Récemment, de plus en plus de voix s'élèvent en Occident pour demander une « coopération trilatérale », entre l'Ouest, la Chine et l'Afrique. Le régime traditionnel d'aide est remis en question par les pays en développement, qui manifestent une forte volonté de transformer « l'efficacité de l'aide » en « efficacité de développement ». Qu'est-ce qu'impliquerait une coopération trilatérale ? Comment la Chine devrait-elle réagir dans un tel scénario ? Li Anshan, du Centre des études africaines de l'Université de Pékin partage son opinion sur ce sujet :
Dans le cadre de l'atelier intitulé « Engagement naissant de la Chine dans le domaine de l'aide humanitaire internationale », coorganisé par le CSIS-CIIS (Centre pour les études stratégiques internationales et Institut des études internationales de Chine), j'avais été chargé de faire une présentation sur le sujet « Comment les États-Unis et la Chine devraient-ils lancer un projet pilote en Afrique ? » Il faut bien sûr partir du principe qu'une coopération États-Unis-Chine est possible dans le cadre de l'assistance apportée à l'Afrique.
Cependant, faire de cette possibilité une réalité demande beaucoup de travail. La raison en est simple.
Comment deux parties pourraient-elles discuter d'un problème concernant une troisième partie sans que celle-ci en soit avertie ou y participe ? Comment coopérer sans s'entendre sur la façon dont chacun voit le problème qui nous occupe ?
Ces concepts et principes sont la base de la coopération entre la Chine et l'Afrique.
Premièrement, comment doit-on voir l'Afrique ? Positivement ou négativement ? Si nous adoptons une perspective historique, nous nous rendons compte que l'Afrique n'est pas un continent arriéré. Il a, au contraire, accompli d'immenses progrès depuis l'indépendance en ce qui concerne l'intégration, les droits de l'homme et l'édification des nations.
Deuxièmement, la relation entre la Chine et l'Afrique est égale. La Chine n'a jamais utilisé le concept de « donneur-receveur » pour décrire les relations Chine-Afrique, mais plutôt celui de « partenaires ». Selon la Chine, l'assistance n'est pas unilatérale, mais mutuelle.
Troisièmement, la Chine considère l'Afrique comme un continent prometteur. Cela est notamment souligné par le fait que son PIB de l'Afrique a enregistré une croissance moyenne de 4,9 % entre 2000 et 2008, devenant la troisième région la plus dynamique du monde.
Bénéficiant d'avantages variés comme ses ressources humaines, naturelles et son patrimoine culturel, pourquoi l'Afrique devrait-elle se considérer pauvre et désespérée ?
Les principes guidant les relations Chine-Afrique reposent sur l'égalité et le respect mutuel, la bilatéralité et le développement commun, l'absence de conditions politiques et d'intervention dans les affaires internes et l'importance de la capacité d'autonomie.
Dès lors, comment doit-on envisager cette coopération trilatérale ?
La croissance économique rapide de la Chine a permis de renforcer la coopération entre l'Afrique et la Chine. À plusieurs occasions, les dirigeants chinois ont promis d'accroître la coopération médicale avec les pays en développement, notamment les pays africains. Les États-Unis ont une longue tradition d'aide à l'Afrique et accélèrent aujourd'hui leur engagement sur le continent, notamment en termes d'aide médicale. Il existe donc une possibilité de coopération.
Voici mes suggestions :
Tout d'abord, s'accorder sur la signification du terme « coopération », côté chinois et « aide » côté américain. Comme évoqué précédemment, la Chine dispose de sa propre philosophie de coopération, tout comme les États-Unis. Pour la Chine, la coopération est sans contrepartie, alors que les États-Unis ont précisé quelque 17 conditions dans leur projet d'aide Millennium Challenge Cooperation. Sommes-nous capables, dans un premier temps, de résoudre la question des différences de philosophies ?
Deuxièmement, il faut choisir les projets les plus appropriés. Un nombre infini de projets en cours attendent en Afrique, certains prospères, d'autres non. Certains bénéficient aux Africains ordinaires, d'autres moins.
Troisièmement, choisir un pays africain comme partenaire. Ce pays africain partenaire doit entretenir de bonnes relations tant avec la Chine que les États-Unis.
Selon moi, la meilleure façon de procéder est de combiner les efforts du gouvernement et la participation de la société civile. |