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ENQUÊTE DES LIVRES DE MO: Les librairies en Chine mettent en avant les livres du lauréat |
L'arrivée du succès
En 1988, le réalisateur chinois Zhang Yimou a adapté à l'écran le roman Sorgho rouge de Mo publié en 1987, et a remporté avec ce film le premier prix du Festival international du film de Berlin tout en rendant célèbres les deux œuvres.
L'action dans Sorgho rouge se déroule au cours des années 1930 dans le contexte de la résistance chinoise contre l'agression japonaise et traite des thèmes de l'amour et de la difficulté de la vie campagnarde. Les personnages principaux « mon grand-père » et « ma grand-mère » organisent la résistance des villageois contre les Japonais avec les armes les plus simples. La passion et la vitalité dont font preuve les personnages ont ému Zhang Yimou qui décida alors d'adapter le roman en film.
Ce long métrage connu beaucoup de succès, faisant décoller les ventes du roman. Le Sorgho rouge est apprécié pour son imagination sans contrainte et la fluidité de son langage. Il fait l'éloge de la puissance de la vie et soutient l'esprit nationaliste, tout en offrant un regard neuf sur les romans de guerre contemporains.
« Tais-toi »
Mo a abord attiré l'attention du monde littéraire avec son roman Le radis de cristal publié en 1985. Le radis rouge symbolise à la fois la sexualité et la nourriture, car c'est sous l'emprise de la faim que Mo a commencé à écrire. Enfant, il savait déjà quel métier il voudrait faire car on lui avait dit qu'un écrivain pouvait manger trois repas de raviolis par jour. Mo a souffert étant jeune de la famine des années 1960, période pendant laquelle les enfants du village mangeaient ce qu'ils trouvaient, y compris les feuilles des arbres, les insectes, la boue et le charbon.
Le roman Sorgho rouge exprime ses réflexions sur l'Histoire et l'amour et Le pays de l'alcool incarne ses regrets pour la dégénérescence de l'humanité et sa haine pour les fonctionnaires corrompus. Bien que les deux romans soient très différents dans leur contenu, ils reflètent le désir d'un enfant de mener une vie agréable.
Mo est né dans les années 1950 dans un petit village du district de Gaomi, un lieu riche d'une histoire de plus de 2 200 ans, connu pour ses arts populaires traditionnels et d'où sont originaires de nombreuses célébrités. Mo revient souvent chez lui pour écrire et situe la plupart de ses romans dans son village natal.
Mo a abandonné l'école au cours de la « Révolution culturelle » (1966-76) et a travaillé dans une ferme. « J'ai compris plus sur les vaches que sur les êtres humains. Je savais ce qu'elles pensaient. »
Pendant cette période, il a pris l'habitude de se parler à lui-même. Sa mère a cru qu'il avait perdu la raison en le trouvant un jour marmonnant face à un arbre. Elle le supplia d'arrêter de parler en public. C'est pourquoi il a choisi au début de sa carrière le pseudonyme « Mo Yan » qui signifie « ne pas parler » en Chinois.
Des mots sur papier
« L'écriture est une autre façon de s'exprimer. J'écris parce que je veux partager mes idées et mes réflexions avec mes amis à travers des histoires. J'ai appris énormément sur moi même et sur la nature humaine en écrivant », déclare Mo.
L'écriture permet également à Mo de faire ce qu'il n'oserait pas faire dans la vraie vie. Il s'est attiré beaucoup de critiques en exposant et en condamnant dans ses œuvres le côté sombre de la société.
Mais dans la vie quotidienne, Mo est attentif et prévenant, craignant souvent de gêner les autres. « Ma fille habite près de l'aéroport de Beijing. Chaque fois que je viens la voir, je ne vais pas directement chez elle à ma descente de l'avion, de peur d'agacer le chauffeur de taxi en voyageant une distance aussi courte. Je demande qu'on me conduise au centre-ville. Peut-être que plus un écrivain est lâche dans la vraie vie, et plus il est courageux dans ses œuvres ? La littérature nous permet de faire ce que nous n'osons pas faire et ne pouvons pas faire dans la réalité » a-t-il déclaré.
« Dans mes précédents livres, j'ai écrit à propos des misères infligées par le monde extérieur, en me concentrant davantage sur les maux de la société. Maintenant, je porte mon attention sur les esprits malveillants cachés au plus profond de mon cœur ». |