Yaogan XVI
La Chine a fait la une des médias fin novembre en lançant le satellite Yaogan 16 dans l'espace. En seulement six ans, 16 satellites chinois Yaogan, abréviation de télédétection par satellite, ont été envoyés dans l'espace. Ces accomplissements et les progrès technologiques des satellites de télédétection font non seulement la fierté de la Chine, mais ont également de grandes implications pour le monde entier et en particulier pour les pays d'Afrique.
Les satellites de télédétection recueillent des informations en provenance de la surface de la terre par mesure du rayonnement électromagnétique. Le rayonnement détecté peut donner des informations sur la composition chimique et physique de la surface, en particulier des sols. Ainsi, les satellites comme Yaogan 16 peuvent être utilisés pour étudier les ressources foncières et les plans des villes, estimer le rendement agricole ou encore prévenir et réduire les catastrophes naturelles. En Afrique, où de nombreux pays sont fortement tributaires de l'agriculture, les satellites de télédétection peuvent être particulièrement utiles en raison de leur capacité à collecter des données sur les sols.
Un meilleur accès à l'information sur l'état des sols serait une aubaine pour l'Afrique, au niveau économique et social. Selon un rapport publié par Olivier Dewitte du Centre commun de recherche de la Commission européenne, des données sur les conditions des sols, exactes et à jour « sont directement applicables pour la planification de la sécurité alimentaire, la lutte contre les inondations et l'évaluation des risques ainsi que la gestion de l'eau. »
Les systèmes de télédétection peuvent surveiller plus efficacement l'état et les caractéristiques des sols ainsi que les menaces, ce qui est très utile dans le développement de systèmes d'alerte rapide pour les sécheresses, l'érosion et d'autres catastrophes naturelles. L'Afrique dispose actuellement de systèmes de télédétections aéroportées, souvent à partir d'hélicoptères ou autres aéronefs, permettant d'obtenir des cartes complètes et détaillées des différentes régions.
D'un autre côté, l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture des Nations unies a mis en place un système appelé ARTEMIS - Système d'information de surveillance en temps réel de l'environnement en Afrique. Ce système donne des images à basse résolution de télédétection par satellite pour diverses organisations liées à la sécurité alimentaire, la météorologie et l'agriculture en Afrique, mais date de 1988 et est limité technologiquement. Afin de disposer d'informations exactes et actualisées, l'Afrique nécessite des données à basse résolution accessibles et pouvant être étudiés rapidement ainsi que des satellites cartographiant régulièrement les sols au niveau continental, et coordonnés au niveau régional.
La Chine a été l'un des premiers pays à utiliser des satellites de télédétection pour surveiller son territoire et ses conditions environnementales de manière précise et actualisée, et cela pourrait être utile pour les décideurs politiques africains. La Chine ne dispose pas, pour l'instant, de plans immédiats d'aide aux pays africains pour envoyer un satellite de télédétection dans l'espace. Cependant, elle a participé avec le Nigeria au lancement de satellites de communication, le NigComSat-1 en 2007, et le NigComSat-1R fin 2011. Ces projets ont marqué un tournant dans l'industrie chinoise d'exportation de satellites et dans la coopération Chine-Afrique.
La Chine a également commencé à exporter des satellites de télédétection. En septembre 2012, elle a envoyé son premier satellite de télédétection destiné à un autre pays, le Venezuela. Le double succès de la coopération aérospatiale entre la Chine et le Nigeria ainsi que l'ouverture internationale de télédétection par satellite semblent indiquer que l'avenir de la coopération sino-africaine pour les satellites de télédétection n'est pas loin. |