Des peurs sans
fondement
Le 28 janvier, un chantier de
construction de route mené par des Chinois dans l'État du
Sud-Kordofan au Soudan, a été attaqué par un groupe rebelle local.
Vingt-neuf ouvriers ont été enlevés au cours de l'attaque et
retenus jusqu'au 7 février, date à laquelle leurs ravisseurs les
ont relâchés. Ce genre d'événements se sont multipliés ces
dernières années en Afrique, encourageant la croyance selon
laquelle la sécurité des Chinois et des entreprises chinoises à
l'étranger se détériore. Qu Xing, chef de
l'Institut chinois des études internationales, n'est pas de cet
avis. Voici la substance de ses
réflexions :
Les attaques de Chinois
arrivent principalement dans des zones déjà victimes de troubles.
Ces dernières années, la Chine a commencé à jouer un rôle important
sur la scène internationale. Le nombre de Chinois se rendant à
l'étranger et d'entreprises chinoises engagées dans des projets de
coopération internationale augmente. Les attaques augmentent en
conséquence, mais si on les compare avec le nombre de Chinois
résidant à l'étranger, leur proportion est en réalité moins
importante que pendant les années précédant l'ouverture de la
Chine. Plus de 50 millions de Chinois voyagent à l'étranger tous
les ans. Le nombre d'incidents reste faible en
comparaison.
Pourquoi alors les ouvriers
chinois sont de plus en plus soumis au risque d'être attaqués à
l'étranger ? La plupart des projets impliquant des entreprises
chinoises sont menés dans des pays en développement. Néanmoins,
certains de ces pays ont des systèmes juridiques inachevés et des
niveaux de développement économiques relativement faibles. Dans les
lieux où la stratification sociale et l'instabilité politique sont
la règle, les Chinois peuvent être victimes des conflits et de la
violence préexistant.
C'est le cas du Soudan. Il est
encore difficile de dire si l'incident de janvier repose sur des
motivations politiques ou économiques, mais nous pouvons examiner
son contexte. Après la partition du Soudan l'an passé, les
problèmes économiques et sociaux se sont abattus sur les deux pays.
Soixante pour cent des ressources pétrolières de la région se
trouvent au sud, alors que les oléoducs et les installations sont
dans le nord. À cause de cette rupture dans la chaîne industrielle
et le faible développement des deux pays, les dissensions sociales
se sont superposées aux relations tendues entre le nord et le sud
pour déclencher des conflits latents.
Pendant des années, les
entreprises chinoises ont travaillé dans le domaine des
infrastructures et de l'énergie, où elles ont joué un rôle
important non seulement dans la reconstruction sociale et
l'économie nationale, mais également dans la vie quotidienne des
citoyens. Comme les pays occidentaux veulent voir un changement de
régime au Soudan, ils se sont surtout empressés d'imposer des
sanctions. La Chine insiste sur la non-ingérence dans les affaires
intérieures des autres pays, une politique approuvée par les
Soudanais. Si l'attaque de janvier était de nature politique, Il
faut peut-être y voir le fait que les rebelles espèrent réaliser
leurs objectifs en enlevant des Chinois, ou pousser le gouvernement
chinois à changer son attitude sur certaines questions. Ce genre de
motivations sont monnaie courante quand il s'agit d'entraîner les
Chinois dans les conflits africains.
Mais l'enlèvement aurait pu
être simplement une question d'argent. De manière générale, il n'y
a pas de corrélation entre les incidents comme celui-ci et
l'affirmation que les entreprises chinoises sont confrontées à un
environnement plus dangereux à l'étranger. La probabilité d'une
attaque est plus élevée dans les zones de troubles, et les
entreprises chinoises devraient en tenir compte lors de la décision
d'investir. Quoiqu'il en soit, les Chinois ne sont pas plus en
danger que les investisseurs d'autres pays.
Le gouvernement chinois a mis
en place une opération interministérielle d'intervention d'urgence
pour protéger la vie des ressortissants chinois à l'étranger.
Chaque fois qu'un incident se produit, les ambassades de Chine
prendront contact avec les diplomates du pays hôte, les militaires
et la police. Ils ont également des fonds spéciaux pour la location
de véhicules et de soins médicaux d'urgence. Mais finalement, la
sécurité à l'étranger pour les ressortissants chinois dépend de la
sensibilisation. Il est important pour les entreprises d'outre-mer
de garder de bonnes relations avec les gouvernements locaux et des
citoyens en cas d'attaques. Ces relations contribueront à améliorer
la sécurité des ressortissants chinois à l'étranger.
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