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TABLE : La forme circulaire facilite la communication |
Le ciel est rond, la terre est carrée, disaient les Chinois anciens. La lune de mi-automne est la plus brillante et la plus « ronde » de l'année, disent-ils aujourd'hui. Les fruits et gâteaux « ronds » que l'on partage lors de cette fête symbolisent la famille réunie.
En effet, ce n'est pas pour rien que la table est ronde. Ainsi, tous les convives se trouvent à égale distance du centre, et chacun peut voir tous les autres. Car un repas est avant tout une « réunion » où domine la joie d'être ensemble. C'est dans cette idée de partage que les hôtes vont prendre un soin soutenu de leurs invités. Ils auront beau sembler occupés à converser, mais ils garderont les yeux constamment sur les invités.
Si le restaurant a été prévenu qu'il y aura des non-Chinois à diner, des ustensiles occidentaux pourront avoir été disposés d'avance sur la table. Sinon, un signe aux serveurs, et l'on vous en apportera. Si vous avez l'habitude des baguettes, veuillez à ce qu'on ne vous les retire pas en échange d'une fourchette et d'un couteau. Vous pouvez renvoyer simplement les couverts, ou remercier, les laisser sur la table et utiliser vos baguettes.
Une table ronde permet aussi de servir ses voisins plus facilement. On offre toujours les meilleurs morceaux aux invités. Si vous servez à votre tour, attention : on ne doit jamais soulever un plat ni le faire circuler. Les plats étant au centre de la table, chacun peut y accéder. Si la table est grande, une Lazy-Susan permettra cet accès.
Par contre, on peut prendre son bol de soupe et même y boire. Ne dit-on pas en chinois « boire de la soupe » au lieu de « manger de la soupe » ? De même, il est d'usage de porter son bol de riz à hauteur de la poitrine, prêt à recevoir les grains qui pourraient se détacher. Ce qu'il faut éviter, c'est de se pencher au-dessus de la table pour manger. La nourriture vient à la bouche et non la bouche à la nourriture.
Il se peut qu'on vous serve un aliment que vous n'aimez pas. Ne dites pas « Je n'en veux pas » ou « Je n'aime pas ça ». Vous n'avez qu'à laisser le morceau sur votre assiette sans y toucher. Mais si l'on vous pose la question, ou si vous êtes assez rapide pour éviter un second service, vous direz : Wo bu tai xiguan…, ce qui veut dire « Je n'ai pas tellement l'habitude ». Attention : le verbe xīguàn (avoir l'habitude) ressemble au verbe xĭhuān (aimer). Faites donc bien ressortir les tons 1 et 4.
Il y aura probablement un poisson au menu. Si le poisson est servi entier, lorsqu'on l'apportera, on le placera la tête dans votre direction (ou dirigée vers l'invité d'honneur). Cela indique que ce convive doit entamer le poisson, sans quoi personne d'autre n'en prendra.
On va donc consommer la partie supérieure du poisson, jusqu'à l'arête principale restée entière, puis deux personnes armées chacune d'une paire de baguettes le retourneront, pour qu'on puisse consommer la seconde moitié.
Comme on dit chez nous « On ne parle pas de corde dans la maison d'un pendu », les Chinois originaires des régions côtières – le Shandong en particulier – évitent de retourner le poisson, car il y a probablement un pêcheur à table ou du moins dans la famille des convives, et retourner le poisson rappelle une barque renversée par la mer.
Le symbolisme est partout en Chine, vous le découvrirez jour après jour. Un poisson est un signe de bon augure, et on le voit parmi les décorations du Nouvel An, par exemple. C'est que le mot chinois yu, pour poisson, est homophone d'un autre yu qui signifie « surabondance ». La prospérité est donc souhaitée par ce symbole. |