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Assister à un banquet en Chine, ou tout repas en groupe se convertit facilement en banquet, c'est une occasion de manger, mais aussi surtout de boire.
Souvent, la table est mise avant l'arrivée des convives. On remarque une série de verres à eau, de gobelets à thé, de coupes à vin, et de verres minuscules pour le bái jiŭ.
En Occident, si l'on vous demande de l'eau, vous y ajouterez probablement des glaçons. En Chine, on sert de l'eau chaude même en pleine canicule. Conditionner l'intérieur de l'organisme à la température extérieure est la meilleure façon de ne pas souffrir des inconvénients de la chaleur ou du froid. Cette bonne habitude de boire chaud et de consommer la pastèque tempérée se perd chez les jeunes depuis que les réfrigérateurs sont dans tous les foyers.
Le bái jiŭ (ou alcool blanc) est la boisson traditionnelle qui, depuis des temps immémoriaux, réchauffe l'âme et le corps des Chinois, mate leur timidité, enfle leurs compliments ; bref, c'est l'essence qui met en marche le moteur de la bonne humeur sociale.
Il est important que les convives se prêtent au geste symbolique de faire cul sec à la santé de l'un et de l'autre. La capacité des « dés à coudre » permet de porter autant de toasts qu'il y a de bonnes raisons de souligner quoi que ce soit.
Plus les Chinois s'habituent à la présence d'étrangers à leur table, plus ils deviennent condescendants envers notre manque d'habitude à absorber tant d'alcool en si peu de temps. Ainsi, vos hôtes vous diront : « Si vous ne pouvez faire cul sec, buvez ce que vous pouvez », et ils se montreront bienveillants surtout envers les dames. Je vous suggère un truc qui plait à tout coup : dites à vos amis chinois que vous désirez absolument les accompagner dans leurs gān bēi, et qu'afin que vous puissiez vider votre coupe, il vaudrait mieux ne pas la remplir jusqu'au bord. Vous les verrez honorés de votre effort.
Attention ! Il se peut que vous aimiez le gout du bái jiŭ et que vous soyez capable d'en prendre une certaine quantité. Mais si vous commencez, vous devrez pouvoir continuer. Quand on n'a pas l'habitude, on peut tomber d'un coup après le quatrième ou cinquième. Mieux vaut donc vous modérer.
Tomber ivre mort n'est pas dégradant pour les Chinois. Les Mongols, par exemple, se souviendront toute leur vie de l'honneur qu'un invité leur a fait de s'enivrer en leur compagnie.
Par ailleurs, si les Chinois commencent à s'habituer au vin, surtout rouge, sec, le vin qui est servi d'avance est réservé aux toasts. On ne boit pas pour accompagner les aliments. Le vin ne sert pas à étancher la soif, mais à socialiser.
Les serveurs vous demanderont ce que vous désirez boire en mangeant. Si vous dites que vous continuerez avec le vin, ils s'adresseront alors à l'hôte, croyant que vous n'avez pas compris leur question. La bière, par contre, accompagne les mets. Elle est souvent servie dans une coupe inappropriée.
Peut-être serez-vous porté à prendre votre verre pendant que vous mangez. Immédiatement, tous les convives prendront le leur, croyant que vous désirez porter un toast. Saisissez alors l'occasion pour tourner votre erreur en un geste altruiste !
Il serait fort apprécié qu'à la fin du banquet, vous fassiez un petit effort afin de porter un véritable toast de remerciement – en chinois – pour le banquet qu'on vient de vous offrir.
Gān bēi ! |