Suite à l'accident d'un train à grande vitesse survenu à Wenzhou le 23 juillet 2011, le public chinois n'a pas manqué de remettre en question la sécurité du réseau ferroviaire rapide du pays ainsi que le mode d'expansion fulgurant adopté dans ce domaine par le gouvernement chinois. Selon Chen Bin, journaliste à l'hebdomadaire Nanfang Zhoumo, cette stratégie a conduit la Chine à payer un lourd tribut et le gouvernement doit procéder à un réajustement de sa politique de développement du réseau ferroviaire afin d'éviter d'autres accidents. Voici son opinion en détail:
Moins de huit heures après la collision survenue entre deux trains, le ministère des Chemins de Fer a annoncé qu'il n'y avait plus de survivants et a décidé de mettre un terme aux opérations de sauvetage afin de rétablir au plus vite le trafic ferroviaire. Pourtant, alors qu'avaient été lancés les travaux de dégagement des épaves, une petite fille de deux ans a été retrouvée vivante parmi les décombres. S'il est certes important de permettre un redémarrage du trafic, cela ne se mesure pas à la valeur d'une vie humaine. Les dirigeants du ministère des Chemins de Fer devraient méditer sur ce fait.
Ces dernières années, la Chine a connu un décollage économique très rapide, notamment permis par le transfert des techniques de pointe et de l'expérience des pays occidentaux. Nombre d'entreprises étrangères coopèrent étroitement avec la Chine, telles que Bombardier pour le Canada, Alstom pour la France et Siemens pour l'Allemagne. Néanmoins, l'apprentissage de ces techniques avancées néglige trop souvent la prise en considération des risques potentiels. Pour la conception du CRH, la Chine a combiné les techniques empruntées à différentes entreprises. Le travail d'intégration fut donc un important défi à relever. En outre, la gestion et la formation du personnel technique ne sont pas à la hauteur de la complexité des technologies importées. Dans ce contexte, les avantages permis par l'usage des techniques de pointe disparaissent et celles-ci peuvent même représenter un grave danger.
En Chine, de nombreux secteurs souffrent de ces maux et celui des infrastructures n'est pas épargné. Aujourd'hui, dans les grandes métropoles chinoises, de splendides gratte-ciel se dressent dans le paysage urbain. Même ceux de New York ou de Londres ne peuvent rivaliser. Pourtant, il y a quelques semaines, une simple tempête a démontré la vulnérabilité des systèmes d'égouts de Beijing, dont la mauvaise conception a provoqué l'inondation de nombreux axes de la ville et la paralysie de la circulation.
Depuis la fin du 19ème siècle, la Chine a lancé par deux fois un modèle de développement inadapté et prématuré. La première intervint à la fin de la dynastie des Qing, lorsque les autorités inaugurèrent le Mouvement d'occidentalisation qui se termina par l'échec terrible de la marine chinoise contre les Japonais. La deuxième fut lancée pendant les années 1950, lorsque le gouvernement chinois décida de développer rapidement l'industrie et l'agriculture sans prendre en considération la réalité de l'époque. Cela engendra une situation très difficile pour l'économie nationale et le peuple chinois. Le problème majeur de notre développement rapide réside dans le fait que les techniques utilisées ne sont pas adaptées au niveau de développement du pays. La Chine importe des techniques de pointe, mais n'est pas à même de les utiliser correctement. Nous ne pourrons réaliser un nouveau bond économique qu'en mettant les compétences de l'homme au niveau des techniques que nous utilisons. |