
Le boulier peut développer la fonction cérébrale des enfants âgés de 4 à 12 ans
238+458+95+213+57=?
Sans calculateur électronique, il faut au moins dix secondes pour faire la somme de ces chiffres. Mais il n'en faut que deux à Guo Dian si elle utilise un boulier, appareil fait de tiges métalliques et de boules, inventé en Chine il y a plus d'un millénaire.
Quand Guo est devenue caissière de banque il y a une vingtaine d'années, le boulier était encore en usage, et elle et ses collègues devaient en avoir la maîtrise pour occuper un emploi en finance ou en comptabilité.
Aujourd'hui, Guo se sert encore du boulier plus que de l'ordinateur. « J'y suis habituée, et dans les additions de gros chiffres, c'est plus rapide qu'un appareil électronique, avec moins de risque de presser la mauvaise touche. »
Plusieurs Chinois d'un certain âge se rappellent le match légendaire des années 1940, où un expert en boulier a battu la machine électronique en temps. Dans cette compétition tenue à Tokyo, le boulier s'était montré plus rapide en calcul, sauf pour la multiplication de gros nombres. Et il s'en était suivi une sorte de vogue du boulier.
Mais aujourd'hui, les gens comme Guo sont rares au pays. Ses jeunes collègues au début de la vingtaine n'ont jamais touché un boulier de leur vie. En moins d'un demi-siècle, le boulier a disparu pour être remplacé par la technologie moderne. Même Guo admet que le boulier est de moins en moins nécessaire car les ordinateurs établissent automatiquement des statistiques.
La valeur du boulier aujourd'hui est plus culturelle qu'utilitaire.
Depuis au moins deux siècles, le boulier a été l'outil le plus important des Chinois pour explorer la nature et le monde par l'addition, la soustraction, la multiplication et la division, l'extraction de la racine carrée ou cubique, et d'autres opérations. Il est considéré comme la cinquième grande invention chinoise après la boussole, la poudre, les caractères mobiles d'imprimerie et le papier. En chinois, l'expression « petit boulier » désigne une personne intelligente, et « boulier de fer », celui qui porte attention à son budget.
En 2008, le Conseil des affaires d'État de Chine a reconnu le boulier comme héritage culturel immatériel, et en décembre 2013, c'était l'Unesco qui l'inscrivait sur sa liste.
« L'intelligence ancienne doit demeurer », a dit Guo, qui insiste pour que son fils apprenne à se servir du boulier.
Meng Fanxuan, une comptable de 26 ans, se souvient encore de son premier boulier. « L'école exigeait que chaque élève en ait un pour le cours de mathématiques, alors ma mère m'en a donné un, en bambou, celui que ma grand-mère avait utilisé », dit Meng. « Nous avons appris le concept des chiffres en déplaçant des billes. »
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