« L'Afrique, mon second pays natal »
Le doré du désert, le bleu de la mer et le rouge des toits… Les blocs de couleurs ne se mêlent pas mais composent ensemble un tableau multicolore et ressemblent à la palette d'un artiste peintre. À la dernière lueur du crépuscule, vient une femme noire en rouge portant un pot en terre cuite sur la tête. À peine arrivée sur la terre sud-africaine, Mme Xu fut bouleversée par ce charme exotique.
Depuis son retour, elle se réveille souvent à minuit et a du mal à se rendormir. Les rêves portant sur son expérience en Afrique la hantent. Quelquefois, elle se lève pour s'installer dans son studio, cherchant à tracer ses souvenirs émouvants.
« Sans l'émotion, les expressionnistes n'arrivent pas à peindre, tout comme Chaïm Soutine saisi d'une impulsion névrotique et Vincent Van Gogh passionné pour la nature », explique M. Jia.
Mme Xu est juste une artiste comme telle. Alors, quelle aventure a pu l'enthousiasmer pendant une dizaine d'années ? En admirant son tableau intitulé Pêcheuse Jiya Gumu, M. Xu Jialu, président de l'Association de promotion de la culture chinoise (CCPS), qui s'est rendu en Afrique à 22 reprises, sait interpréter son émotion.
« L'artiste a sciemment oublié tout l'arrière-plan pour mettre en valeur une femme noire et tous ses biens – un petit chien, un vieux bateau et des poissons. Or, elle a l'air heureuse et ne semble pas s'inquiéter de la pollution de l'air ni de la flambée des prix immobiliers. C'est la vie. C'est l'optimisme. C'est le bonheur. »
Mme Xu a confié à CHINAFRIQUE que plusieurs de ses œuvres étaient cachées au public car elle redoutait parfois une incompréhension de la part de l'assistance, renvoyant au discours du philosophe français Blaise Pascal : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. »
Elle s'est souvenue d'un garçon qu'elle avait rencontré dans une tribu sud-africaine et qui restait sur un cocotier. « Pourquoi il ne descend pas ? », avait-elle demandé à son ami africain. Ce garçon était en fait malade. S'il y restait, c'est parce qu'il s'identifiait à ce cocotier qu'il connaissait depuis son enfance. C'est à côté de cet arbre qu'il se sentait calme. C'était sa vie.
Cette expérience lui a fait prendre conscience à quel point les Africains s'intègrent dans la nature. Ils sont tellement proches de l'univers que leur vie devient simple et légère.
En Afrique, Mme Xu a finalement trouvé sa « force spirituelle » et son « second pays natal ». Elle s'est exclamée : « J'ai deux pays natals, l'un dans le sud de la Chine, l'autre en Afrique. C'est celle-ci qui m'a accordé une deuxième vie artistique et qui m'a permis de comprendre ce qu'est l'art. Est-ce que ce n'est pas mon pays natal ? Si, c'est certainement mon pays natal. »
À son retour d'Afrique, elle a cessé d'imiter les œuvres de grands maîtres, devenant son propre maître. Elle illustre aujourd'hui ses propres émotions à travers la représentation de lèvres rouges, de gros seins, de fesses hautes et rondes, de fleurs éblouissantes, de dunes enflammées, d'un lac rose, etc.
Elle va continuer de peindre, a-t-elle dit. L'émotion reste effervescente, elle ne peut se séparer de son pinceau.
lixiaoyu@chinafrica.cn
Profil de Xu Qiping :
» En 2004, Afrique rouge, œuvre intégrée à la collection de la Guinée équatoriale
» En 2013, Expression sur l'Afrique du Nord, œuvre intégrée à la collection du ministère algérien de la Culture
» En 2014, participation à l'exposition d'art « Soins pour les animaux et amour de la nature »
» En 2014, voyage au Pakistan pour une visite de galeries d'art et d'expositions |