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Un professeur volontaire de Protecting Girls donne un cours dans une école primaire à Beijing |

De plus en plus d'actions sur le terrain
La fréquence des cas de violences sexuelles a attiré l'attention des autorités. Le 24 septembre 2013, le ministère de l'Éducation, le ministère de la Sécurité publique, le Comité central de la Ligue de la Jeunesse communiste de Chine et la Fédération nationale des Femmes de Chine ont publié une note demandant aux services éducatifs locaux de mettre en place des cours et de distribuer de la documentation sur cette question.
Les organisations sociales agissent aussi, comme le montrent les initiatives de Protecting Girls.
Le programme a été lancé par 100 femmes journalistes chinoises en juin 2013 après une longue série de cas de violences sexuelles cette année-là. Il vise à sensibiliser les enfants sur les moyens d'éviter les violences sexuelles, surtout en faisant en sorte qu'ils sachent comment se protéger de telles attaques.
« Le défi le plus difficile à surmonter est d'enseigner dans les régions rurales, où il existe un grand nombre d'enfants de travailleurs migrants. Les autorités locales qui nous ont contactés dans ces endroits ne sont pas nombreuses », regrette Sun Xuemei, une des initiatrices du programme. « Un autre problème, c'est qu'il n'y a pas suffisamment de volontaires parmi les enseignants », poursuit-elle. Le programme a constitué ses propres documents, révisés près de 40 fois par plus de 20 experts de la protection de l'enfance. Le 23 juillet 2014, près d'un millier d'enseignants volontaires avaient été formés, informant plus de 100 000 enfants dans plus de 20 provinces, notamment le Shandong, le Zhejiang et le Yunnan. Plus de 120 000 brochures ont été distribuées pour prévenir les violences sexuelles.
Des insuffisances légales
La sensibilisation à la prévention des violences sexuelles s'accompagne d'une amélioration du cadre légal pour punir plus durement les criminels.
Lors des deux sessions annuelles de l'Assemblée populaire nationale (APN) et de la Conférence consultative politique du Peuple chinois (CCPPC) en mars 2014 a été proposé d'abroger la loi qui traite tout rapport sexuel avec une prostituée mineure comme un délit séparé, estimant qu'il s'agit d'un crime équivalent au viol d'un enfant qui doit être puni comme tel.
La loi stipule actuellement qu'un rapport sexuel avec une prostituée de moins de 14 est passible d'une peine maximale de 15 ans de prison, alors qu'un violeur d'enfant encoure la peine capitale.
Zhu Zhengfu, membre du Comité national de la CCPPC, a critiqué la pénalisation des enfants de moins de 14 ans contraints de se prostituer, disant que la loi les considère de manière incorrecte comme des prostitués, et non pas comme des enfants victimes de viols.
La motion n'a cependant pas été retenue, la Commission du système juridique de la CCPPC estimant en effet que la loi en elle-même n'est pas mauvaise, mais qu'elle est mal appliquée dans les cas de viols. L'application de la loi doit être supervisée de manière plus stricte pour garantir la justice. La commission a néanmoins fait savoir que ces suggestions seront prises en compte lors de la révision et de l'amélioration du Code pénal.
Le rôle de l'école et des parents
Dans un tel contexte, il revient aux parents et à l'école de jouer un rôle dans la protection des enfants contre les violences sexuelles.
« Les parents doivent donner à leurs enfants l'éducation sexuelle nécessaire », estime Sun Yunxiao.
Et d'ajouter qu'ils doivent dire aux enfants dès le plus jeune âge que personne ne peut toucher leur corps, notamment leur sexe. Le sachant, les enfants pourront crier si quelqu'un tente de les violenter et ainsi dissuader leurs agresseurs.
Les parents dont les enfants ont été victimes de violences doivent contacter la police. Ils doivent aussi conserver les preuves, notamment les vêtements que les enfants portaient lors de l'agression.
Les enfants doivent aussi être encouragés à parler à ceux auxquels ils font confiance plutôt que de cacher le fait qu'ils ont été victimes de violences sexuelles. Certaines filles dans ce cas ont trop honte pour en parler à leurs parents. L'éducation sexuelle peut permettre de modifier cet état d'esprit.
Pour Shi Weizhong, un haut responsable du Parquet populaire suprême de Chine, les écoles doivent aussi renforcer les mesures de protection. « L'administration des écoles doit patrouiller régulièrement dans les classes et équiper les dortoirs de protection car de nombreuses attaques ont lieu dans les classes et les dortoirs », souligne-t-il.
Pour dissuader les enseignants de se livrer à des violences sexuelles, il faut placer la barre plus haut en termes d'éthique lors du recrutement et les former dans ce sens.
« Nous devons faire confiance aux enseignants, mais les contacts entre eux et les élèves doivent être limités. Par exemple, les enseignants doivent donner des cours particuliers dans leur bureau, la porte ouverte, pas dans les dortoirs », conclut Sun Yunxiao. |