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Vol.4 août 2014
Éliminer les stéréotypes
Une femme ambitieuse du Zimbabwe cherche à promouvoir une Afrique positive en Chine
Liu Jian

Dr. Samantha Sibanda, Fondatrice de Appreciate Africa Network

 

Quand on parle de l'Afrique, ceux qui ne visitent jamais le continent pensent toujours à une image stéréotypée – la pauvreté, les maladies, les guerres et les animaux sauvages. Mais une femme âgée de 36 ans, Mme Samantha Sibanda, fondatrice de Appreciate Africa Network (AAN), veut changer la situation. « L'Afrique ne se résume pas [seulement] à la pauvreté, les maladies et les guerres. Il est vraiment regrettable de voir que quand je regarde la télévision ou lis l'actualité sur l'Afrique, il y a toujours des photos malheureuses et des mauvaises nouvelles », a-t-elle déclaré à CHINAFRIQUE.

« La vérité, c'est que la pauvreté est présente partout dans le monde, alors pourquoi les gens associent-ils toujours cette notion à l'Afrique ? N'y a-t-il rien de bon sur ce continent noir ? », s'est exclamé Mme Sibanda. À ses yeux, l'Afrique est belle mais pas encore appréciée. « L'hospitalité et les talents du peuple africain ont été pris pour acquis depuis trop longtemps. Il est temps d'éduquer les gens pour éliminer les stéréotypes négatifs sur l'Afrique », a-t-elle affirmé.

Agent du changement

Mme Sibanda est arrivée en Chine pour la première fois en 2007 pour ouvrir son commerce de vêtements destinés spécialement aux femmes corpulentes. Après des années de vie en Chine, elle a décidé de poursuivre ses études de MBA afin de savoir comment mieux faire des affaires dans le pays. La Chine s'est développée encore plus rapidement que les marchés émergents tels que le Brésil, la Russie, l'Inde et l'Afrique du Sud. Elle a donc choisi de s'y installer après ses études en 2013.

Cependant, elle ne savait pas à quel point il était difficile pour un Africain de trouver un emploi en Chine. « De nombreux employeurs font preuve de discrimination et ne veulent pas embaucher les Africains malgré leur talent. Nous voulons prouver que les Africains ne sont pas des personnes non instruites », a-t-elle dit. 

Mme Sibanda a constaté qu'à cause de ce stéréotype, les jeunes Africains qui vivent, étudient et travaillent en Chine commencent à mentir sur leur nationalité quand ils cherchent du travail. Pour remédier à cette situation, elle a créé l'organisation à but non lucratif AAN le 29 juin 2013.

L'objectif de l'AAN est de promouvoir la connaissance de l'Afrique, des Africains et de leur culture, ainsi que de mettre en valeur leurs contributions économiques et socio-culturelles en Chine. Mme Sibanda veut utiliser le réseau pour présenter une perspective prometteuse de l'Afrique à la communauté chinoise, en mettant l'accent spécialement sur la jeune génération émergente.

Elle a constaté que les programmes de télévision chinois comme ceux de CCTV présentaient surtout les animaux sauvages et la beauté de la nature africaine au public. « Il y a 54 pays sur le continent. Outre le Kenya, plus de pays africains doivent être présentés », a-t-elle dit, ajoutant que les médias chinois doivent également rapporter le mode de vie des Africains.

Rétablir la confiance

Sous le thème de « l'Afrique, ma famille, ma fierté », l'AAN a organisé un concours de présentation à Beijing, le 28 septembre 2013. Une trentaine d'étudiants africains effectuant leurs études dans des universités chinoises doivent ainsi présenter leur pays, leur culture et leur peuple pour partager la diversité du continent noir avec les Chinois.

Les « Prix internationaux pour les talents africains » font partie d'un autre programme lancé par l'AAN pour offrir une plateforme aux talents africains en Chine.

À la cérémonie de la remise des prix de cette année, le 29 juin 2014 à Beijing, 23 Africains et trois entrepreneurs chinois qui ont beaucoup contribué à la promotion de l'Afrique ont ainsi reçu un prix.

L'éducation comme outil

Mme Sibanda pense que tous les programmes de l'ANN sont caractérisés par un sens éducatif. « La mission de l'AAN est de promouvoir la connaissance de l'Afrique auprès du public », a-t-elle dit.

Pour le moment, l'AAN a lancé certains programmes pour présenter l'Afrique dans deux écoles internationales à Beijing. Les programmes concernent l'histoire, l'art, la culture, la musique et diverses langues africaines.

Mme Sibanda invite les jeunes Africains qui étudient et travaillent en Chine à faire preuve de courage en éduquant le public. Elle dit souvent que si les autres critiquent l'Afrique, c'est en large partie à cause de leur ignorance. Elle a déclaré : « Nous Africains ne devons pas rester dans le silence. Il est de notre mission d'éduquer les autres pour les aider à mieux connaître l'Afrique. »

Marque africaine

Selon ses propres expériences et observations, Mme Sibanda pense que la chose la plus difficile pour les Africains en Chine est d'obtenir un emploi. Elle a mentionné qu'il était facile pour les Africains d'obtenir un visa et de voyager en Chine, mais il est vraiment difficile de trouver un emploi, même pour les Africains instruits. Une partie de son plan est de lancer le programme nommé Africa's Got Talent. « Ce programme fera le lien entre des Africains talentueux et professionnels installés en Chine et des employeurs potentiels. Nous visons à faciliter les placements des demandeurs d'emploi africains dans le pays », a-t-elle dit, ajoutant que le but est d'établir un réseau de recrutement pour les Africains en Chine et en Asie.

Mme Sibanda a fait remarquer qu'il existait des quartiers chinois partout dans le monde, mais qu'en Chine, il n'existait qu'une seule communauté africaine, basée dans la ville de Guangzhou, au sud du pays. « J'espère que nous pourrons avoir des rues africaines à Beijing, où les Africains ouvriront leurs magasins.  

Le 29 juin dernier marquait le premier anniversaire de la création de l'AAN. La gestion de cette organisation n'est pas une tâche facile. Le plus grand défi réside dans le soutien. « Beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi je fais cela, et certaines personnes ne sont pas intéressées pour apporter un soutien. Les gens qui sont intéressés par l'Afrique préfèrent coopérer avec les ambassades plutôt qu'avec moi », a-t-elle dit.

Sans aucun sponsor, elle a dépensé environ 100 000 yuans (16 129 dollars) de sa propre poche pour mettre en place les programmes. Elle cherche le soutien de toutes les organisations et les personnes concernées.

Elle espère également collaborer avec les ambassades africaines en utilisant certaines occasions spéciales pour organiser des activités éducatives dans lesquelles les Chinois arrivent à en apprendre davantage sur l'Afrique.

Malgré de nombreux défis, Mme Sibanda estime que ses efforts sont significatifs. « Mon rêve est qu'en Chine et dans n'importe quel endroit dans le monde, les gens puissent apprécier l'Afrique et les populations africaines. Je sais que cela prendra du temps, mais peu à peu, nous pouvons y arriver », a-t-elle dit.

liujian@chinafrica.cn

 

 

 

 

 

 

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