|
Des médecins chinois traitent des patients africains |
Avant l'envoi d'équipes médicales chinoises en Afrique, la Chine était, pour la plupart des Africains, un pays lointain dont ils avaient à peine entendu parler. Maintenant, grâce aux traitements et aux soins des médecins chinois, ils commencent à comprendre ce pays mystérieux et sa population.
L'actuelle amitié entre la Chine et l'Afrique est basée en partie sur l'aide médicale chinoise qui perdure depuis un demi-siècle. En hiver 1962, le ministère chinois de la Santé (prédécesseur de la Commission nationale de la Santé et de la Planification familiale) avait reçu de l'Ambassade algérienne à Beijing un rapport, comprenant une demande d'aide en personnel médical chinois, formulée par le gouvernement algérien, pour promouvoir le développement médical et l'éducation de son pays.
Après l'indépendance algérienne, le personnel médical français qui travaillait dans les hôpitaux et les cliniques algériennes s'est retiré. À l'époque, la République populaire de Chine était encore un pays tout jeune, confronté à la pauvreté et aux problèmes de développement. Malgré les défis auxquels le pays faisait face, le gouvernement chinois avait déclaré, en janvier 1963, que des équipes médicales chinoises se rendraient en Algérie dans le cadre de missions de longue durée.
Trois mois plus tard, la première équipe médicale fut envoyée après avoir suivi une formation technique et linguistique. C'était pour la plupart d'entre eux la première fois qu'ils quittaient leur pays pour aller travailler à l'étranger. Enthousiastes et nerveux, ils prirent congé de leur famille et se lancèrent dans une aventure qui allait leur fournir une expérience de travail hors du commun.
La durée de leur mission, initialement prévue pour six mois, fut prolongée pour atteindre deux ans et demi. Au cours de cette période, l'équipe pris en charge près de 400 000 patients africains, procéda à 3 000 interventions chirurgicales et aida plus de 1 000 femmes à accoucher, sans aucune erreur médicale enregistrée.
« On compte 25 équipes médicales étrangères présentes en Algérie, mais c'est la vôtre qui est la plus appréciée », avait dit le ministre algérien de la Santé publique de l'époque à l'équipe médicale chinoise. « Nous vous considérons comme des frères. »
Rétablir la confiance
Ayant peu de connaissances sur la Chine, de nombreux Africains avaient au départ des doutes sur les compétences des médecins chinois. Chen Haifeng, dirigeant de la première équipe médicale envoyée en Algérie dans les années 1960, avait dit à ses confrères, « La gentillesse et la volonté ne suffisent pas, à elles seules, pour gagner leur confiance. Nous devons donc leur être utiles et fournir des aides concrètes. »
Quand le docteur Pan Jiangang est arrivé au Ghana fin 2011, il rencontra le même problème. « Vous devez leur montrer les efforts que vous fournissez en tant que médecin chinois. Un moindre détail peut changer la manière dont ils vous perçoivent », avait-il dit.
Il a ainsi persuadé une malade, qui ne se fiait qu'aux médecins ghanéens, de finalement lui donner une occasion de la traiter. Ses incisions héritées d'une ancienne intervention chirurgicale n'avaient toujours pas guéri au cours des trois derniers mois suivant l'opération. M. Pan avait alors rapidement diagnostiqué qu'un diabète l'empêchait de guérir. Il parvint ensuite à maintenir sa glycémie à un niveau acceptable.
Cette patiente s'étonna du fait que M. Pan changeait son pansement lui-même, alors qu'au Ghana cette tâche est réservée aux infirmières. M. Pan était le premier médecin à la soigner de cette manière. Quatre semaines plus tard quand elle fut guérie, elle lui donna une Bible comme cadeau, disant qu'elle remerciait Dieu de lui avoir permis de rencontrer un médecin chinois si gentil. « Je ne sais pas grand-chose sur le christianisme ni sur la Bible, mais je garderai précieusement ce livre », lui avait dit Pan.
Une fois que les doutes furent dissipés, les Africains accordèrent une grande confiance aux médecins chinois. « Chaque fois qu'ils tombaient malades, peu importe la raison, ils venaient chercher de l'aide auprès de nous », se rappelle Xu Zhenggang, un médecin retraité spécialisé en gastro-entérologie, en se remémorant son expérience au Ghana dans les années 1960.
« Nous pouvions sentir leur douleur et leur anxiété, et cela nous a poussé à apprendre plus de choses », dit Xu. « En conséquence, nous sommes tous devenus généralistes et avons travaillé pour traiter plusieurs maladies. »
Selon Xu, beaucoup de jeunes malades ont nommé leurs nouveau-nés « Chinois » pour exprimer leur gratitude.
Le traitement chinois
« Je ne crois pas que nous fassions quelque chose de merveilleux », explique Pan. « Notre principale tâche est de communiquer avec les médecins locaux et de leur apprendre nos théories médicales et nos techniques. »
Quand Wang Dengqi, un médecin diplômé de l'Université de médecine chinoise du Guangxi, est arrivé au Niger en 1976, il y a apporté son savoir sur l'acupuncture, une thérapeutique traditionnelle chinoise. Son premier patient était un agriculteur qui n'imaginait pas que les aiguilles d'argent puissent traiter sa maladie. Mais quand ces aiguilles apaisèrent sa douleur qui le tourmentait depuis plus de cinq ans, il n'hésita pas à en parler autour de lui. Peu après, de plus en plus de malades vinrent trouver M. Wang pour essayer ce traitement chinois.
« Je soignais parfois près de 140 patients », dit Wang. « Que ce soit des conseillers présidentiels ou des gens ordinaires. »
Au vu de l'efficacité de l'acupuncture, le ministère nigérien de la Santé publique demanda aux médecins chinois de former des médecins locaux. Six mois plus tard, vingt médecins et infirmières finirent une formation. Dotés des connaissances de base sur l'acupuncture, ils commencèrent à traiter leurs patients en utilisant les techniques chinoises.
Selon Wang, « Les aiguilles sont des outils médicaux, mais peuvent également contribuer à tisser des liens d'amitié. »
zhengyang@chinafrica.cn |