
Anesu Mhembere répond aux questions des journalistes de CHINAFRIQUE, le 2 août 2014
Dans le cadre de sa politique de développement pacifique global, la Chine s'efforce de promouvoir sa culture et sa langue à l'international, notamment par le biais des instituts et classes Confucius, devenus un véritable outil de son soft power aux quatre coins du monde. D'après les statistiques du Hanban – bureau national pour l'enseignement de la langue chinoise rattaché au ministère chinois de l'Éducation – on dénombrait ainsi 440 instituts Confucius et 646 classes Confucius fin 2013, répartis dans 120 pays du monde. Si le nombre d'étudiants et de jeunes professionnels étrangers apprenant le chinois est en constante augmentation depuis plus d'une décennie, la concurrence sur le marché du travail est rude, et seuls les meilleurs brillent devant les recruteurs.
Le 3 août dernier, la crème de la crème se trouvait justement à Changsha, dans la province du Hunan, pour la finale de la 13ème édition de la compétition « Pont vers le chinois » – célèbre concours télévisé de langue et culture chinoises pour les étudiants étrangers du monde entier, plus connu sous l'appellation « Chinese Bridge ».
Cet événement haut en couleurs marquait l'aboutissement d'une série de sélections préalables organisées dans les 87 pays participants, puis à travers la Chine. Les 126 candidats ayant passé la sélection nationale ont ainsi pris part à diverses épreuves éliminatoires pendant tout le mois de juillet, à Xi'an dans la province du Shaanxi, Jingdezhen dans le Jiangxi, et Anhua dans le Hunan. Chacun des cinq continents était représenté tout au long des épreuves, jusqu'à la finale qui opposait l'Australie, le Brésil, la République de Corée, la Russie et le Zimbabwe.
Organisée par le Hanban depuis 2002, l'émission Chinese Bridge constitue un véritable tremplin et un moteur de changement pour les finalistes qui se voient offrir une bourse universitaire pour continuer leurs études en Chine. Si l'édition 2014 a été marquée par la victoire de la jeune Brésilienne de 18 ans Monica Cunha da Silva, elle a aussi permis de mettre en avant des talents africains passionnés par la Chine et promis à un brillant avenir.
Le Zimbabwe en finale
CHINAFRIQUE a rencontré Anesu Mhembere, finaliste africain de la 13ème édition du Chinese Bridge, lors des répétitions du 2 août 2014, soit la veille du tournage de la finale. Ce jeune Zimbabwéen a choisi d'axer ses performances linguistiques et artistiques autour du kung-fu, tout en apportant une touche personnelle représentative de sa propre culture. En plus d'intégrer des mouvements de danse à sa démonstration d'arts martiaux, il a également fait le pari audacieux de présenter le kung-fu à travers une chanson de rap, en chinois.
Lors de la finale, le jury a ensuite demandé au jeune homme de présenter les deux principales significations du mot gongfu en chinois. Si la correspondance avec le terme kung-fu est évidente pour la plupart des sinophones, l'expression renvoie également à une notion moins connue : le temps libre. Après seulement deux ans d'apprentissage du chinois au Zimbabwe et un mois de cours à l'université Renmin à Beijing en 2013, Anesu a démontré sa bonne maîtrise du mandarin en donnant des exemples pour chaque contexte.
« En participant à cette compétition, mon but était d'entrer dans le Top 5 pour maintenir le niveau de l'an dernier [le Zimbabwe avait intégré le Top 10 en 2013], et faire la fierté de mon pays », a-t-il confié.
Si le jeune homme travaille actuellement dans une banque en parallèle de ses études de chinois au Zimbabwe, il aspire à un avenir tout autre. « Mon rêve est de devenir un pont entre la Chine et l'Afrique, c'est pourquoi je veux venir en Chine et étudier les relations internationales », a-t-il déclaré avant de s'exclamer le sourire aux lèvres : « Je veux faire de la politique et entrer au gouvernement. Lorsqu'on maîtrise bien le chinois, des opportunités s'offrent à vous. Qui d'autre au gouvernement finira ambassadeur du Zimbabwe en Chine ? »
Un projet ambitieux qui n'est pas sans rappeler celui de la finaliste africaine en 2012, la Malgache Isaia Herimialy Ratsizakaina. Deux ans après son passage remarqué dans la 11ème édition du Chinese Bridge, cette dernière a été invitée à partager son expérience sur le plateau de la finale 2014. À sa grande surprise, elle a alors été rejointe par le professeur de chinois qui a changé sa vie. Des retrouvailles très émouvantes renvoyant à un parcours exceptionnel et une expérience profondément marquante.
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