UN des aspects les plus agréables de la vie en Chine est le choix des voyages, dans un pays dont la topographie passe du désert à la montagne et des étendues de neige aux villes d'eau. L'une des villes touristiques les moins peuplée est le Sleepy Hollow de Nanxun, à quelques heures de bus de Shanghai.
Située sur la rive sud du lac Taihu, à la frontière de la province du Jiangsu, cette ancienne ville semble avoir été épargnée par le 21ème siècle.
Les canaux brumeux passent derrière les interminables rangées de maisons en bois éclairées par des lanternes rouges. À l'extérieur de chaque maison sont suspendus des vêtements qui sèchent et se reflètent dans l'eau d'un vert profond. On voit également accrochées à côté de ces vêtements des saucisses faites maison et des têtes de porc salées, dans une création artistique bizarre. Cela évoque un sentiment de lenteur presque historique, qui rend chaque élément visuel digne d'une photographie.
Nanxun présente une architecture traditionnelle de bâtiments en bois sur pilotis et une image par excellence de la Chine rêvée sur le delta du Yangtsé. Des toits de tuiles noires posés sur des murs blanchis à la chaux ont l'air de border des voies piétonnes de l'extérieur mais renferment en fait des jardins dans des cours pavée spacieuses. Des salons de thé - souvent juste une table et une chaise sur le trottoir - et des restaurants familiaux parsèment chaque côté du canal, faisant des points d'observation idéaux pour regarder les gens. Les habitants lavent les vêtements dans la rivière, les chiens jappent sur les passants, les vieillards jouent aux cartes et les dames aux cheveux gris commèrent. Des activités simples, sans interruption, sans hâte. Même le scooter occasionnel qui vrombit le long des allées n'est pas gênant.
Les bateaux de tourisme en bois d'où résonnent les voix énergétiques des guides touristiques complètent le tableau. Les bouées de sauvetage orange des bateaux balancent de chaque côté, créant des remous dans l'eau, tandis que les visiteurs affichent un grand sourire.
Toute la ville a été construite autour de canaux qui se rejoignent et relient le lac Taihu et le Grand Canal. Dans la partie la plus récente de la ville de nombreux canaux ont été ouverts pour permettre la circulation, mais dans la vieille section les principaux canaux sont toujours opérationnels et connectent Nanxun à un canal de dérivation qui se jette dans le Grand Canal. Ce Grand Canal serpente entre Hangzhou et Beijing et a apporté une grande richesse à Nanxun sous la dynastie des Qing (1644-1911).
Cette ville a tenté en vain de vivre d'activités touristiques en ouvrant les anciennes maisons des riches barons de la soie du 18ème et 19ème siècle. Les vastes demeures magnifiquement décorées, où l'on voit des jardins privés en ruine, font l'émerveillement des visiteurs.
Le commerce y était si lucratif que le chiffre d'affaires annuel combiné de quatre des plus riches familles de la ville aurait égalé les recettes fiscales annuelles recueillies par l'empereur Qing.
Aujourd'hui, après cette manne de la soie, les rues tranquilles refusent obstinément de s'agiter, et c'est tant mieux.
Vivre en Chine à long terme nécessite de faire des excursions fréquentes hors de l'énergie frénétique et des mouvements de masse des villes. La contrainte presque inaperçue du train-train quotidien vous use progressivement et une interruption régulière dans un endroit comme Nanxun est un répit bien mérité, hors de la folie des zones surpeuplées. |