Un homme sort des produits finis en procelaine d'un four à céramique datant de l'époque des Ming (1368-1644) à Jingdezhen, dans la province du Jiangxi, le 14 juin, le jour de l'héritage culturel de Chine

Avancées progressives

Le 29 mai, le Comité du patrimoine industriel de la Société des vestiges culturels de Chine a été établi, marquant une étape importante dans la protection du patrimoine. Le comité, dont les membres sont des experts de la protection des reliques culturelles, de la planification urbaine, du design architectural, ainsi que du développement et de l'exposition de la culture, s'efforcera de trouver des solutions adaptées pour protéger et utiliser les sites du patrimoine industriel.

M. Shan, également président de la Société chinoise des vestiges culturels, a prononcé un discours lors de la cérémonie d'inauguration du comité. Il a souligné que la protection du patrimoine industriel est importante pour garder l'histoire et le caractère unique de chaque ville.

« Le patrimoine industriel est un élément de la vie humaine, il a une valeur historique, sociale, scientifique, technologique et économique », fait remarquer M. Shan. « Il peut avoir une valeur esthétique considérable grâce à la qualité de son architecture, de son design ou de sa planification. »

Selon M. Shan, les sites du patrimoine industriel ont des caractéristiques différentes, car ils ont été conçus pour divers objectifs et dans des styles différents. Ils représentent le progrès technologique, ainsi que les paramètres régionaux et historiques de différentes époques, et ils transmettent un patrimoine culturel immatériel avec des artefacts et des coutumes spécifiques.

Le concept de protection du patrimoine industriel est nouveau pour les Chinois. « Dans ce domaine, nous avons 20 ans de retard par rapport aux pays européens », a observé Wen Zongyong, président de l'Institut de topographie et de cartographie de Beijing.

Les efforts internationaux de protection de cet héritage ont commencé dans les années 1970. En 2003, le Comité international pour la conservation du patrimoine industriel a adopté la charte Nizhny Tagil, qui définit le patrimoine industriel et est devenue le document de référence pour les efforts de protection dans le monde entier.

En novembre 2011, la 17ème Assemblée générale du Conseil international des monuments et des sites a adopté les Principes de Dublin, qui édictent les normes à respecter pour la conservation du patrimoine industriel.

En réponse aux efforts internationaux dans ce domaine, en avril 2006, les autorités chinoises chargées de la préservation des vestiges culturels, les représentants des villes au patrimoine industriel riche et les experts de ce domaine se sont réunis à Wuxi, dans la province orientale du Jiangsu, pour marque la Journée internationale des monuments et des sites, sur le thème du patrimoine industriel. Wuxi est le berceau de l'industrie traditionnelle et des entreprises de canton de Chine. Les participants ont élaboré les Propositions de Wuxi pour l'inscription du patrimoine et sa protection en Chine.

En 2013, 4 295 grands sites de vestiges culturels en Chine, 329 étaient des sites du patrimoine industriel, dont 245 au sens large et 84 au sens strict.

La même année, la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO comprenait 50 sites du patrimoine industriel dans 25 pays. Le système d'irrigation de Dujiangyan, vieux de deux millénaires, qui se situe dans la province du Sichuan, est le seul site industriel chinois inscrit sur la liste. Les sites du patrimoine industriel constituent seulement 5 % du total des sites reconnus par l'UNESCO.

Maintenant que la Chine promeut le progrès écologique, l'urbanisation et la construction d'une société modérément prospère, elle attache une importance croissante à la conservation de son patrimoine industriel.

Des sites réutilisables

La valeur de réutilisation du patrimoine culturel est plus élevée que les autres formes de patrimoine, souligne Dong Wei, professeur d'architecture à l'Université du Sud-Est de la Chine à Nanjing. Par conséquent, ces sites peuvent être préservés de manière différente.

Ces dernières années, la Chine a réussi plusieurs projets de protection de son patrimoine industriel. Certains des anciens fours à céramique de Jingdezhen, dans la province du Jiangxi, ville connue comme la capitale de la porcelaine du pays, ont été placés sous protection tout en restant en opération. Les plus anciens fourneaux ont plus de 1 000 ans.

Le quartier artistique 798, qui regroupe un grand nombre de galeries d'art contemporain à Beijing, est une zone reconvertie d'anciennes usines construites dans les années 1950. Un château d'eau proche de Dongzhimen dans le centre-ville est devenu le Musée de l'eau du robinet de Beijing.

Bien que certains sites aient été réutilisés, des problèmes sont survenus. Zhan Erpeng, inspecteur adjoint du Bureau de planification urbaine de Qingdao, dans la province côtière du Shandong, a déploré que les sites soient parfois utilisés comme une vitrine publicitaire, tandis que leur fonction de transmission culturelle est marginalisée.

La protection du patrimoine industriel ne devrait pas être considérée comme une tendance passagère, et la méthode de préservation devrait être adaptée et plus imaginative, juge Yu Kongjian de l'Université de Pékin, l'un des principaux rédacteurs des Propositions de Wuxi.

À l'heure actuelle, l'une des plaintes les plus courantes parmi les experts de la conservation est que la réutilisation des sites industriels est principalement orientée vers leur transformation en musées et en parcs des industries créatives, ou même vers le développement d'espaces commerciaux.

Les modèles de la conservation du patrimoine industriel devraient être diversifiés et ingénieux, a souligné Dong Wei de l'Université du Sud-Est. Il a suggéré que les sites soient utilisés de manière adaptée et durable, et que le développement urbain soit associé à la conservation, pour que les souvenirs anciens puissent continuer à exister au milieu des villes en construction accélérée.

M. Shan a jugé que la protection du patrimoine industriel devrait se conformer à trois règles. Premièrement, que les sites soient rénovés et rendus attractifs. Deuxièmement, qu'ils soient utilisés pour promouvoir le développement social et économique. Et enfin, qu'ils bénéficient au grand public.

« C'est seulement lorsque les gens bénéficient de la protection du patrimoine industriel qu'ils s'y investissent », a-t-il observé.