Le président américain Barack Obama a terminé son premier long voyage en Afrique le 3 juillet. Il a visité trois pays africains : le Sénégal, l'Afrique du Sud et la Tanzanie. Il s'agissait de sa première visite en Afrique subsaharienne en tant que président, à l'exception du Ghana en 2009. Zhang Zhongxiang, directeur adjoint du Centre d'études africaines à l'Université Normale de Shanghai, estime que la visite d'Obama en Afrique visait à approfondir les relations entre l'Amérique et l'Afrique, et que la concurrence avec les économies émergentes en Afrique était l'une des raisons de la visite. Voici des extraits de ses réflexions :
Avec la reprise économique mondiale actuelle, l'Afrique cherche à retrouver une croissance vigoureuse, aidée par la coopération avec les économies émergentes, qui stimule le développement économique du continent. Selon les dernières données du FMI publiées en janvier, l'économie africaine subsaharienne a progressé de 4,8 % en 2012. Le FMI prévoit que la croissance en Afrique subsaharienne atteindra 5,8 % en 2013 et 5,7 % en 2014, soit plus que la moyenne mondiale. Il est généralement considéré que le 21ème siècle sera « le siècle de l'Afrique » et que l'Afrique pourrait être le prochain moteur de la croissance économique mondiale. C'est dans ce contexte qu'Obama a fait son voyage d'une semaine.
Obama a déçu beaucoup d'Africains en ne restant que quelques heures seulement en Afrique sub-saharienne au cours de son premier mandat, il a donc cherché à se rattraper lors de ce voyage, en affirmant l'importance de l'Afrique dans la stratégie globale des États-Unis. Au fil des ans, les États-Unis ont lancé une série d'initiatives visant à renforcer leur influence en Afrique. L'initiative la plus importante dévoilée pendant le voyage de l'administration Obama est « Africa Power ». Dans le cadre de cette initiative, Obama a promis 7 milliards de dollars d'aide pour combattre les fréquentes coupures d'électricité qui affligent l'Afrique sub-saharienne. Toutefois, l'Agence internationale de l'énergie estime que l'accès universel à l'électricité en Afrique sub-saharienne en 2030 nécessite 300 milliards de dollars. Les 7 milliards de dollars que Barack Obama a promis ne seront pas suffisants.
Le président Obama a également souligné que la démocratie et la bonne gouvernance seront les moteurs du développement économique en Afrique. Il a très ostensiblement évité de visiter le Kenya, le pays de son père, probablement car le président nouvellement élu Uhuru Kenyatta du Kenya fait l'objet de poursuites par la Cour pénale internationale.
Mais le véritable message du voyage d'Obama est que l'Amérique est en mouvement pour contrer l'influence croissante des économies émergentes sur le continent africain. Les analystes s'accordent à dire que lorsque l'Amérique s'enlisait en Irak et en Afghanistan, la Chine s'implantait dans les régions en croissance.
Même si Obama estime positive l'importance accordée à l'Afrique par la Chine, l'Inde, le Brésil, la Turquie et d'autres pays émergents, il a critiqué la présence de la Chine en Afrique, en disant que l'intérêt principal de celle-ci était d'obtenir un accès aux ressources naturelles de l'Afrique pour nourrir l'industrie chinoise et servir sa politique économique axée sur l'exportation. Cela montre que la principale raison de ce voyage était d'établir de nouveaux partenariats de coopération avec l'Afrique et de saper l'influence chinoise sur le continent. En outre, le président a annoncé qu'il serait l'hôte d'un sommet de tous les leaders africains à Washington l'année prochaine, montrant qu'il essaie d'imiter et de contrer la politique de la Chine en Afrique.
Obama cherche de nouveaux partenariats de coopération avec l'Afrique, mais sa politique ne diffère pas beaucoup de celle de son prédécesseur. Il faut aussi noter la réduction substantielle du montant de l'aide américaine pour le continent, ce qui est sans doute une conséquence de la crise financière américaine et de sa dette intérieure.
En outre, les États-Unis, contrairement à la Chine, ne traiterons vraisemblablement pas les Africains en égaux, ce qui rendra plus difficile l'obtention de nouveaux partenariats de coopération avec l'Afrique.
Pendant ce temps, l'Afrique se plaint de la présence militaire actuelle des États-Unis sur le continent. La présence de l'US Africa Command sur le continent au cours des dernières années et des drones américains basés à Djibouti, aux Seychelles et en Ethiopie inquiètent les pays africains. Au cours du voyage d'Obama en Afrique, des manifestants en colère ont brûlé le drapeau américain et le portrait de Barack Obama en Afrique du Sud. Malheureusement, ce voyage apportera probablement peu de changements et ne mettra pas fin à la déception que beaucoup d'Africains ressentent envers les États-Unis. |