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Scène d'un sketch présenté par les finalistes, représentant la visite de Marco Polo à la court de Kublai Khan |
Les touristes retournent d'un voyage en Chine avec des aventures, des histoires et des souvenirs. Samuel Fru Asanji a quelque chose de plus : un père chinois.
Le fils d'un ingénieur en électronique à la retraite, à Bamenda au Cameroun, est ravi de son acquisition : « Tong Muzi est mon père chinois », dit l'exubérant jeune homme de 22 ans, en embrassant le gentleman chinois à lunettes étonné de toute cette attention. « Il a été mon mentor pendant tout mon séjour. Je pouvais le réveiller au milieu de la nuit si j'avais besoin de quelque chose. Il était toujours là pour moi. »
Asanji était l'un des milliers de Camerounais nouvellement diplômés qui cherchaient un emploi. Il est devenu une vedette en Chine, suivi de centaines de fans à travers les réseaux sociaux, grâce à une émission de télé-réalité des plus populaires en Chine.
Au début, en 2002, personne n'aurait pensé que l'émission « Chinese Bridge », une compétition de langue chinoise pour les étudiants étrangers, serait suivie avec enthousiasme dans le monde. Après tout, organisée par le département général de l'Institut Confucius et le gouvernement provincial du Hunan, la compétition repose sur un difficile exercice académique pour choisir les candidats étrangers qui connaissent le mieux la langue et la culture chinoises. La 14e édition du concours, cette année, a retenu des étudiants de 97 pays et régions. À partir de mars, les éliminatoires régionales ont réduit la liste à 133 candidats qui furent alors envoyés en Chine pour un mois afin de prouver leur compétence en chinois.
Une nouvelle passion
Il aurait été inconcevable que des centaines de jeunes du monde abandonnent leurs études régulières pendant des mois pour suivre une préparation rigoureuse en chinois, une langue considérée difficile à maîtriser, assortie d'une formation en histoire, géographie, commerce et style de vie. Et les prix à gagner ne sont pas des contrats de millions de dollars offerts par la télévision-réalité, ni des voitures de luxe, ni même une garde-robe de designer. Les gagnants remporteraient une bourse d'études – oui, pour approfondir leur connaissance du chinois en Chine.
Dans d'autres concours académiques, comme les Olympiades de mathématiques ou le concours d'épellation des États-Unis, on ne voit pas de vedettes de l'écran ou de la scène associées à la compétition, ni de jeunes veiller jusqu'à minuit pour célébrer avec leurs concurrents préférés, ou des jeunes filles se photographier avec les gagnants au moyen d'un selfie.
Mais tout cela se produit lors du concours « Chinese Bridge », qui est devenu une sorte de mixte entre America's Got Talent et le British Big Brother, avec un petit goût de cérémonie des Oscars.
Petra Thiel, sinologue de l'Institut Confucius de l'Université de Heidelberg et l'une des quatre juges à la finale du 2 août, explique la raison de tant de dynamisme. « Ce n'est plus seulement un exercice de langue chinoise, dit-elle, mais un ensemble de performances sur scène et de connaissances de la vie quotidienne en Chine, ce qui compte autant que l'aptitude en langue chinoise. J'ai été étonnée du haut niveau de certains concurrents. »
Les 133 concurrents ont visité diverses villes chinoises, des sites culturels, et ont vécu dans des familles chinoises afin de goûter la saveur authentique de la culture chinoise. Les six finalistes ont été choisis autant pour leur habileté en langue que leur performance en musique, danse et présence sur scène.
En mai, le concours a fait la une en Afrique, surtout en Afrique du Sud et au Cameroun, quand la liste des candidats retenus au deuxième tour est apparue. Lors d'une activité organisée par l'Institut Confucius sur le campus de l'Institut des relations internationales du Cameroun, Asanji a battu dix concurrents de haut niveau pour remporter la victoire.
Bien qu'il eût étudié le chinois pendant seulement dix mois, Asanji a accompli un progrès remarquable en dépassant les neuf autres. Cette étape incluait aussi la candidate Mogolo Kepalotse Ramalebang, 28 ans, du Botswana, qui avait commencé à étudier le chinois pour pouvoir communiquer avec la famille de son ami.
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