Alors que les bombardements des forces de l'OTAN continuent en Libye et qu'aucune solution à la crise n'est en vue, Zhang Zhongxiang, vice-directeur du Centre d'études sur l'Asie de l'Ouest et l'Afrique rattaché à l'Institut des recherches internationales de Shanghai, affirme qu'il faut laisser les pays africains résoudre leurs propres conflits. Selon M. Zhang, l'intervention occidentale en Libye ne fait qu'aggraver la situation. Voici des extraits de ses propos :
Cinq mois après que la France a lâché la première bombe en Libye, l'Union africaine (UA), qui avait insisté dès le début de la crise pour l'adoption d'une solution politique pacifique, a réitéré son appel dans ce sens lors de son 17ème sommet, qui s'est tenu du 30 juin au 1er juillet à Malabo, en Guinée équatoriale. À cette occasion, une feuille de route a été mise en place pour mettre fin aux hostilités entre les troupes du colonel Mouammar Kadhafi et du Conseil national de transition (CNT) formé par les opposants. Elle prévoit l'ouverture d'un dialogue de 30 jours à l'échelle nationale sur le cessez-le-feu, la mise en œuvre d'une assistance humanitaire, la réconciliation nationale et la réforme démocratique. De plus, l'UA a appelé la communauté internationale à superviser le cessez-le-feu et à lever les sanctions contre la Libye.
Dès le début de la crise libyenne, l'UA n'a cessé de faire des efforts pour résoudre pacifiquement le conflit en créant un comité ministériel spécial sur la Libye composé de la Mauritanie, de l'Afrique du Sud, du Mali, de la République du Congo et de l'Ouganda. Celui-ci a proposé le 25 mars une feuille de route appelant à mettre fin aux actions militaires.
Pour tout pays et continent, la paix et la stabilité constituent les prémisses du développement et l'Afrique ne fait pas exception. De 2003 à 2008, le continent noir a connu une croissance économique annuelle de plus de 5 %. Ce chiffre a chuté à 1,6 % en 2009 à cause de la crise financière mondiale avant de remonter rapidement. Selon les prévisions de la Banque mondiale, le taux de croissance économique du continent atteindra 5,1 % en 2011.
Cette croissance économique rapide est permise dans une large mesure par la situation relativement pacifique et stable du continent. Pour maintenir la paix et la sécurité en Afrique, l'UA a pris beaucoup de mesures, telles que la suspension du statut de membre des pays dont les dirigeants n'ont pas été élus par le peuple d'une façon légitime et l'envoi de troupes de maintien de la paix dans certaines régions en conflit. Par ailleurs, elle a déclaré 2010 année de paix et de sécurité en Afrique. C'est dans ce contexte de recherche de la paix que le conflit libyen s'est déclaré.
En général, les conflits survenant dans les pays africains sont liés à l'histoire de la colonisation par les pays occidentaux ou à l'intervention de ces derniers, comme dans le cas de la Libye. Sous couvert juridique de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU, les pays occidentaux ont lancé une attaque militaire sur ce pays d'Afrique du Nord, réaffirmant ainsi leur volonté de ne pas perdre leur leadership face à l'émergence des autres pays du monde. Les opérations militaires menées pour soi-disant protéger les droits de l'homme n'ont eu pour résultat que de créer une crise humanitaire. Au 13 juillet, les bombardements aériens de l'OTAN avaient déjà tué plus de 1 100 civils et blessé plus de 4 500 personnes.
États indépendants, les pays africains ne sont plus les arrière-cours de certaines puissances mondiales. L'intervention étrangère ne peut qu'aggraver les choses. Laissons le peuple africain résoudre ses propres problèmes. L'UA, organisation internationale continentale, devrait jouer un rôle actif dans les affaires locales.
La crise libyenne n'aura que trois résultats possibles. Soit l'impasse dans laquelle on est actuellement se poursuit, soit le gouvernement libyen et les opposants négocient et résolvent pacifiquement la crise ou soit les opposants prennent le pouvoir. Même dans ce dernier cas, le nouveau gouvernement devra veiller à sauvegarder sa souveraineté nationale et proscrire toute intervention étrangère. |