
« Les architectes de notre génération sont à la fois malchanceux et chanceux. » Shao Weiping, architecte en chef de l'Institut de design architectural de Beijing s'exprime ainsi au sujet des architectes nés dans les années 1960 en Chine. Au seuil de la cinquantaine, cette génération d'architectes est devenue le pivot de la profession en Chine, mais en même temps, l'époque qu'ils traversent leur fait nourrir des sentiments mêlés.
La Chine est la scène internationale des ta-lents architecturaux. Martin Hagel, architecte allemand qui travaille à Shanghai explique : « La Chine est un paradis qui attire les architectes du monde entier. En Chine, il y a des occasions uniques, car c'est le seul pays où on peut avoir la chance de concevoir une ville dans son entier. » La chance des talents nés dans les années 1960 fut de pouvoir étudier à une époque unique du point de vue des opportunités. Hu Yue, concepteur en chef de l'Institut de design architectural de Beijing, avait pu ainsi travailler à la conception du stade des Jeux Asiatiques à l'âge de 24 ans, tout juste après ses études universitaires, et concevoir le Finance Building situé sur l'avenue Chang'an de Beijing. Quand Liu Xiaozhong, membre de l'Institut d'architecture a informé un ami italien du fait que chaque année il pouvait concevoir des dizaines de millions de mètres carrés, ce dernier ne pouvait en croire ses oreilles.
Mêmes si certains critiquent le fait que la Chine est devenue un laboratoire pour les architectes étrangers, il ne faut pas oublier que travailler en collaboration avec les talents étrangers a offert aux architectes chinois de précieuses occasions d'apprendre. L'équipe de Shao Weiping, concepteur du terminal 3 de l'aéroport international de Beijing a ainsi eu l'occasion de travailler en collaboration avec les cabinets hollandais et anglais telles que Naco, Foster & Partner et Arup. Ces expériences se révèleront utiles pour la conception du Phoenix International Media Center, actuellement en construction, qui a été classé par le site Internet DESIGNBOOM comme l'une des dix constructions les plus intéressantes de l'année 2011.
Mais les architectes de cette génération sont aussi « malchanceux ». Par rapport à leurs aînés, la situation est relativement dure pour cette génération, parce que la saturation du marché de l'architecture a exercé une influence sur l'autorité des architectes. « En matière de formation, bien que les bases de leur apprentissage soient solides, la quantité de connaissances n'est pas suffisante, » a dit Hu Yue. Par conséquent, à la fin des années 1990, la plupart des projets importants étaient menés par des architectes étrangers.
En avril 2012, le New World Press a publié un livre intitulé Les architectes chinois contemporains qui présente le parcours de quatre architectes de l'Institut de design architectural de Beijing : Hu Yue, Liu Xiaozhong, Shao Weiping et Zhu Xiaodi.
Cet institut national fut fondé en 1949 et beaucoup de bâtiments emblématiques de l'époque ont été conçus par ses membres. Les quatre architectes présentés dans le livre ont commencé à travailler dans cet institut dès qu'ils furent diplômés de l'université. À tra-vers les interviews, l'écrivain Sun Yong'an raconte le chemin parcouru par les architectes chinois, l'Institut de design architectural de Beijing et le secteur chinois de l'architecture.
Les personnages du livre racontent les problèmes rencontrés par les architectes nés dans les années 1960 : comment innover sur la base du système architectural occidental ; comment intégrer les caractéristiques régionales dans les immeubles modernes ; comment protéger les villes anciennes ; comment lier protection de l'environnement et architecture ; quelle place accorder à la géomancie traditionnelle chinoise… À travers les analyses concrètes du terminal 3 de l'aéroport international de Beijing, le parc des Jeux olympiques, le bâtiment de la China National Petroleum, le Centre Olympique de Hangzhou ou encore le Phoenix International Media Center, les lecteurs peuvent apprendre beaucoup de détails concernant l'architecture.
Les architectes de cette génération se trouvent à une époque de grands changements. Ils doivent apprendre le système de conception occidental et faire face à la concurrence des architectes étrangers. De plus, ils doivent trouver des compromis entre les promoteurs immobiliers et les clients, entre le gouvernement et les partenaires étrangers. Tiraillés par de nombreuses contradictions, ils sont tous extrêmement exigeants avec leur propres travaux. Hu Yue confie dans une interview : « À mes yeux, aucun de mes œuvres n'est parfaite, je ne suis satisfait d'aucune d'entre elles. À la fin d'un projet, quand la réalisation est terminée, je suis si insatisfait que j'aimerais que personne ne regarde mon travail. »
Le design architecturel n'est pas simplement une question de technique, il s'agit aussi de culture et de pensée. Les qualités individuelles des architectes chinois sont égales à ceux de l'Occident, mais la qua-lité générale de l'industrie architecturale a encore un long chemin à parcourir.
Le livre Les architectes chinois contemporains est publié en chinois et anglais. De plus, une centaine de photos d'architecture sont présentées dans le livre, ce qui le rend plus facile à comprendre et peut ainsi aider à stimuler l'imagination des lecteurs. L'industrie du design d'architecture est un domaine hautement spécialisé, ce qui ajoute à la difficulté d'écrire un tel livre. |