Li Songshan et Han Rong en compagnie d'artistes africains
Li Songshan se trouve sur un chantier de construction dans la banlieue de Beijing. À travers les nuages de poussière lancés par de bruyantes machines, le septuagénaire revoit son vieux rêve: un village africain, avec treize bâtiments de 10 000 m2, qui offre aux Chinois un aperçu de la véritable culture du continent noir.
Ce village sera le premier en Chine de propriété privée, sans but lucratif, dédié à la culture africaine. Le projet a été lancé par Li et son épouse, Han Rong, deux connaisseurs de culture africaine. Li souffre de cancer. Le couple aurait pu abandonner la construction, mais le 20 juillet 2012, la première pelletée de terre a été soulevée.
« En tant que partie de la première génération de travailleurs chinois en Afrique, nous voulons faire savoir que l'Afrique possède d'autres valeurs que des ressources naturelles », a dit Han, qui espère que la culture et l'art merveilleux de l'Afrique attireront davantage de jeunes Chinois en Afrique comme ce fut le cas pour eux autrefois.
Voués à l'art
Changchun est une ville du nord-est, dans la province du Jilin, connue pour ses durs hivers et son industrie lourde. Mais on y trouve facilement des sculptures des Makondes, un groupe ethnique qui vit à la frontière Tanzanie-Mozambique. Ce type de sculpture est considéré comme l'ancêtre de la sculpture sur bois africaine moderne. Y sont représentés les craintes et les espoirs, la spiritualité et le mysticisme, la religion et les superstitions du groupe ethnique.
Situé dans le parc de la sculpture mondiale de Changchun, le musée d'art Songshan-Hanrong possède une collection de 12 000 pièces, presque toutes données par Li et Han. Il leur a fallu une trentaine d'années pour les accumuler.
« C'était comme si nous devions marier notre fille, dit Han ; nous voulions qu'elle trouve quelqu'un de bien, quelqu'un qui la mérite. »
Les relations du couple avec la Tanzanie remontent à la fin des années 1960. Ils avaient été envoyés par le gouvernement chinois. Ils ont alors vu l'art des Makondes pour la première fois, et ce fut le coup de foudre suivi d'une vie de dévouement.
Dans les années 1980, la Chine les rappela au pays. Après un bref séjour, ils prirent une décision qui surprit tout le monde. En 1990, Li et Han, alors dans la quarantaine, résilièrent leurs emplois assurés de fonctionnaires et partirent pour la Tanzanie avec 8 000 dollars en poche.
Pendant des années, ils ont collectionné des sculptures et peintures Tinga Tinga. Ils étudient les œuvres d'art en détail, les analysent, les classent, et publient le fruit de leur recherche. Pour leur contribution à l'art africain, le Conseil des arts de Tanzanie leur a conféré un doctorat honorifique en Art et Culture africains.
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