Le 31 octobre, le sept milliardième humain est né. Ce nombre est une étape pour tous les pays du globe, en particulier la Chine, qui a la plus forte population du monde. La population chinoise a été accusée de nombreux problèmes, mais Li Tie, un éditorialiste du Southern Weekly, estime que cette tendance est en train de changer.
Voici les arguments qu'il avance :
La population mondiale a atteint les cinq milliards en 1987, puis six milliards en 1999, et maintenant, en 2011, sept milliards. En tant que pays ayant mis en place une politique de contrôle des naissances, le point de vue des Chinois et des médias chinois sur la question a changé. Les gens envisagent le concept de population d'une manière plus scientifique et rationnelle. C'est un changement par rapport à la manière dont les gens concevaient la population par le passé.
Un argument éculé voulait que la Chine ne parvenait pas à s'arracher de la pauvreté et de l'arriération à cause des problèmes dus à la surpopulation. Pour régler la situation, le taux de croissance démographique devait être mis sous contrôle. On pensait généralement qu'une population trop importante appauvrissait la disponibilité des ressources sociales.
Ce genre d'argument est facile à réfuter. En matière de densité de population, la Corée du Sud, le Japon, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Italie ont des problèmes plus graves que la Chine. Même en prenant en compte la densité de population dans les zones productives, la Corée du Sud, le Japon, la Suisse et Israël, malgré de fortes densités, se classent dans le haut du panier mondial en termes de statistiques par habitant. De plus, il y a autant de pays densément peuplés que faiblement peuplés à afficher un fort PIB par habitant.
Prix immobiliers élevés, chômage élevé, et conditions de circulation insupportables : autant de problèmes qu'on attribue généralement à la surpopulation. Cependant, cela repose sur la conception erronée que les êtres humains sont un fardeau, qu'ils consomment et ne produisent pas.
La vérité est que les gens produisent. Le manque de main-d'œuvre de ces dernières années est un exemple qui illustre le fait que les êtres humains sont une ressource précieuse et productive. Le développement économique et social repose sur cette ressource. D'après certains chercheurs, au cours des deux dernières décennies du 20ème siècle, un quart du PIB par habitant de la Chine peut être attribué aux dividendes démographiques.
Cela étant dire, reste que des millions de chômeurs sont confrontés à une sévère compétition pour trouver un emploi. Mais, parce qu'ils consomment également, plus d'opportunités de travail seront produites en fin de compte. Il faut noter qu'un chômage élevé trouve ses causes dans des problèmes de développement économique et social plutôt que dans des raisons démographiques. Le fait que de nombreux pays aient doublé leur population au cours des 40 dernières années, mais que leur taux de chômage soit resté le même, en est la preuve.
Il est trop tôt pour s'inquiéter de possibles pénuries de nourriture liées à la surpopulation, puisque les ressources ne sont pas des données figées. Prenez les céréales : leur prix (en tenant compte de l'inflation) a diminué de moitié entre 1950 et 1997, et pendant cette période elles ont connu la plus forte baisse comparée aux autres produits de nécessité. C'est pourquoi il n'y a pas encore de signe de crise alimentaire.
Traditionnellement, les Chinois considèrent qu'un grand nombre d'enfants mâles leur apportent autant de bienfaits. Nombreux sont ceux qui considèrent que les couples chinois ont un besoin désespéré d'enfants, et que la population va exploser si elle n'est pas contrôlée. Mais le contraire est tout aussi vrai, car à l'heure actuelle la Chine a l'un des taux de fécondité les plus faibles au monde.
D'après un rapport publié en 2009 par le Population Reference Bureau des États-Unis, le taux de fécondité de Taiwan a diminué plus qu'à Macao et Hong Kong. Pourtant, Hong Kong et Taiwan ont tous deux des politiques d'encouragement des naissances. L'un des endroits les plus densément peuplés de la planète, Hong Kong comptait 5,1 millions d'habitants en 1981, 6,18 millions en 1995 et 7,09 millions en 2011. Ce taux de croissance est très faible, mais Donald Tsang, le chef de l'exécutif de Hong Kong, a appelé à plusieurs reprises la population à avoir trois enfants. Il a également promis d'améliorer les chances d'éducation, pour encourager les jeunes gens à avoir des enfants. Tsang espère que cette initiative se traduira par une croissance de 40 %, et que la population de Hong Kong sera portée à 10 millions. Si une ville aussi peuplée que Hong Kong encourage les naissances, devons-nous nécessairement changer nos vieilles conceptions ?
Tous les exemples évoqués ci-dessus montrent que le bien-être public n'est pas nécessairement lié à la population. C'est ce qu'on peut conclure en analysant de manière équitable et raisonnable les systèmes sociaux. |