Passage de flambeau
« J'ai passé toute ma vie à diriger de grands acteurs, et je continue toujours », déclare Joseph Graves. « Mais il est encore plus gratifiant de voir les changements dans la vie de ces jeunes. »
M. Graves est venu en Chine en 2002 présenter une pièce de Shakespeare avec une troupe chinoise. Il y a rencontré le professeur Cheng Zhaoxiang, spécialiste de l'œuvre de Shakespeare. Ce dernier l'a invité à venir animer un atelier avec ses élèves, et 4 000 étudiants sont venus auditionner. La plupart de ces étudiants n'avaient même pas vu de pièce de théâtre auparavant.
« C'est une expérience très émouvante pour moi », déclare M. Graves. « Nous avons des étudiants chinois dont l'anglais est leur seconde langue, alors que l'anglais de Shakespeare est encore différent. Mais ils sont tous passionnés et intelligents. »
M. Graves a réalisé que seuls quelques établissements d'enseignement supérieur en Chine avaient un département d'art, au contenu seulement théorique. Afin d'amener le théâtre dans les campus chinois, Graves et Cheng ont créé l'Institut du théâtre et du cinéma du monde, qui produit des pièces de théâtre, promeut et parraine les échanges artistiques entre les communautés théâtrales professionnelles en Chine et celles d'autres pays et facilite l'enseignement du théâtre universitaire au niveau national. Jusqu'à présent, l'institut a employé 75 acteurs professionnels occidentaux et 50 acteurs chinois professionnels dans ses productions.
Selon Joseph Graves, le principal objectif de l'institut est de promouvoir les arts dans les universités chinoises. « La créativité joue un rôle important dans l'éducation d'une personne, pas forcément pour en faire un artiste, mais pour favoriser un mode de pensée différent, une approche différente du monde, qui ne touche pas nécessairement à la culture mais plutôt à son esprit et à ses propres idées », déclare-t-il.
Un autre objectif affiché par M. Graves est de trouver plus de jeunes artistes prêts à se former hors du campus pour revenir ensuite aider d'autres étudiants.
« Je suis limité car je ne parle pas chinois », explique ce dernier. « J'espère que des élèves prendront la relève et je suis persuadé qu'ils feront mieux que moi. »
Son appel a été entendu par Zhao Zhiwen, qui, en plus d'être un bon acteur, a confié à CHINAFRIQUE vouloir se consacrer maintenant à l'enseignement artistique. |