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He Wenping, directrice de recherche à l'Institut Chahar et directrice du département des études africaines de l'Académie chinoise des sciences sociales |
Les autorités ghanéennes ont récemment lancé une campagne de répression sur les mines d'or illégales, et arrêté plus de 100 ressortissants chinois qui ont été libérés après consultation entre les deux pays. La plupart des mines d'or exploitées par les Chinois ont ensuite été fermées. He Wenping, directrice de l'Institut des études africaines et asiatiques de l'Académie chinoise des Sciences sociales, appelle les Chinois à l'étranger à se familiariser avec les lois et règlements en vigueur des pays où ils envisagent de travailler. Le gouvernement ghanéen quant à lui ne devrait pas tolérer les répressions violentes de la police locale.
De plus en plus de Chinois partent travailler à l'étranger, et leurs succès ou leurs malheurs font souvent la une des médias. Dans le deuxième cas de figure, les internautes chinois blâment à priori le pays d'accueil et ses habitants. Les blogueurs et microblogueurs chinois semblent souvent réticents à critiquer leurs compatriotes, qu'ils considèrent généralement comme des victimes.
La faute est souvent partagée. Les arrestations fréquentes de mineurs chinois au Ghana peuvent être attribuées aux méthodes musclées de la police ghanéenne, mais les activités minières illégales et le manque de connaissances des fautifs sur la protection de l'environnement sont également en cause.
Le Ghana est riche en minerais et cette industrie est règlementée de façon très stricte. Selon la Loi 703 de 2006, établie par le gouvernement du Ghana, les étrangers ne peuvent ni acheter ni exploiter de petites parcelles de moins de 25 acres. En outre, certains mineurs chinois n'ont pas de permis de travail ou de résidence. Outre ces questions d'ordre juridique, les prospecteurs endommagent la flore et la faune en l'absence de mesures de protection environnementales, accroissant ainsi davantage les tensions avec la population locale.
Il est rapporté que certains Chinois se sont lancés dans une véritable ruée vers l'or des temps modernes au Ghana. Certains mineurs se sont rapidement enrichis et sont rentrés au pays, certains ont été arrêtés et renvoyés en Chine, alors que d'autres ont perdu la vie dans des conflits avec des bandits locaux ou des policiers et ont été enterrés au Ghana. En octobre dernier, un adolescent chinois de 16 ans a été tué au cours d'une action de répression des exploitations minières illégales par la police ghanéenne.
Pour éviter ce genre de tragédie, les citoyens chinois à l'étranger à la recherche d'un emploi doivent se familiariser avec les lois et règlements en vigueur dans le pays où ils envisagent de travailler, et éviter de se lancer dans un voyage potentiellement dangereux, aveuglés par les intérêts financiers. Le gouvernement chinois a également besoin de renforcer la communication avec les autres gouvernements pour prévenir les problèmes, offrir des solutions et éviter les tragédies.
Le gouvernement ghanéen a également besoin de prendre des mesures pour mettre fin à ces conflits. Tout d'abord, il convient de réglementer les petites exploitations de mines d'or, et de ne pas laisser les chefs locaux signer des contrats avec les mineurs chinois. Beaucoup de chercheurs d'or chinois, peu familiers avec les lois et règlements miniers locaux, sont trompés par des agences frauduleuses qui les attirent dans le secteur minier illégalement.
Deuxièmement, les ministères ghanéens en charge d'attirer les entreprises et les investissements étrangers, ainsi que les organismes chinois compétents, devraient fournir aux investisseurs chinois des informations détaillées sur les lois et règlements régissant le secteur minier au Ghana. Les lois et les règlements devraient également être publiés en chinois pour donner aux chercheurs d'or chinois les connaissances juridiques nécessaires à leur activité. |