
Xu Qiping

L'artiste peintre Xu Qiping, cinquantenaire, a conservé sa silhouette d'antan. Son regard affectueux et sa voix douce rappellent ceux des femmes de son pays natal. Comme elle l'a dit, « je suis née dans le sud de la Chine, où les ruisseaux serpentant à travers les petits ponts et les abricotiers fleurissant sous la pluie printanière m'ont pourvue de beaucoup de sensibilité et de tendresse. »
Contre toute attente, ses tableaux, dotés de couleurs éclatantes, d'expressions exagérées et de figures déformées, ne font point penser à la délicatesse ni à l'élégance de la peinture traditionnelle chinoise. Rien d'étonnant à ce que M. Yin Shuangxi, un fameux critique d'art chinois, ait senti dans les œuvres de Mme Xu un air sauvage et primitif.
« Malgré mon apparence, au fond, j'éprouve une soif ardente pour la nature sauvage », a expliqué Mme Xu à CHINAFRIQUE. « C'est mon voyage en Afrique qui m'a donné une nouvelle impulsion et qui a réveillé mon instinct vital. Dès lors, j'ai pu lever mon masque, car je suis comme je suis. »
En quête d'une force spirituelle
Bien que son premier voyage en Afrique remonte à plus de dix ans, chaque fois qu'elle parle de cette expérience, elle éclate de joie comme si tout s'était passé hier.
Dans les années 1980 et 1990, la Chine a connu sa première vague d'industrialisation depuis l'application de sa politique de réforme et d'ouverture. Nombreux étaient ceux qui quittaient leur poste pour entrer dans les affaires. En ville, des immeubles modernes poussaient comme des champignons après la pluie à la place des maisons traditionnelles. Ces importants changements ont fortement influencé l'état d'esprit et la vision du monde des Chinois.
Dans sa ville natale nouvellement modernisée, les anciennes sources d'inspiration de Mme Xu comme les ponts en bois et les étangs de lotus au clair de lune disparurent peu à peu. En proie à un vide spirituel, cette dernière hésita même à poursuivre la pratique de son art.
Elle pensa donc à chercher une nouvelle force spirituelle. Contrairement à la plupart des artistes qui privilégient l'ambiance artistique de l'Europe, elle préfère l'Afrique, un terrain qu'elle considère « le plus primitif et donc le plus proche de l'âme ». Son choix est beaucoup apprécié par le fameux critique d'art chinois Jia Fangzhou. « Chercher sa source d'inspiration directement en Afrique sans l'intermédiaire des œuvres d'art occidentales nécessite un courage et une sagesse hors du commun », s'est-il exclamé.
En juillet 1999, elle a entamé trois mois de voyage en Afrique en quête d'un endroit proche de son âme.
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