
l'instinct maternel: Mariatu en compagnie d'enfants défavorisés

UNE PERFORMANCE UNIQUE : Mariatu Kargbo en chanteuse de l'opéra de Pékin
Surnommée la « perle noire de Chine », la star sierra-léonaise Mariatu Kargbo est surtout connue en Chine en tant que participante au concours Miss World. Pour autant, ses millions de fans chinois ignorent les terribles épreuves qu'elle a connues dans son enfance.
Kargbo a grandi dans une famille à faible revenu de Freetown, en Sierra Leone, et a perdu son père alors qu'elle n'avait que trois mois. Plus tard, sa mère est tombée malade. Même si elle était la plus jeune d'une famille de sept frères et sœurs, à huit ans, elle a commencé à vendre de l'eau froide et du poisson frit dans la rue pour aider sa famille.
Elle n'a jamais connu l'affection maternelle jusqu'à ce qu'elle vienne en Chine en 2004. Atteinte d'une appendicite aigüe, une mère chinoise l'a envoyé à l'hôpital pour une opération et pris soin d'elle pendant deux semaines.
« Elle me préparait de la soupe de poulet. Jamais auparavant personne ne s'était occupée de moi », dit-elle, les yeux embués de larmes. « J'ai ressenti la douceur et l'amour maternel, et depuis je l'appelle ma mère chinoise. C'est à ce moment que j'ai décidé de rester ici. »
Merci à toi, Chine
Il y a deux mois, elle a sorti le premier album afro-chinois de l'histoire, Thank You China, dans lequel elle exprime sa gratitude sur la manière dont la Chine a changé son existence. L'album mêle des textes et des instruments chinois aux rythmes africains.
« Je suis allé dans de nombreux pays, mais c'est seulement en Chine que j'ai réalisé mon rêve. La Chine a changé ma vie et mon destin. C'est vraiment mon deuxième pays. C'est pourquoi je veux dire merci à la Chine! », a-t-elle dit avec émotion à la conférence de presse pour le lancement de l'album.
Ce n'est pas la première fois que Kargbo a donné pour la Chine. Quand la Chine faisait face à sa propre tragédie avec le séisme de Wenchuan dans la province du Sichuan le 12 mai 2008, Kargbo a pris l'avion dès le lendemain pour faire partie du premier groupe de bénévoles.
« Au moment du tremblement de terre, j'étais dans un avion. À l'aéroport, tout le monde parlait du séisme. J'ai couru chez moi, allumé la télévision et vu les gens qui étaient en train de mourir. J'ai pleuré », se souvient-elle.
Une beauté qui sait ce qu'elle veut
Une fois sur place, elle a travaillé dans un hôpital local pendant plus de trois semaines, avant de tomber elle-même malade. « Certaines personnes qui avaient perdu leur famille et leurs maisons étaient en proie au désespoir. Je leur parlais et chantais pour essayer de leur faire reprendre espoir. »
Huang Meihua est une jeune fille de 15 ans qui a perdu ses deux jambes lors du séisme. Kargbo l'a rencontré quand Huang avait perdu goût à la vie après l'opération. Kargbo a chanté des chansons pour la consoler et l'encourager à ne pas abandonner. Plus tard, elle a payé les frais de scolarité pour qu'elle apprendre le guzheng, un instrument traditionnel chinois.
Elle vient également en aide à quatre autres enfants victimes du tremblement de terre. De 2008 à 2011, chaque fois qu'elle est retournée voir les enfants, elle tenait journal. L'an dernier, elle a rassemblé ses journaux et les a vendus au prix de 450 000 yuans (71 428,6 dollars). Elle a fait don de cet argent pour payer les frais de scolarité de ces cinq enfants, soit 1 300 yuans (206,3 dollars) par mois pour chacun d'eux pendant dix ans.
« J'ai connu de grandes difficultés dans mon enfance. Je sais ce qu'ils traversent, c'est un enfer. Quand je vois ces enfants, je veux qu'ils aient des rêves et qu'ils soient heureux », explique-t-elle. « Ils sont intelligents et ont envie d'apprendre. Il leur faut juste du courage et un peu de soutien. »
En Sierra Leone, pour aider 680 orphelins de guerre, elle a créé la Fondation Mariatu Kargbo, à laquelle elle a fait don de la plupart de ses économies personnelles. En avril, la Fondation a distribué du matériel scolaire, des équipements et rémunéré des enseignants de l'Association des victimes de la poliomyélite et de l'Orphelinat pentecôtiste international de Grafton.
« Dieu m'a donné le talent de chanter, de jouer, et d'être modèle. Je veux utiliser mes talents pour aider. Chaque mois, j'essaie d'envoyer de l'argent à dans mon pays, parce que je me souviens de l'époque où j'étais pauvre, » a-t-elle confié à CHINAFRIQUE.
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