
Li Songshan célèbre la fin du projet avec des artistes tanzaniens
Un autre rêve
Établi en Tanzanie depuis plus de dix ans, le couple a éprouvé le désir de faire connaitre l'art des Makondes à leur pays d'origine. En 2003, Li et Han ont donné 547 sculptures à Changchun, où l'on n'avait presque jamais entendu parler de culture africaine alors. La sculpture de bois est devenue célèbre, attirant la curiosité des touristes et des professionnels. Encouragés par ce résultat, en 2008, Li et Han ont rempli quatre conteneurs et ont envoyé leur collection en Chine.
« Rapporter les œuvres en Chine et en faire don fut un processus laborieux. Mais nos racines sont en Chine, nous aimons notre pays, et voulons que nos compatriotes puissent bénéficier de la culture et de l'art africains », dit Li.
Le nom du musée, qui a ouvert ses portes en 2011, comporte les noms des donateurs en reconnaissance de leur contribution. C'est le premier musée en Chine qui met l'accent sur une culture étrangère. C'est aussi le plus grand musée d'art makonde au monde.
« Songshan-Hanrong n'est pas seulement un symbole pour nous. Ce nom représente aussi la première génération de travailleurs chinois en Afrique, dit Li. Si des gens comme nous consacrent leur vie et leurs efforts à promouvoir la communication et l'amitié sino-africaines, c'est que nous considérons ce but comme notre rêve. »
Tandis qu'on reconnait le musée de Changchun comme l'aboutissement parfait d'une vie vouée à l'art africain, Li et Han, au lieu de prendre leur retraite bien méritée, ébauchent le plan d'un nouveau centre de culture africaine dans la capitale chinoise.
Cette idée remonte à 2005, année du décès de quatre grands artistes tanzaniens et qui étaient des amis du couple. Leur disparition marquait la fin d'un demi-siècle de travail artistique. C'est alors que Li et Han décidèrent de s'installer à Beijing où l'œuvre brillante des artistes pourrait être appréciée davantage.
En 2007, ils achetèrent un terrain à Songzhuang, une zone dédiée aux arts dans la banlieue de Beijing, afin d'y implanter leur projet d'un Village africain. La même année, Li fut atteint de cancer du côlon ; il insista pour terminer le projet, se déplaçant sans cesse entre l'hôpital et le chantier. Han l'appuya sans défaut, consciente de l'importance de ce projet pour son mari.
« Tout ce que je demande, ce sont quelques années de plus pour pouvoir accomplir mon rêve », dit Li. Et d'ajouter : « Ce n'est pas notre propriété, elle appartient à la Chine, aux générations qui se consacreront à la culture et l'amitié sino-africaines. »
Le Village africain
Certaines parties de la construction sont achevées et sont devenues un logement pour le sous-ministre de la culture de Tanzanie et les épouses de huit diplomates africains. Ils considèrent le village comme leur second foyer.
« Il y aura un auditorium pour les fonctionnaires africains et les érudits africains et chinois en études africaines pour présenter des conférences sur l'économie et la culture africaines », dit Li, précisant que l'auditorium aura aussi une fonction de salle d'exposition. On y trouvera également une salle de cinéma pour les films africains, et un restaurant de cuisine africaine.
Les quatre bâtiments autour comprennent un centre de recherche sur l'art en coopération avec des universités de Beijing, une clinique avec du personnel volontaire au service des diplomates et des étudiants africains à Beijing, et une maison d'édition qui desservira les érudits chinois et les conférenciers.
Ce qui fait la fierté de Li est le studio nommé « L'Afrique aux yeux des Chinois ». Des artistes chinois peuvent y travailler à concevoir des produits industriels comme des meubles, avec des caractéristiques africaines. Les artistes chinois peuvent s'inspirer des arts africains pour développer l'art chinois.
On a aussi établi l'Institut makonde à l'Académie des Arts de Jilin, et Li en est un professeur honoraire. Il supervise les étudiants qui travaillent sur la théorie artistique makonde.
« Nos parents et amis pensent que nous avons perdu la raison pour concevoir de tels projets. Mais la vie, ce n'est pas ce qu'on a mais ce qu'on donne. Développer l'intérêt chinois pour la culture et l'art de ce merveilleux peuple est ce que nous pouvions donner de meilleur », conclut Li.
zhengyang@chinafrica.cn |