Les Africains étudiant le kungfu font leurs preuves au Temple Shaolin
Le régime végétarien et les rituels de prière stricts font partie de l'entraînement Shaolin
Alors que l'aube était encore indécise et que le ciel gardait une couleur métallique, un groupe d'individus était déjà bien réveillé à Dengfeng, dans la province du Henan, au centre-est de la Chine. Après une courte marche le long d'une allée en pierres, ils se sont regroupés dans un monastère. Avec la main gauche ouverte posée sur le poing droit fermé, ils se sont respectueusement inclinés devant un maître chinois portant une robe jaune, qui leur a rendu la politesse.
Un jour d'entraînement martial a ainsi commencé.
La scène pittoresque dans un brouillard matinal nous rappelle celle d'un film de kungfu, à ceci près que tous les disciples sont des Africains.
Les vingt disciples en provenance de Tanzanie, d'Éthiopie, de l'île Maurice, d'Ouganda et du Nigeria sont venus au Henan en septembre 2013. Au cours des trois mois suivants, ils ont fait l'objet d'un entraînement martial dans le temple Shaolin, lieu de naissance du kungfu Shaolin.
« Grâce à cette expérience, ma vie sera bien différente », s'est exclamé Ogwang Mark, un Ougandais, en parlant de son séjour dans le temple Shaolin.
Travailler dur
Le Programme visant à fournir un stage de formation en kungfu Shaolin pour les disciples africains a été lancé par le ministère chinois de la Culture dans le but de promouvoir les échanges culturels entre la Chine et l'Afrique. Ces vingt disciples ont été choisis parmi les pratiquants les plus performants d'arts martiaux dans les pays africains, mais la vie dans le temple Shaolin a encore posé un grand défi à chacun d'entre eux.
« J'ai pleuré comme une Madeleine les premiers jours du stage de formation », a dit Peace Emezue, une Nigériane âgée de 32 ans. Ancienne championne de karaté, Emezue travaille au Nigeria en tant que préparatrice physique. Elle a été choisie par le gouvernement nigérian pour participer au Programme en vue d'encourager les Nigérianes à pratiquer les arts martiaux.
Emezue s'est réjouie de la vie simple et paisible dans le temple Shaolin, mais la difficulté que lui ont posée l'entraînement physique et les exercices du petit matin étaient loin de son imagination. En effet, elle devait se lever à 5h30 du matin pour recevoir son apprentissage et pratiquer les arts martiaux jusqu'à 21h, et ce tous les jours, sauf le dimanche.
Le mot « kungfu » signifie littéralement « le dur labeur », et ceux qui travaillent dur sont réputés pour avoir beaucoup de « kungfu ». Selon l'abbé Shi Yongxin, le stage de formation n'est qu'une initiation aux arts martiaux. Les trois premiers mois sont toutefois un stade extrêmement pénible pour les débutants.
De surcroît, les différences en matière de climat et de nourriture ont posé autant de difficultés aux disciples africains. L'Ougandais Wamala Peter a dit que beaucoup d'entre eux avaient attrapé un rhume lorsque l'hiver était arrivé en novembre. « Malgré les maladies, notre détermination n'a jamais été ébranlée, parce que les entraîneurs et les maîtres, qui sont énergiques et responsables, étaient toujours là pour nous aider. »
Des cours de chinois ont été inclus dans le stage de formation pour aider les Africains à mieux comprendre l'enseignement du maître. Pour la plupart des disciples, qui venaient en Chine pour la première fois, l'apprentissage de la langue chinoise était même plus difficile que l'entraînement martial.
« Je n'avais jamais pensé avoir l'opportunité d'apprendre la langue chinoise. C'est vraiment dur, mais je voudrais continuer mon apprentissage en ligne lorsque je rentrerai chez moi », a dit Peter Zanang Kazah, un Nigérian pratiquant le karaté.
À la fin du Programme, une majorité d'entre eux s'était bien adaptée à la vie à Shaolin qui s'est avérée être très enrichissante. Quelques-uns ont perdu du poids et se sont davantage fortifiés tant physiquement que moralement. Durant la cérémonie de clôture tenue le 18 décembre 2013, les disciples africains ont donné une démonstration acrobatique de kungfu avec des épées et des bâtons pour montrer ce qu'ils avaient acquis au cours des trois derniers mois dans le monastère.
|