop grand nombre de personnes en Chine.
« C'est un problème majeur que la société chinoise est encore ignorante de l'Afrique », poursuivit-il. Zhong pense que les fonctionnaires, les intellectuels et les citoyens ordinaires ont tous besoin d'apprendre plus sur l'Afrique.
Ce qui l'a le plus surpris a été l'énorme partie de l'histoire chinoise que les Sud-Africains connaissaient. Ils étaient bien versés dans la Longue Marche, connaissaient chaque bataille menée par le Parti communiste chinois, des détails sur lesquels même les jeunes Chinois ne sont pas très au courant. Ce n'était jamais arrivé à Zhong dans aucun autre pays. Certains experts occidentaux, selon lui, connaissent l'histoire chinoise, mais peu s'y intéressent comme le faisaient les Africains qu'il a rencontrés.
En Afrique du Sud, Zhong est également devenu ami de Cyril Ramaphosa, qui était l'assistant de Nelson Mandela durant la lutte pour l'indépendance sud-africaine. Lors de leurs conversations, Ramaphosa lui a posé de nombreuses questions profondes sur l'histoire chinoise. « Je me sentais honteux, confie Zhong. Que savons-nous de l'Afrique ? Ici nous pouvons voir la différence. »
Zhong suggère quand la Chine s'efforce de promouvoir sa culture à l'étranger, elle devrait d'abord en savoir plus sur l'Afrique. « Mon expérience de travail me permet de voir des choses différentes dans le monde, dit-il. Dans le développement de la Chine, la diplomatie a toujours dépassé d'autres domaines. Nous voyons les problèmes en avance. Donc je ressens la responsabilité d'encourager les gens à y accorder de l'attention. J'espère que plus de Chinois pourront comprendre l'importance de l'Afrique. » |