Jiang Heping en compagnie d'agriculteurs soudanais
Le premier jour où il mit les pieds sur le continent noir, il nourrit un « rêve africain » : voir les tiges de blé dans les centres africains de démonstration des techniques agricoles se courber sous le poids des épis et voir les enfants africains ne plus souffrir de la faim.
Il s'agit de Jiang Heping, chercheur à l'Institut de l'économie agricole relevant de l'Académie des Sciences agricoles de Chine. Revenu depuis peu de temps du Zimbabwe, il a été envoyé 16 fois en mission d'études agricoles dans 13 pays africains.
Poser la première pierre angulaire
Pour Jiang, spécialiste en économie agricole, le premier contact direct avec l'Afrique date d'il y a huit ans. En septembre 2006, à la demande du gouvernement angolais, il a été envoyé, en tant que chef du groupe d'experts agronomes, en mission d'études agricoles dans quatre provinces de l'Angola par le ministère chinois du Commerce.
« La situation agricole locale était hors de mon imagination », a confié Jiang à CHINAFRIQUE en se rappelant ses premiers jours en Angola. « Les agriculteurs locaux n'avaient aucune idée de la diffusion des semences sélectionnées. Faute d'instruments aratoires, leur culture agricole était encore restée au stade primitif. »
À partir de son expérience acquise en matière de planification agricole, en se basant sur la réalité locale, il est parvenu à établir un plan de développement agricole pour les quatre provinces angolaises, qui leur permettrait d'obtenir les soutiens financiers de l'Union européenne et de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture.
« En tant qu'expert agronome, je me réjouis de les [les Africains] voir gagner des soutiens à l'échelle mondiale et de pouvoir appliquer nos acquis de l'expérience à l'agriculture africaine. »
En vertu de la décision prise lors du Sommet de Beijing du Forum sur la coopération Chine-Afrique tenu en novembre 2006, le gouvernement chinois s'est engagé à envoyer en Afrique 100 experts agronomes expérimentés et à construire dix centres de démonstration des techniques agricoles en trois ans. C'est dans ce cadre qu'en 2008, en qualité de chef du groupe d'experts, Jiang a été envoyé en Éthiopie, en République du Soudan et au Mozambique pour mener une étude de terrain.
« En Chine, pour promouvoir une nouvelle technique agricole, on commence souvent par un centre de démonstration avant de toucher à une région et même à une industrie. Nous voulions appliquer cette approche en Afrique », a expliqué Jiang.
Au cours de chaque étude sur le terrain, il n'a cessé d'échanger ses idées avec les responsables de l'agriculture locaux pour explorer un chemin de développement agricole propre aux pays étudiés. À la suite d'un travail acharné, il a réussi, en collaboration avec d'autres experts, à élaborer les rapports d'études et de faisabilité sur la construction de centres de démonstration des techniques agricoles pour les trois pays.
« Auparavant, nous avions besoin de fusils et de canons ; aujourd'hui, ce qui nous manque, ce sont des denrées alimentaires », Jiang se souvient encore du discours du ministre des Sciences et Technologies du Mozambique de l'époque, Venancio Massingre. « Nous remercions le gouvernement chinois et ses experts agronomes de nous aider à établir les centres de démonstration des techniques agricoles et à nous débarrasser du retard en matière de développement agricole. »
En tenant ce discours qui lui porte à cœur, il poursuit ses recherches sur le continent noir, même si ce chemin est couvert d'obstacles et de dangers.
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