En 2014, la province du Yunnan dans le sud-ouest de la Chine a fait parler d'elle à l'opinion internationale. Le samedi 1er mars quand 29 personnes sont mortes, suite à une attaque au couteau contre des voyageurs à la gare de Kunming, la capitale provinciale. Et plus récemment avec le tremblement de terre en début août et ses centaines de morts, blessés et sans abris. Mais le Yunnan, ce n'est pas que cela.
La province est le creuset de la tolérance multiethnique en Chine. C'est le laboratoire de la mixité chinoise où 26 des 56 ethnies vivent. Kunming a d'ailleurs deux principales attractions qu'il faut visiter pour s'en rendre compte. Le parc des minorités ethniques où l'on retrouve ces populations dans des habitats traditionnels, et le musée des nationalités.
La première structure donne à voir dans un espace commun la diversité pluriethnique du Yunnan avec, presque côte à côte, des campements de Mosuos, Shui, Pumi, Tibétains, Buyi, etc. L'étranger est happé par la richesse culturelle qui se dégage de cet environnement non moins artificiellement logé à Kunming, mais qui représente bien le vécu quotidien de ces peuplades chinoises. Le style des maisons, les produits alimentaires, la décoration intérieure et les fumets qu'on y trouve.
Au musée des nationalités, pas très loin du parc, il y a trois compartiments qui présentent chacun un des aspects des arts de vivre dans les ethnies. Elles étaient autrefois appelées nationalités pendant les périodes impériales. Et mis à part la région autonome du Tibet où les Tibétains sont majoritaires sur l'ensemble de la population de leur province, on parle de minorité ethnique en Chine par rapport aux Hans. Ceux-ci sont l'ethnie majoritaire dans toutes les autres provinces de la Chine.
Ainsi, dans le Yunnan, la province chinoise qui compte le plus grand nombre d'ethnies sur son territoire, le vêtement est le principal symbole d'identification. La manière de s'habiller, de se montrer à l'autre, traduit l'héritage culturel acquis et transmis de générations en générations. Quand on voit un Mandchou dans son vêtement Qipao, il est différent du Mongol dans sa tunique de chevalier des steppes. Il en est de même du Bai de Dali, du Naxi, du Yi ou du Zhuang. Tous sont différents et c'est le costume qu'ils portent qui marque cette différence. Le type de tissu, la manière de tisser la matière, la chaussure, le foulard, les bijoux, les bracelets, la ceinture, le pantalon... Bref, plusieurs éléments entrent en ligne de compte quand les ethnies chinoises arborent leurs habits pour marquer leur différence.
« Le costume est de ce fait un élément de revendication identitaire », a expliqué la guide du musée des nationalités de Kunming à CHINAFRIQUE le 22 juillet 2014. Certaines branches d'un groupe ethnique plus ou moins largement réparti dans un département ou un district font la promotion à outrance de leur mode vestimentaire. Ce d'autant plus que celui-ci varie souvent d'un lignage à un autre au sein d'une même ethnie. « Dès lors, profitant de la place que l'État accorde à la préservation des minorités, certains font du lobbying auprès du pouvoir central pour être reconnus comme minorité », indique la guide. Et c'est justement parce qu'aucune des 25 ethnies minoritaires du Yunnan ne dépasse les 30 % de la population totale de cette province (47 millions d'habitants en 2013) qu'elle n'est pas érigée en région autonome. On y compte néanmoins huit départements autonomes et plus de 100 districts autonomes.
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