Les contradictions complexes dans les pays africains tendent à éclater lors des élections présidentielles. Les crises en Libye et en Côte d'Ivoire montrent une nouvelle tendance dans le règlement des différends - en prenant les armes avec le soutien des pays occidentaux. C'est l'opinion de Zhang Zhongxiang, directeur adjoint du Centre de recherche sur l'Asie occidentale et l'Afrique de l'Institut sur les questions internationales de Shanghai.
Premièrement, il y a près de 20 ans que les pays occidentaux encouragent le multipartisme et la démocratisation en Afrique. D'un côté, les pays africains ont progressivement réalisé des changements de régime par des élections démocratiques. Certains pays africains ont tenu quatre ou cinq élections présidentielles. L'Union africaine (UA) s'oppose aussi clairement à l'utilisation de moyens illégaux pour changer de régime. De l'autre, il existe des conflits nationaux, religieux et tribaux complexes dans certains pays africains, et ils ont tendance à éclater lors des élections présidentielles.
La crise en Côte d'Ivoire démontre également les méandres du processus de démocratisation en Afrique. L'ancien Président Laurent Gbagbo est le chef du parti du Front populaire ivoirien, qui est principalement soutenu par la population des Krou de l'ouest et du centre du pays, tandis que le président élu Alassane Ouattara est le chef du Rassemblement des républicains, dont les soutiens sont situés principalement dans le nord de la Côte d'Ivoire et la région musulmane. Le pays est enlisé dans une guerre civile et un conflit nord-sud depuis 2002, ce qui complexifie encore la situation. Par conséquent, en apparence, la crise semble être le résultat de la lutte de pouvoir entre Gbagbo et Ouattara, mais en fait, il résulte de la confrontation et du manque de confiance mutuelle à long terme entre les deux groupes politiques, qui se disputent également les ressources nationales.
Deuxièmement, l'intervention des puissances traditionnelles mondiales augmente en Afrique. L'UA a fait preuve d'une certaine retenue pendant la crise politique en Côte d'Ivoire. Le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, et plusieurs membres de la commission de médiation de l'UA pour la Côte d'Ivoire se sont rendus à plusieurs reprises dans ce pays, dans l'espoir de résoudre le problème par des négociations pacifiques. Mais certaines puissances mondiales montrent une attitude partiale face à cette crise.
Après des frappes aériennes contre la Libye lancées par de nombreux pays occidentaux, ces derniers ont exhorté le Conseil de sécurité des Nations unies à adopter le 30 mars la résolution No.1975, et déclenché une intervention militaire en Côte d'Ivoire comme ils l'ont fait en Libye. Depuis le 4 avril, sous prétexte de protéger les civils, les forces armées d'Ouattara ont, avec le soutien des forces françaises et des casques bleus de l'ONU, lancé une attaque sur les dernières places fortes militaires du camp de Gbagbo à Abidjan, notamment la résidence officielle du président Gbagbo, forçant ce dernier à se rendre le 11 avril.
L'augmentation des interventions des puissances occidentales en Afrique signifie qu'elles considèrent encore l'Afrique comme faisant partie de leur propre sphère d'influence. La protection des civils est une excuse, et le vrai but est de maintenir et même d'étendre leurs intérêts en Afrique. Ainsi, elles recourent sans scrupule à la force. Devant rester neutre les casques bleus se sont pourtant impliqués cette fois dans le conflit militaire entre les différentes parties en Côte d'Ivoire, violant des principes de maintien de la paix. Le fait que l'ONU ait approuvé l'intervention pose de nouveaux problèmes pour le développement politique et économique du tiers monde.
Troisièmement, les gens ordinaires sont les grandes victimes de la crise politique. Après l'indépendance de la Côte d'Ivoire en 1960, l'économie a connu une croissance rapide et le pays est devenu une étoile montante de l'Afrique en termes de développement économique. Toutefois, depuis le coup d'État de 1999, suivi par la guerre civile en 2002, l'économie s'est effondrée. L'élection présidentielle de 2010 devrait être une bonne occasion de mettre fin à la division nationale et à la confrontation nord-sud, et être la première étape permettant au pays de retourner sur la bonne voie, afin de réaliser la réunification nationale et la revitalisation économique. Mais malheureusement la crise politique et des conflits armés ont éclaté. Selon les statistiques de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, depuis le début de la crise politique provoquée par l'élection présidentielle en décembre dernière, près de 1 500 personnes ont trouvé la mort et plus d'un million de personnes sont sans-abri.
L'arrestation de Laurent Gbagbo a mis fin à une situation chaotique où deux dirigeants se partageaient un pays. Cependant, l'intervention militaire extérieure a inévitablement entraîné un traumatisme dans l'esprit des Ivoiriens, en particulier ceux du camp de Gbagbo. Par conséquent, il est reste à Ouattara la tâche difficile de réaliser la réconciliation nationale, et de sortir les Ivoiriens d'une guerre civile qui n'a que trop duré.
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