Le Président égyptien Mohamed Morsi a été renversé et arrêté par l'armée en juillet, juste un an après être devenu le premier président démocratiquement élu du pays. L'Égypte est maintenant de nouveau à un carrefour, comme il y a un an. Li Shaoxian, vice-président de l'Institut chinois des relations internationales contemporaines, estime que l'armée égyptienne a fait un mauvais choix. Voici des extraits de son opinion à ce sujet:
Depuis le renversement du Président Morsi, l'Égypte est dans le chaos. Le pays est au bord de l'effondrement. L'armée égyptienne a pris une place centrale dans la politique égyptienne, et a juré de défendre le peuple. Mais remplacer le Président Morsi par le président de la Cour suprême constitutionnelle ne résoudra pas les problèmes. Morsi s'était efforcé de promouvoir une restructuration politique depuis sa prise de fonction l'an dernier.
Au cours de l'année dernière, les Égyptiens ont été profondément divisés sur les rapports entre la religion, la laïcité et l'État. La société s'est fragmentée et il est donc difficile de parvenir à un consensus sur toutes ces questions importantes. Il suffit de regarder ce qui a conduit à la situation actuelle de l'Égypte : le gouvernement de Morsi organisa un référendum constitutionnel en décembre dernier qui lui garantit plus de pouvoirs. Ce référendum, cependant, a provoqué davantage de ressentiment et d'opposition, qui ont finalement conduit à la destitution de Morsi.
Morsi n'était pas à la hauteur des attentes des Égyptiens qui ont voté pour lui. Il n'a pas lutté efficacement contre les difficultés économiques de l'Égypte, en relançant son secteur touristique ou en améliorant les moyens de subsistance de la population égyptienne.
Mais de nombreux analystes estiment que les dirigeants militaires égyptiens ont pris une mauvaise décision. En fait, l'armée aurait pu gérer les troubles en forçant Morsi à parvenir à un compromis avec l'opposition, en soulignant ainsi la suprématie de l'armée et en préservant sa dignité. Or, l'armée a pris le pouvoir directement et fait face à de nouvelles complications.
L'armée égyptienne doit maintenant affronter plusieurs défis. Tout d'abord, deux prétendants à la présidence de l'Égypte sont en lutte. Adli Mansour, le président de la Cour suprême, a été désigné comme président par intérim tandis que Mohamed Morsi réplique qu'il est le premier président démocratiquement élu d'Égypte.
Deuxièmement, ils doivent gérer les tensions politiques. Les Frères musulmans, la base de soutien de Morsi, protestent contre sa destitution. Ces protestations des Frères musulmans, qui visent à forcer la réintégration de Morsi, ne sont pas une surprise pour les militaires.
Troisièmement, le problème le plus grave est que la société égyptienne est actuellement profondément divisée. Le leader de l'opposition, Mohamed ElBaradei, a déclaré qu'une « réconciliation nationale » devrait avoir lieu afin que le pays puisse avancer. Mais il a rejeté tous les compromis offerts par les Frères musulmans qui permettraient de résoudre l'impasse actuelle. Il est également peu probable que les Frères musulmans acceptent tout accord proposé par M. ElBaradei.
Si l'impasse politique de l'Égypte se poursuit, l'armée égyptienne est susceptible de devenir la cible des manifestations et des attaques.
Les premières étincelles du Printemps arabe de 2011 ont eu lieu en Tunisie et ont enflammée toute l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Depuis, la Tunisie souffre d'une instabilité politique, la Libye a connu des conflits armés séparatistes, la Syrie s'enfonce dans une guerre civile sanglante et le chaos frappe l'Égypte. Il semble que le pays est maintenant revenu à la même situation qu'un an auparavant.
L'importance du Printemps arabe ne peut pas être niée. Les soulèvements du Printemps arabe visaient non seulement les disparités économiques et les injustices sociales, mais aussi une recherche d'identité et de dignité. |