Au milieu des incertitudes de l'économie mondiale, le ralentissement économique de la Chine cette année a alimenté les inquiétudes au sujet de la perte de vitesse du moteur de la croissance du pays. Certains vont même jusqu'à anticiper un atterrissage dur. Lu Zhongyuan, vice-président du Centre de recherches pour le développement du Conseil d'État, a rejeté ces inquiétudes lors d'une récente conférence à Beijing. Voici des morceaux choisis de son intervention:

Le ralentissement récent de la Chine est le résultat d'une modération à court terme de la surchauffe de l'économie réelle ; le taux de croissance est encore dans une fourchette normale. Le taux de croissance économique de la Chine devrait dépasser les 9 % cette année.

Un taux de croissance économique sain présente des fluctuations dans une marge raisonnable déterminée par le potentiel de croissance. La marge de fluctuation souhaitable de la croissance économique de la Chine devrait être comprise entre 8 et 12 %, compte tenu de la performance de l'économie nationale depuis que le pays a adopté la politique de réforme et d'ouverture dans les années 1970. 

L'économie chinoise connaît une série de macro-ajustements en matière de finance et de planification à long terme. Les ajustements sont destinés à refroidir la surchauffe de l'économie et à éviter des hauts et des bas. Un taux de croissance plus modeste permettra en réalité à la Chine de restructurer son économie et de réduire la consommation d'énergie et les émissions.

Dans la situation actuelle, le ralentissement de la croissance économique est cohérent avec les mesures de contrôle macro-économiques et propice à la maîtrise de la demande globale et de la hausse des prix. L'économie chinoise peut maintenir un taux de croissance approprié et raisonnable.

Le potentiel de croissance de l'économie chinoise est soutenu par un ensemble de facteurs positifs. Premièrement, une demande et une offre importantes tirent l'économie chinoise vers le haut. Il y a abondance de liquidité et l'avantage d'une énorme main-d'œuvre perdurera pendant plusieurs années. Du côté de la demande, l'industrialisation et l'urbanisation de la Chine ainsi que la consommation en expansion des ménages va continuer à propulser la croissance économique du pays pendant au moins dix ans. En raison de l'urbanisation, plusieurs centaines de millions de paysans deviendront des citadins à l'avenir. Leur consommation va certainement être un moteur important pour l'économie chinoise, ce qui ne sera pas le cas dans les pays développés ni même dans certains pays en développement.

Deuxièmement, le faible coût de l'innovation technologique va sûrement rendre les nouveaux produits plus compétitifs. Le coût de l'introduction de nouvelles technologies en Chine sera beaucoup plus faible après avoir été partagé entre plusieurs provinces dont la superficie et la population sont plus importantes que certains pays. Le faible coût va faire baisser le prix des nouveaux produits et augmenter leur pénétration sur le marché dans un court laps de temps.

Risques et défis

 Bien que les perspectives de croissance de l'économie chinoise sont optimistes, le pays reste confronté à de nombreux défis, graves pour certains, tels que l'incertitude concernant la reprise économique en Europe et aux États-Unis, l'augmentation des pressions inflationnistes, les risques financiers émergents pour les gouvernements locaux et le resserrement des politiques monétaires pour les petites et micro-entreprises.

Le plus grand défi provient des incertitudes et des instabilités de l'environnement économique extérieur. Les malheurs de la dette souveraine européenne et la molle croissance économique mondiale ajouteront de l'incertitude à la prise de décision politique à l'intérieur du pays.

Le resserrement monétaire est nécessaire mais pas suffisant pour lutter à la fois contre la hausse des coûts et l'inflation importée. Cela appelle la politique budgétaire et la réforme structurelle à jouer un rôle plus important.

Les politiques de contrôle macro-économiques devraient se poursuivre et rester stables, mais elles ont besoin d'être améliorées. L'accent doit être mis sur les réformes et les transformations à long terme.