 |
Un bas-relief représentant un phoenix est fait de composants de machines textiles, au musée de l'héritage industriel de Xi'an, dans la province du Shaanxi, établi dans une ancienne usine textile ayant fait faillite |

À quelques kilomètres à l'est du quartier d'affaires de Beijing se trouve Legend Town, un parc des industries créatives et culturelles créé dans une ancienne usine textile.
Dans les années 1950, l'usine textile no2 de Beijing se trouvait sur ce terrain. C'était la plus grande usine du secteur en Chine, et la première à utiliser des équipements conçus dans le pays.
Après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, Beijing s'est concentré sur le développement industriel et a bâti de nombreuses usines. À la fin des années 1980, la grande capitale a commencé à ajuster sa structure industrielle en relocalisation de nombreux lieux de production, dont la totalité des usines textiles, hors du centre-ville. Les anciens sites de ces usines sont devenus des lotissements résidentiels ou des bureaux haut de gamme.
L'ancien site de l'usine textile no2 a connu le même sort, mais il a eu un peu plus de chance que les autres, car un plan spécial a été créé pour sa reconversion. Le complexe désaffecté a ainsi été transformé en parc haut de gamme des industries créatives et culturelles, ciblant principalement les médias et les maisons d'édition, tout en préservant l'histoire du lieu.
Le célèbre architecte Kengo Kuma a été choisi pour la supervision du projet. Il s'est efforcé de transformer l'usine tout en gardant ses caractéristiques architecturales d'origine.
Les vieilles structures ont été renforcées pour correspondre aux normes actuelles et pour les rendre résistantes au risque sismique. Les infrastructures comme le système d'épuration ont également été modernisées.
Le nom de Legend Town a été annoncé à la fin du projet de rénovation, en mars 2011. Aujourd'hui, ce nom est synonyme de préservation réussie du patrimoine industriel.
Des sites à l'abandon
Lorsque l'on parle de patrimoine culturel, les gens ont tendance à penser aux vestiges très anciens. Les sites industriels sont généralement vus comme des lieux de travail, pas comme des sources de patrimoine. C'est pourquoi la préservation de ces sites est souvent négligée.
Au cours des dernières années, un nombre croissant de structures industrielles traditionnelles sont tombées dans l'oubli. Avec la flambée des prix de l'immobilier et la grande vague de développement de l'immobilier commercial, plusieurs usines obsolètes ont été détruites.
Shan Jixiang, conservateur du Musée du Palais de Beijing, plus connu sous le nom de Cité interdite, et ancien directeur de l'Administration d'État du patrimoine culturel, souligne que le patrimoine industriel disparaît plus rapidement que les autres sites historiques.
« Le patrimoine industriel est un élément important de notre héritage culturel. Nous devons y accorder notre attention et le protéger comme les autres vestiges historiques », juge-t-il.
M. Shan a indiqué que le patrimoine industriel peut être défini au sens strict par les vestiges industriels créés après la Révolution industrielle, notamment les sites, les structures architecturales, les paysages, les machines, les documents et les autres objets qui ont été témoins des procédés de production passés ou présents. Cela englobe le traitement et le raffinage des matières premières, la circulation des marchandises, la production, la transmission et l'utilisation d'énergie, ainsi que les transports et leurs infrastructures.
Au sens plus large, le patrimoine industriel inclut également les sites de transformation, les mines et les ateliers d'artisanat en usage avant la Révolution industrielle, dans lesquels il faut prendre en compte les projets hydrauliques préhistoriques et les anciens sites d'extraction et de production d'objets en pierre, selon M. Shan.
« Depuis l'avènement de la Révolution industrielle, les activités de production ont redessiné les paysages urbains. En raison de l'ajustement structurel, certaines industries sont tombées en déclin et leurs sites de production ont été abandonnés. Cependant, elles ont laissé derrière elles un patrimoine industriel de grande valeur historique et culturelle », observe Yu Kongjian, doyen de l'École d'architecture et de paysagisme de l'Université de Pékin.
La révolution industrielle chinoise a commencé dans la seconde moitié du 19ème siècle et a créé un patrimoine industriel multiforme.
Aujourd'hui, en Chine, on accorde trop peu d'attention à la protection du patrimoine industriel, fait remarquer Zhang Tinghao, ancien président de l'Académie chinoise du patrimoine culturel. « Si rien n'est fait, une grande partie des vestiges industriels disparaîtra. Lorsque les gens réaliseront leur valeur, ils seront pris de remords », a-t-il déclaré aux conseillers politiques du gouvernement lors d'une réunion organisée durant la session plénière du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois en mars dernier.
M. Zhang estime que pour les ouvriers et les citadins, ces usines et machines représentent plus que des briques et de l'acier, elles montrent comment de nombreuses générations de Chinois ont travaillé dur pour réaliser leurs rêves.
|