Zhang Yusheng travaille dans le studio de Niren Zhang depuis 35 ans
Les œuvres de Zhang Mingshan sont appréciées par la famille royale de la dynastie des Qing
Il y a plus de 170 ans, un artisan appelé Zhang Mingshan (1826-1906) se fit remarquer par ses figurines d'argile colorées dans la ville de Tianjin, un port de commerce animé d'alors. Ses œuvres d'art étaient si populaires qu'il attira l'attention de la famille royale de la dynastie des Qing (1644-1911), qui fit de lui un artisan impérial à Beijing. Employé par la cour royale, il n'eut plus à se soucier de gagner sa vie en vendant ses œuvres, et quitta alors son activité commerciale.
Mais aujourd'hui, pour ses descendants, qui héritent de ses techniques ainsi que d'une marque renommée portant son nom, les figurines d'argile Zhang (niren zhang), le commerce est au cœur de leur préoccupation et ils doivent faire survivre cette marque centenaire dans un monde économique en pleine mutation.
Selon la troisième enquête nationale portant sur le patrimoine culturel, la Chine compte environ 70 000 éléments sur sa liste du patrimoine culturel immatériel à divers échelons, outre les quelque 800 000 chefs-d'œuvre en liste d'attente. D'après les chiffres publiés par cette enquête, jusqu'en 2010, les autorités à tous niveaux ont investi 1,8 milliard de yuans (300 milliards de dollars) pour leur préservation. En dépit de ces prestations, le monde du patrimoine culturel chinois nécessite toujours d'exister par ses propres moyens. Les figurines d'argile Zhang ne font pas exception.
Un équilibre délicat
Les figurines d'argile Zhang ont connu des heures creuses dans les années 1980, où la boutique située dans la galerie de culture traditionnelle à Tianjin était rarement fréquentée avant de se transformer en magasin de jouets et de vêtements pour joindre les deux bouts. Cette expérience dramatique n'était cependant pas exclusive. À l'époque, de nombreux studios et troupes d'art folklorique ont connu le même sort, et plusieurs sont encore en difficulté. De moins en moins de jeunes talents veulent se consacrer aux anciennes formes d'art peu rentables, si bien que les techniques traditionnelles sont en voie de disparition, faute de successeurs enthousiastes.
Ces dernières années, quelques experts proposent que le futur de l'art folklorique et du patrimoine culturel immatériel s'industrialise, pour permettre aux artisans et aux artistes de voler de leurs propres ailes. De l'autre côté, beaucoup de critiques d'art dénoncent que l'association excessive de l'art et du commerce porte atteinte à la valeur artistique de ces trésors traditionnels.
Alors que ce débat n'a pas abouti à une conclusion finale, quelques héritiers du patrimoine culturel immatériel se sont frayé un chemin pour s'adapter au rude environnement du marché moderne. Les figurines d'argile Zhang, par exemple, font fonctionner trois boutiques aujourd'hui pour un chiffre d'affaires annuel estimé à 12 millions de yuans (2 millions de dollars). Zhang Yusheng, artiste qui travaille dans le studio des figurines d'argile Zhang à Tianjin depuis plus de 35 ans, estime que la clé du succès consiste à trouver l'équilibre délicat entre l'art et le commerce.
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