He Liehui avec Abdoulkader Kamil Mohamed, Premier ministre de Djibouti
En janvier 2014 a été signé un accord de financement portant sur d'importants projets de développement infrastructurel entre la République de Djibouti et le groupe international chinois Touchroad. Le PDG de ce dernier est M. He Liehui, l'homme aimablement qualifié d'« ami des Africains » par le Président djiboutien, M. Guelleh.
Cependant, diplômé en droit de l'Université maritime de Shanghai (SMU) en 1999, M. He ne s'attendait pas à l'émergence, en dix ans à peine, de son empire commercial qui touche des domaines aussi divers que l'exploitation des ressources minières, le tourisme, les médias culturels, le secteur financier, les échanges commerciaux, etc.
Ce qui l'a surpris davantage, c'est que sa vie soit désormais intimement liée à l'Afrique, un continent qui lui paraissait si mystérieux et lointain.
L'honnêteté porte ses fruits
En 2000, quand il mit le pied sur la terre du Ghana, il n'avait que 700 dollars en poche. Ses premiers jours en Afrique étaient tellement pénibles qu'il se serra la ceinture en mangeant seulement de la pomme de terre au quotidien. Il fit du porte-à-porte du matin au soir dans l'espoir de vendre des vêtements qu'il avait apportés de Chine. Si difficile que soit cette aventure, M. He l'apprécia beaucoup. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a nommé sa fille « Ghana ».
Son activité prit un tournant en 2001 lorsqu'il reçut d'un commerçant nigérian un ordre d'achat de textiles estimé à 700 000 dollars. « Une telle somme d'argent était pour moi un chiffre astronomique », a-t-il dit.
À l'écoute de cette nouvelle, il retourna vite en Chine pour faire fabriquer ces textiles. En même temps, il se décida à fonder sa propre entreprise baptisée « Touchroad » (signifiant littéralement la route desservant le monde). À l'encontre de son attente, quand le plan de fabrication fut finalement achevé, le client réclama une compensation d'ordre de 200 000 dollars, en disant que ces produits ne correspondaient pas à ses exigences.
En effet, les Africains se basent plutôt sur leur sensation subjective que sur des critères spécifiques pour évaluer des produits. Selon leur contrat, M. He avait le droit de refuser de payer la compensation, mais il choisit d'admettre ses erreurs et de satisfaire à cette plainte.
« Je crois que l'honnêteté et l'intégrité tiennent la plus grande importance dans le monde des affaires », a-t-il expliqué. « Une entreprise estimée fiable bénéficiera de plus d'opportunités. »
Cette affaire lui a apporté une bonne réputation parmi les Nigérians. Touchés par sa probité, beaucoup d'entre eux vinrent faire du commerce avec lui et certains voulaient même payer d'avance.
L'amitié l'emporte sur l'intérêt
En s'intégrant progressivement à la vie locale, M. He a découvert une similarité entre les cultures chinoises et africaines : elles sont toutes les deux très attachées à l'amitié, si bien que la plupart des conflits peuvent être résolus par le moyen de la communication et de la négociation à la place du recours à la loi.
« En général, les commerçants africains font passer l'amitié avant l'argent. Ils n'hésitent pas à présenter leurs amis à leurs clients, même s'ils vendent les mêmes types de produits », a-t-il expliqué.
Persuadé que la bienveillance prime toujours sur l'intérêt, il se sent plus proche des Africains grâce à cette conviction similaire. Il se lie ainsi d'amitié avec beaucoup d'entre eux, dont un ami nigérian qui l'avait sauvé, en risquant sa vie, de la fameuse explosion d'un dépôt de munitions d'armes lourdes au cœur de la ville de Lagos en 2002, qui avait fait plus de 2 000 morts et plus de 1 100 disparus. Cette amitié l'a profondément touché.
À l'aide de ses liens étroits noués avec des Africains, tout en jouissant de sa bonne réputation, M. He a réussi à établir des relations commerciales avec plus de 25 pays africains et à voir les branches de son groupe s'implanter dans 8 d'entre eux.
Opposé à la chasse à la maximalisation des profits, M. He est toujours disposé à offrir de bonnes opportunités à autrui. Jusqu'à présent, plus d'un millier d'entreprises et d'individus chinois ont pénétré sur le marché africain grâce à son aide.
« Je tiens toujours à l'idée de partage, car personne ne saurait prétendre à monopoliser le monde. En partageant mes bénéfices avec autrui, je peux nouer des liens d'amitié avec des personnes qui m'apporteront davantage d'opportunités », a-t-il confié à CHINAFRIQUE.
Plate-forme formelle et informelle
Avec l'approfondissement des échanges économiques et commerciaux entre la Chine et l'Afrique, plus de gens viennent lui demander de l'aide. L'idée d'établir une plate-forme de communication lui est ainsi venue à l'esprit, d'où la création du fameux Forum Chine-Afrique sur l'investissement de Touchroad, qui réunit depuis 2008 à Shanghai des chefs d'entreprises africains et chinois.
« Je ne m'attendais pas à ce que mes amis africains y accordent un tel intérêt », a-t-il confié. En fait, cette rencontre est devenue le plus grand forum commercial sino-africain non-gouvernemental. Plus de 40 pays africains se sont déjà inscrits pour participer à la 5ème session du Forum de cette année qui aura lieu en Chine, et en Afrique pour la première fois.
Au cours de l'Exposition universelle tenue à Shanghai en 2010, il a accueilli des délégations en provenance d'une trentaine de pays africains. Certains officiels lui ont suggéré d'établir un centre africain et d'en faire une exposition universelle permanente. Persuadé par cette idée, il l'a concrétisée en faisant construire à Shanghai le Centre africain qui sera ouvert au public cette année. À l'heure actuelle, plus de 40 pays africains sont d'accord pour y implanter leur consulat et bureau de représentation. Le Centre vise à devenir une plate-forme à but non lucratif favorisant les échanges sino-africains dans divers domaines, y compris le commerce, les investissements, le tourisme, les affaires culturelles, etc.
« En améliorant ces deux plates-formes formelle et informelle – le Centre africain et le Forum – je voudrais contribuer davantage aux échanges Chine-Afrique », a-t-il dit en expliquant son projet d'avenir. « Étant donné que Touchroad va de pair avec l'économie africaine, nous intensifions nos investissements en Afrique, tout en créant plus d'emplois pour les habitants locaux. En parallèle, nous ferons tout notre possible pour promouvoir la communication sino-africaine. »
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