L'exposition « Le Thé, une culture partagée entre le Maroc et la Chine»

Le thé comme passerelle de l'amitié

Lors de la cérémonie d'ouverture de l'exposition le 25 novembre 2013, S.E.M Sun Shuzhong, Ambassadeur de Chine au Maroc, déclarait à l'Agence marocaine de presse que le thé pourrait servir de passerelle d'amitié entre les deux pays. Et pour cause, l'organisation conjointe de cette exposition n'est en fait que la première étape d'une coopération approfondie autour de la création d'un musée national du thé à Essaouira. Dès juin 2012, le gouvernement chinois s'était en effet engagé à accompagner le ministère de la Culture marocain et l'association Essaouira-Mogador dans ce projet, notamment grâce à l'apport de son expertise. Rappelons que la Chine est à ce jour le seul pays disposant d'un musée national du thé de renommée mondiale. Ouvert en 1991 à Hangzhou, dans la province du Zhejiang, il est géré par le plus important centre de recherche sur le thé en Chine. Cette dernière paraissait donc être le partenaire idéal.

L'avantage pour le Maroc réside dans la possibilité de valoriser son patrimoine national en ayant toutes les ressources nécessaires à disposition. Pour la Chine, ce partenariat est plutôt l'occasion d'afficher sa volonté de coopération accrue avec un pays offrant d'intéressantes possibilités d'investissement et d'échange dans des domaines tels que les infrastructures et le tourisme.

Vers une coopération accrue

La préface de l'exposition tenue à Essaouira indique qu'« en tant que messager de la paix, le thé jouera un rôle de plus en plus important dans les échanges économiques, politiques et culturels entre la Chine et le Maroc ». L'intégration de 71 pièces en provenance du musée national du thé de Hangzhou dans l'exposition constitue déjà une avancée significative en matière de coopération culturelle, tout comme la visite en Chine de spécialistes du thé marocains dans le cadre du partenariat portant sur la construction d'un musée du thé au Maroc. Lors d'un discours en décembre 2013, S.E.M. SUN Shuzhong appelait d'ailleurs à une multiplication des échanges autour des arts et de la culture.

Alors que les visites mutuelles de groupes artistiques entre les deux pays n'ont cessé de croître ces dernières années, l'éducation se trouve également au cœur de la coopération bilatérale. En témoigne l'existence de deux Instituts Confucius et dix pairs de villes jumelles au Maroc. En outre, le Forum d'Investissement Maroc-Chine organisé le 31 mars dernier à Casablanca dans le cadre de la visite d'une délégation de 80 investisseurs chinois au Maroc met en exergue un fort potentiel de coopération économique. Déjà présentes dans les domaines de la pêche côtière, la transformation plastique et la construction d'infrastructures routières, portuaires et de télécommunications, les entreprises chinoises s'intéressent aujourd'hui au secteur bancaire et aux nouvelles technologies.

Selon S.E.M. SUN Shuzhong, le volume commercial bilatéral sino-marocain s'est chiffré à 29,21 milliards de dirhams (3,59 milliards de dollars) en 2013, les exportations du Maroc vers la Chine représentant 2,9 milliards dirhams (360 millions de dollars), soit une augmentation de 20,9 % par rapport à l'année précédente. Malgré cette tendance à la hausse, les chiffres illustrent un déséquilibre majeur dans les échanges commerciaux entre les deux pays, et bien qu'elle soit bénéfique au développement des relations sino-marocaines, l'importation massive de thé vert chinois par le Maroc contribue à son déficit commercial. Au-delà d'une démarche de renforcement de la coopération, une stratégie de rééquilibrage commercial semble donc nécessaire pour pérenniser la relation amicale sino-marocaine et envisager l'établissement d'un véritable rapport gagnant-gagnant.