Des étudiants de PKU présentent Le lion et le joyau dont l'auteur est Wole Soyinka

En visite en Chine en octobre 2012, l'auteur nigérian Wole Soyinka, premier lauréat africain du Prix Nobel de littérature, a été invité à assister à une pièce de théâtre, Le lion et le joyau, l'un de ses chefs-d'œuvre, qu'il avait probablement vu des centaines de fois auparavant. Mais cette performance était particulière, elle était réalisée par des étudiants chinois de l'Université de Pékin (PKU).

La pièce se jouait en anglais. Si la plupart des acteurs n'avaient jamais fait de représentations auparavant, ils ont tous été impeccables, confiant en eux dans les dialogues poétiques, chantant en dialecte africain et réalisant les danses folkloriques.

Selon le metteur en scène, Joseph Graves, professeur américain et président de l'Institut du théâtre et du cinéma du monde à PKU, cette représentation d'une pièce africaine en Chine est une première.

En dépit de l'énorme fossé culturel entre la Chine et le Nigeria, les acteurs n'ont pas semblé avoir de difficultés à comprendre la pensée de l'auteur, grâce à l'aide de Femi Osofisan, un célèbre dramaturge nigérian qui enseigne actuellement à PKU.

« Les grandes œuvres présentent souvent des similitudes », déclare Li Shi, un des acteurs, qui joue le « lion », un chef tribal. « L'histoire s'articule autour d'un affrontement entre tradition et modernisation, qui est visible partout en Chine. »

Selon Li, le Nigeria envisage d'inviter l'ensemble du casting pour jouer la pièce au Nigeria. Le développement de compétences artistiques à travers le théâtre est devenu une tradition à PKU. Au cours des dix dernières années, plus de 3 000 étudiants ont participé à diverses productions théâtrales en langue anglaise sous l'égide de l'Institut de théâtre et de cinéma du monde de PKU. Ces productions ont été vues par des dizaines de milliers de spectateurs en Chine et dans six autres pays.

Un éventail de possibilités

Zhao Zhiwen joue le héros dans Le lion et le joyau. Il est l'un des rares acteurs expérimentés de la troupe. En 2008, Zhao a pris des cours d'art dramatique avec Joseph Graves à l'Université de Wuhan. Cette expérience l'a incité à continuer sa formation en Angleterre, en se concentrant en particulier sur les pièces de Shakespeare. Maintenant de retour en Chine, Zhao travaille à l'Institut de PKU comme acteur.

À l'Université de Pékin, de plus en plus de jeunes suivent sa voie. La première fois que Chen Miaojuan a décidé de jouer dans une pièce, elle était étudiante en première année d'anglais et y voyait un moyen de vaincre sa timidité et de s'améliorer. Après avoir joué différents rôles dans plus de dix pièces de théâtre, Chen, qui est actuellement en deuxième année de maîtrise, est désormais déterminée à partir à l'étranger pour étudier les arts du spectacle, dès l'obtention de son diplôme.

Les diplômés des universités d'élite en Chine visent généralement un bon emploi dans une entreprise réputée, ou un poste important au gouvernement. Le théâtre est loin d'être un choix de carrière envisagé.

« Je pense que les gens ne devraient pas faire un travail qu'ils n'aiment pas », explique Chen, « Je suis jeune et je veux essayer différentes choses. »

Selon Joseph Graves, 35 anciens élèves sont devenus acteurs professionnels, directeurs ou scénaristes. Ils n'auraient jamais envisagé cette carrière sans cette possibilité offerte par l'université.

Li Shi est conscient de l'importance des activités artistiques sur le campus, « La formation universitaire ne doit pas être uniquement professionnelle », dit-il, « Il faut proposer de la diversité aux élèves et des perspectives d'avenir. L'art sert très bien ce dessein. »

Plus âgé que les autres, Li a découvert cette « perspective » de carrière au théâtre sept ans après l'obtention de son diplôme à PKU en 1999. À l'époque, il dirigeait une entreprise de photographie, et a un jour assisté à une pièce en anglais qui l'a captivé.

Li a ensuite suivi les cours de Graves tous les jours pendant six semaines, avant de lui dire le dernier jour: « Si vous m'enseignez cet art, je vends mon entreprise de photographie et travaille avec vous. »

Li avait obtenu un diplôme en informatique et balbutiait à peine l'anglais la première fois qu'il a rencontré Graves. Il est maintenant un acteur confirmé et travaille en coulisse pour l'institut.

« À l'avenir, je veux devenir producteur de théâtre professionnel », dit-il.