
DABAO : Pas de honte à éviter le gaspillage
L'économie est une des vertus proverbiales des Chinois. Éviter le gaspillage de nourriture au restaurant en rapportant le surplus est un moyen appréciable d'économiser.
Nous avons parlé de se lever de table pendant le repas. Il se pourrait que vous soyez obligé de quitter le restaurant avant la fin du banquet à cause d'une autre obligation. La formule appropriée dans ce cas est Màn màn chī, qui veut dire « Continuez à manger » sans tenir compte de mon départ. Mais si vous êtes l'invité d'honneur, il est hors de question que vous faussiez compagnie avant la fin.
Votre hôte, à côté duquel vous êtes probablement assis en tant qu'invité d'honneur, vous aura peut-être choqué par des remarques comme « Ce poisson est le plus cher sur le menu ». De telles paroles, qui semblent qu'on veut montrer sa richesse, peuvent vous sembler déplacées, et vous auriez préféré entendre : « Ce poisson est le meilleur plat au menu de ce restaurant. » En fait, la signification est identique pour les Chinois, et leur intention en parlant de prix consiste à vous montrer combien vous leur êtes cher et combien ils vous respectent. Vous devriez donc répondre quelque chose comme « Je vous remercie, je ne mérite vraiment pas autant. »
Le repas tire à sa fin. Parfois de nouveaux plats viennent à peine d'être déposés sur la table, mais les convives sont déjà rassasiés, quel gaspillage ! Pas vraiment. En fait, il était du devoir de l'hôte de vous en offrir plus que nécessaire afin que vous ne manquiez de rien ; mais le surplus sera rapporté à la maison, ou livré chez des amis s'il s'agit d'un mets non entamé.
Si vous êtes entre amis, celui qui paie la facture dira aux serveurs : Dăbāo! (emballer). Cependant, on n'oserait le faire en votre présence, car les Chinois croient que les Occidentaux trouvent cette habitude mesquine.
C'est pourquoi il serait bien de signaler combien vous appréciez l'esprit d'économie légendaire des Chinois, et combien vous aimeriez que vos compatriotes en fassent autant. Cela les mettra à l'aise. Toutefois, on attendra que vous ayez quitté la salle pour procéder à l'opération dăbāo. Rappelez-vous que votre hôte, qui vous reconduira jusqu'à la sortie, a sur place un adjoint qui règle la facture et s'occupe du surplus.
J'ai vu des non-Chinois offrir de prendre en charge le pourboire afin de marquer leur satisfaction et leur gratitude. Dans les années 1980, on disait strictement aux étrangers de ne pas donner de pourboire. Les serveurs et serveuses auraient rougi jusqu'à la racine des cheveux et auraient fait venir le gérant à la table afin qu'il explique aux clients que les employés n'avaient fait que leur devoir, et que si vous étiez satisfaits, c'était un honneur pour eux.
Dans la vie courante, un Chinois qui rend un service à quelqu'un se crée un ami. À un moment ou l'autre, il saura vous demander de l'aide, soit pour ramener son enfant de l'école avec le vôtre, soit pour intervenir auprès de votre ambassade afin d'activer le traitement de son visa, bien que cela dépasse vos capacités. Payer un Chinois pour une faveur obtenue, c'est l'offenser, car vous annulez ainsi votre dette envers lui.
Si pour une raison ou une autre, vous devez refuser de rendre service à votre tour, ne dites jamais « Je ne peux pas », mais « Ceci est très difficile ; cependant, pour un ami comme vous, je ferai tout mon possible pour trouver la personne qui pourra vous être utile. » Et faites-le vraiment !
Pour remercier le personnel qui se tiendra aligné à votre sortie de la salle de banquet, vous pouvez dire Xīnkŭle!, qui signifie « Vous avez beaucoup travaillé », « Vous avez fait beaucoup d'efforts ». De la même façon remercierez-vous la maitresse de maison qui vous reçoit à diner.
Êtes-vous redevable à quelqu'un ? Vous pourrez offrir une enveloppe rouge (hóng bāo) contenant de l'argent à ses enfants à l'occasion de la fête du Printemps, le Nouvel An chinois. |