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Des étudiants étrangers apprennent à faire des raviolis chinois pendant le Nouvel An chinois à Tianjin le 17 février |
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Un étudiant étranger danse avc des locaux lors d'une fête du temple traditionnelle à Tianjin le 16 février |
Une fête sans éclat
À l'âge de 14 ans, le Gabonais Luc Bendza, passionné par les films de Bruce Lee, a décidé d'aller en Chine pour y apprendre les arts martiaux. 30 ans après, il parle couramment chinois et affirme à CHINAFRIQUE : « la Chine est devenue mon pays d'adoption. »
Il y a huit ans, Bendza a épousé une Chinoise originaire de la province du Hebei, et il est aujourd'hui père d'un garçon de trois ans. Chaque année, il va avec son épouse à Shijiazhuang (capitale du Hebei), chez ses beaux-parents, pour fêter le Nouvel An chinois.
Pour Luc, la fête du Printemps est un moment de réunion. « On profite de cette période pour relâcher la pression et pour oublier tous les soucis de l'année passée », explique-t-il.
Bendza a adopté la culture chinoise. « Nous ne devrions pas voir négativement les cultures étrangères. Au contraire, nous devrions apprendre à apprécier les autres culture et à nous y intégrer », affirme-t-il.
Pourtant, ces dernières années, il a remarqué que la fête du Printemps devenait de plus en plus monotone. « À part la visite des amis et des parents, il n'y a pas grand-chose d'autre à faire que manger, dormir et regarder l'émission télévisée de la fête du Printemps », ajoute Bendza.
Il note également qu'aujourd'hui, beaucoup de jeunes sont plus intéressés par les fêtes occidentales comme Noël ou la Saint Valentin que par la fête du Printemps. « Le Nouvel An chinois, comme l'Opéra de Pékin et les arts martiaux, est l'un des symboles de la culture traditionnelle chinoise », s'exclame-t-il. « Mais cette fête est maintenant négligée, alors que la culture américaine gagne du terrain en Chine comme dans le monde entier. Cela mérite réflexion. »
Bendza raconte aussi que cette année, beaucoup de ses connaissances ont envoyé des « enveloppes rouges » (somme d'argent que l'on offre traditionnellement aux amis et parents lors du Nouvel An) via l'application mobile WeChat, très populaire en Chine. « Auparavant, les gens étaient habitués à se rendre visite les uns les autres pour souhaiter la bonne année, alors qu'aujourd'hui, beaucoup de jeunes se contentent d'offrir des enveloppes rouges via Internet. Cela réduit l'intérêt de la fête », affirme-t-il.
Cette remarque rejoint l'opinion de Wan Jianzhong, directeur de l'Institut du folklore et de l'anthropologie culturelle, à l'Université normale de Beijing. « Si la fête du Printemps a aujourd'hui perdu de son intérêt, c'est que les relations sociales sont devenues trop impersonnelles », explique M. Wan.
D'après lui, la fête du Printemps était traditionnellement une occasion pour les familles de se retrouver et de consolider leurs liens. Mais aujourd'hui, les liens se sont distendus. En outre, en raison de l'amélioration des conditions de vie, les plats consommés lors du Réveillon cessent d'être des plats d'exception dont on ne peut profiter qu'une fois dans l'année.
Cependant, M. Wan reste optimiste. La technologie, affirme-t-il, apporte de nouvelles possibilités et contribue à diversifier la fête du Printemps. « Les Chinois sont convaincus que l'année à venir sera meilleure », conclut-il. « Et la fête du Printemps restera toujours un moment de joie et de réunion familiale. »
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