BAGUETTES : faire et ne pas faire

Vous a-t-on déjà dit de ne jamais tenir vos baguettes en l'air ? C'est un geste fort disgracieux à table. Les Chinois le savent. Ce qui étonne cependant, c'est que lorsqu'ils mangent avec une fourchette et un couteau, ils tiennent souvent leurs ustensiles à la verticale pendant qu'ils parlent, et même s'en servent pour pointer des objets ou battre la mesure de la conversation.

Une autre chose qu'on ne doit jamais faire avec les baguettes, c'est de les placer croisées sur la table, ou de les planter verticalement dans son bol de riz. Pourquoi ? Parce que c'est la façon de faire quand on dépose de la nourriture auprès du lit d'un défunt.

Il faut également éviter de lécher ses baguettes. En fait, elles ne devraient même pas entrer dans la bouche, mais seulement porter la nourriture aux lèvres. Si tout le monde mangeait ainsi, on n'aurait aucune crainte de manquer d'hygiène à table alors que tous se servent à partir d'un même plat central.

On se sert des baguettes pour prendre un morceau entre elles et seulement avec la pointe ; on ne doit jamais s'en servir comme d'une fourchette pour piquer un morceau de viande ou de légume ou comme d'une cuiller pour « ramasser » quelque chose.

Quand on ne les utilise pas, on ne les garde pas dans sa main mais les dépose parallèlement sur le support à baguettes, s'il y en a un, ou sur le bord de son propre bol ou assiette.

La cuiller est faite pour se servir de mets liquides ou en sauce, de maïs en grains, etc. On peut s'en servir pour consommer sa soupe, mais rappelons-nous que la soupe « se boit » en Chine, directement du petit bol. Il arrive qu'une soupière soit apportée sur la table sans bols individuels. Alors, tous les convives plongent leur cuiller dans la soupière. Mais depuis l'avènement du SRAS en 2003, cette habitude est en train de disparaitre*. La plupart du temps, s'il y a un étranger à table, l'hôte ou son assistant demandera des bols pour chacun si l'on n'en a pas apportés. Aussi voit-on de plus en plus une paire de baguettes de service accompagner chaque mets.

Pendant le repas, il est possible que votre voisin de table vous accapare. Pendant qu'on vous parle, vous ne devez pas manger. Parfois, vos voisins des deux côtés ne cessent de vous poser des questions parce qu'ils vous considèrent un invité important et qu'ils apprécient leur chance de vous côtoyer.

Or, nous avons déjà dit qu'un banquet commence officiellement quand l'hôte donne le signal, et porte le toast d'ouverture. Mais un banquet a aussi une clôture officielle. Lorsque l'hôte se lève pour porter le dernier toast, il serait très mal vu de continuer à manger, même si l'on n'a presque rien pris d'autre que… des paroles. Comme il avait souhaité la bienvenue au début, il remerciera les invités d'avoir « enluminé l'atmosphère » de leur chaleureuse et précieuse présence. Vous pouvez à ce moment-là porter un toast vous aussi. On videra son verre pour la dernière fois, après quoi il est obligatoire de se lever et de quitter.

Si vous êtes invité à diner chez des amis chinois, rappelez-vous que vous êtes invités à diner et non à passer la soirée. Le repas terminé, il est d'usage de remercier et de prendre congé. C'est à l'hôte de vous retenir selon son désir et sa disponibilité : « Mais vous n'allez pas partir si tôt ? Restez encore un peu, je vous prie ! » Dans ce cas, vous pouvez accepter. Une demi-heure plus tard, une heure tout au plus, vous referez votre numéro de départ. Alors vous serez bien vu, et l'on ne manquera pas de vous inviter de nouveau, grâce à votre savoir-vivre.

* L'orthographe rectifiée (1990) s'applique dans ce texte.