L'union des BRICS fait la
force
Ce mois-ci, l'Afrique du Sud célèbre
son premier anniversaire en tant que membre du groupe BRICS des
pays émergents. Dans un article pour la Beijing Review,
Miller M Matola, directeur général de Brand South
Africa, une organisation chargée de faire la promotion du pays à
l'internationalisation, a expliqué l'importance de la coopération
des BRICS et quels sont les avantages et les contributions
possibles de l'Afrique du Sud à ce groupe.
Voici les extraits de ses
propos :
Nous devons reconnaître que nous vivons
dans un monde multipolaire où l'influence économique et politique
est de plus en plus redistribuée. Alors que la crise financière
européenne continue et que la reprise économique aux États-Unis
demeure fragile, le monde en recherche de croissance a les yeux
tournés vers les pays en développement, et en particulier vers les
marchés des BRICS. Le déclin relatif de la puissance politique et
économique traditionnelle de l'Occident coïncide avec le nouveau
rôle international des nations émergentes et modifie l'image que le
monde se fait de lui-même.
Le groupe BRICS est l'exemple le plus
probant et évoluant le plus rapidement à cet égard. En seulement
quatre ans, le programme de coopération et de discussion entre ces
pays s'est étoffé et concerne désormais des questions touchant à la
finance, à l'agriculture, à la science, aux échanges académiques,
aux liens commerciaux et aux questions environnementales, ainsi
qu'au terrorisme international et parfois également à des positions
politiques communes.
Naturellement, bien que les pays du
groupe BRICS ne soient pas d'accord sur toutes les questions, ils
peuvent néanmoins adopter des positions communes. Ce qui a commencé
comme une catégorie économique a évolué vers une tribune pour
l'action collective. Ainsi, l'Afrique du Sud a soutenu fermement la
réforme complète de la gouvernance mondiale, notamment celle du
système des Nations unies et des institutions de Bretton Woods
(Fonds monétaire international et Banque mondiale), pour rendre ces
organes plus efficaces, plus légitimes et plus réceptifs aux
besoins du monde en développement et de l'Afrique. Nos homologues
du groupe des BRICS vont dans le même sens.
Lors de la réunion du G20 au Mexique en
février, les ministres des finances du groupe BRICS ont déclaré que
les postes de direction des institutions financières mondiales
devraient être ouverts à des candidats venant de tous les pays.
Nous ne voyons aucune raison valable pour que le consensus qui a
émergé de la seconde guerre mondiale, et dans lequel la présidence
de la Banque mondiale est occupée par un Américain et celle du FMI
par un européen, ne soit pas remis en cause. On peut voir la
déclaration récente des États-Unis que, pour la première fois, la
présidence de la Banque mondiale soit confiée à un non-Américain,
comme la preuve que l'idée est en train de faire son
chemin.
L'Afrique du Sud est persuadée que le
groupe BRICS offre une occasion pour défendre les intérêts
stratégiques des pays en développement et de l'Afrique sur des
questions comme la réforme de la gouvernance mondiale, le travail
du G20, le commerce international, le développement, l'énergie et
le changement climatique.
Alors que l'équilibre de la prise de
décision au niveau mondial penche de moins en moins vers
l'Occident, le modèle des échanges et de l'investissement
s'élargit. Les pays de BRICS, tout en restant occasionnellement des
adversaires, s'offrent mutuellement d'excellentes opportunités. La
Russie est connue pour être un exportateur de matières premières.
Le Brésil également, mais il exporte aussi des voitures et des
avions. L'Inde exporte du textile et des services, alors que la
Chine est spécialisée dans les équipements électroniques, le
textile, les vêtements, et doit importer des quantités massives de
matières premières. L'Afrique du Sud, en tant que membre le plus
récent du groupe, est connue pour ses immenses réserves de
minéraux, mais bénéficie également d'une économie très diversifiée,
allant de l'exportation d'automobiles à des services financiers et
professionnels de pointe.
L'arrivée de l'Afrique du Sud dans le
groupe BRICS a ouvert la porte à des opportunités énormes en
matière de commerce et d'investissement entre les cinq pays. La
Chine est déjà le premier marché d'exportation pour l'Afrique du
Sud, qui est elle-même le premier partenaire commercial de la Chine
sur le continent africain. De même, le commerce entre l'Inde et
l'Afrique du Sud doit atteindre 15 milliards de dollars en 2015,
contre 11 milliards cette année.
En tant que membre des BRICS, l'Afrique
du Sud ne recherche pas uniquement son propre intérêt. Au mois de
juin dernier, 26 pays africains se sont mis d'accord pour créer une
zone de libre-échange couvrant l'Afrique australe, orientale et
centrale. Cette zone de libre-échange, supposée représenter
1 000 milliards de dollars, permettra de faire passer le
marché sud-africain de 50 à 600 millions de dollars, soit un niveau
proche de celui de ses partenaires BRICS en terme de taille et
d'accès au marché.
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