Au cours de la décennie 1990, peu après mon arrivée en Chine, on parlait beaucoup de faire de Chine « un pays gouverné par la loi ». Pour l'Occidentale que je suis, c'était surprenant; qu'y avait-il donc « avant » ? Eh bien, il y avait la morale, et la tradition.
En Occident, avant d'assurer un bâtiment de logement ou de commerce, la compagnie envoie d'abord des inspecteurs s'assurer que les règlements de sécurité sont respectés. Donc, si un accident se produit, ce sera véritablement un accident imprévisible.
Tianjin, août 2015 : Une explosion a lieu, faisant plus de 160 morts et plus de 700 blessés. Divers produits dangereux et inflammables étaient entreposés sur les lieux, en quantité jusqu'à 30 fois plus élevée que la limite normale.
Chine de l'Est, octobre 2013 : un pont s'effondre sous le poids des touristes. Le pont était limité à quarante passants. Les guides touristiques auraient fortement mis en garde les touristes, qui auraient choisi d'en faire à leur tête.
Juillet 2011 : un dramatique accident a lieu sur une ligne ferroviaire à grande vitesse. On accuse la foudre et d'autres causes, mais il semble qu'au fond des choses il y ait eu erreur humaine.
Juin 2013 : un abattoir de volailles dans le nord-est du pays s'est entièrement consumé, causant la mort de 121 personnes. L'incendie avait débuté dans un atelier dépourvu d'issue de secours praticable.
Janvier 2015, Beijing : une rue s'effondre dans un quartier de siheyuan (maison traditionnelle à cour carrée) sous lesquels on avait creusé à une profondeur de 18 mètres pour construire illégalement des logements illégaux. Le trou de 10 mètres de diamètre a fait s'écraser quatre maisons et a rendu instable un grand bâtiment des alentours. Permis de construction ? Jamais obtenu ni même demandé.
L'effondrement d'une rue, qui a fini par engloutir les voitures sous les yeux des passants, s'est produit aussi à Baltimore. Mais pourquoi ce genre d'accidents est-il de beaucoup plus fréquent en Chine ? On joue avec la chance, le hasard, et la vie des gens.
Les exemples sont innombrables. Les accidents sont, pour la plupart, dus à un défaut de construction ou d'utilisation ; au manque de mesures de prévention et de protection ; ou à un défaut d'observation des règlements. Dans un grand pays comme la Chine et en plein développement, il est inconcevable que les normes de sécurité soient encore prises à la légère, quand elles ne sont pas totalement ignorées.
Pendant des années, quand je cherchais la ceinture de sécurité dans un taxi, le chauffeur me disait de laisser tomber, que ce n'était « pas nécessaire ». Et combien de fois n'ai-je pas demandé à un chauffeur qui doublait à droite, ou effectuait un virage en U sur une double ligne jaune, si cela était permis en Chine (histoire de me moquer, bien entendu) pour m'entendre répondre que « c'est permis s'il n'y a pas de policier dans les parages. »
Donc, on associe la contravention aux lois non pas à une entorse à la sécurité, mais au jeu de « ne pas se faire prendre ».
Le 1er janvier 2014 devenait obligatoire, à Beijing, le respect des feux de circulation. Dès les premiers jours, des billets de contravention étaient émis aux piétons qui s'acheminaient sur la chaussée au feu rouge. Mais pas longtemps après, la police a relâché son attention, et l'on traverse de nouveau n'importe où et n'importe quand. Pour être honnête, je dois ajouter qu'il y a eu tout de même une amélioration dans ce domaine ; plusieurs ont compris la leçon.
Souvent, quand je visite des amis, urbains ou ruraux, je vois des installations dangereuses de fils électriques, ou des produits explosifs entreposés près d'une source de chaleur ; je le signale, gentiment, aux gens concernés. Mais ils me répondent avec le plus beau des sourires : Mei you wenti (pas de problème) ! Les Chinois auraient-ils trop confiance en leur bonne étoile ?
Les lois ne doivent pas rester dans les livres ; elles doivent être respectées par les citoyens pour le bien de qui elles sont émises, et appliquées par la législature qui les a établies, c'est-à-dire que des sanctions doivent être imposées sans merci aux contrevenants. On parle aujourd'hui d'une amende de 5 millions de yuans imposée à huit usines qui ont gravement pollué le désert de Tengger, en Mongolie intérieure. C'est encore bien peu… Ce n'est qu'un « avertissement », et ces coupables ne doivent pas s'en tirer à moins.
Et vous, qu'en pensez-vous ?
